Longtemps, je me suis questionnée sur le nommage de chapitre. A savoir que je ne l’ai jamais fait parce que je ne planifie pas assez mon écriture. Je n’ai pas toujours idée d’où je vais, ce que je vais raconter précisément. Et je n’excelle pas en titre. Je pourrais mettre un titre de chanson voire une citation pour faire genre que je suis cool ou cultivée. Mais je ne suis pas cool et je n’aime pas les citations. Et puis récemment, j’ai lu un roman dont le titre de chapitre spoilait méchamment son contenu, à savoir un événement important de l’histoire… Le titre de chapitre qui spoile, en voici un sujet d’article !
J’ai des infos en trop
Posée dans mon lit, un chat sur mes jambes, je suis absorbée dans la lecture de mon roman. Un personnage important va mal et je sens que la mort ne va pas tarder. A moins que ? Dans les fictions, les moribonds vont mieux, parfois. Je termine le chapitre 17 et tourne la page. Chapitre 18. De sobres funérailles. Ah, OK. Y a pas que la vieille dame qui meurt, là, le suspense a été assassiné, aussi. Oui, le chapitre 18 annonce sa mort très rapidement. Mais y a quand même une petite scène avant, des gens de sa famille qui reviennent de vacances, guillerets, en mode “ahah, quand on va raconter tout ça à Joséphine” mais elle est morte ! Sauf que… Je suis censée avoir le même niveau d’information que les personnages. L’info que j’ai eue de ces funérailles est extradiégétique.
Une lecture devenue soudain agaçante
Alors le spoil fut léger. J’ai eu une info environ cinq minutes de lecture avant les personnages. Je ne suis pas certaine que ce soit le fait de l’auteurice, d’ailleurs. Ca a peut-être été rajouté lors des connexions par une maison d’édition qui n’aime pas les chapitres tous nus, je ne sais pas. Je sais juste que ça m’a fait buguer et ça m’a agacée. Même si l’issue était certaine, même si la fin du chapitre 17 semble indiquer ce qu’il va se passer, il y a parfois des échappatoires. Que la personne, ici, qui n’a jamais eu affaire à une fiction où un personnage « devrait mourir mais ahah, miracle, en fait, non » me jette la première pierre. Mais ça reste une maladresse car ça m’a sortie du roman. Et tout ce qui me sort d’une fiction, c’est une faute. Une faute à analyser pour ne pas la reproduire.
Soigner le suspense
Le souci du chapitrage, art que je maîtrise extrêmement mal, c’est qu’il sert pour l’essentiel à ce qu’on ne lâche pas le roman. Et typiquement, moi, la mort d’un personnage, c’est une excellente façon de me tenir en haleine car je n’y crois jamais. Et des fois, j’ai raison de ne pas y croire. Comme la mort de Jon Snow dans le roman Game of Thrones puis dans la série. Dans le roman, c’était d’autant plus évident que Mélisandre traînait par là. Mais j’ai également douté de la mort de Ed Stark. Ouais, le mec décapité mais j’avais suivi la scène, dans le roman, à travers les yeux d’Arya. Or un gars de Winterfell lui tourne la tête au dernier moment pour pas qu’elle voie. Bon, deux ou trois chapitres plus loin, on voit la tête décapitée par les yeux de Sansa donc là, j’ai admis que le monsieur était mort. Pareil pour Yoon-Hee dans The Penthouse. Y a tellement eu de morts pas morts que même quand on me montre son corps, j’y croyais pas. Mais après, pardon mais est-ce ma faute si les auteurices de fiction adorent les morts pas morts ? Hein, bon.
Ecrire pour encourager à continuer la lecture
Donc le chapitrage, c’est une tablette de chocolat. Tu finis un carré et tu te dis que juste un de plus, ça va passer. Tu vas pas t’arrêter là alors que tu es en pleine exaltation. Quand j’étais célibataire, je pouvais me coucher extrêmement tard parce que j’arrivais pas à m’arrêter de lire. Parce que chaque chapitre se termine sur un suspense et que j’ai pas le chill d’attendre le lendemain pour avoir la suite. Donc là, si tu me donnes la réponse direct, non, j’arrête. Je me couche et tant pis. C’est comme si j’avais gobé mon carré de chocolat d’un seul bloc, parce que le livre m’aurait tapé dans le dos… Cette métaphore est encore allée trop loin.
Pourquoi tu dilvugâches ?
Et vraiment, sur ce cas précis, j’ai un souci de compréhension. La succession des événements me fait penser que l’écrivain voulait qu’on doute, qu’on poursuive notre lecture et là, gros croche-patte. Et je ne comprends pas ce titre de chapitre, vraiment. Surtout durant le dit chapitre, il y a plusieurs événements qui auraient pu faire un titre un peu mystérieux. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui a laissé passer ça ? Vraiment, ça m’intrigue. Surtout que l’événement concerne un personnage important, ça marque vraiment un basculement dans le récit. Pourquoi tu me voles ça ? A la fin, j’ai quand même tout lu, ça ne m’a pas dégoûtée. Mais ça m’a coupé dans mon élan, j’ai arrêté ma lecture pour noter sur mon téléphone d’écrire un article sur ce sujet.
La dissonance désagréable
Parce que c’est dissonant mais une dissonance désagréable. Vous savez, quand vous écoutez de la musique et qu’il y a une note qui ne va pas. Il est souvent difficile si c’est la volonté du compositeur ou un musicien qui a un peu rippé. Ca fait froncer les sourcils. Ca perturbe. Et tout ce qui me sort d’une diégèse me fait l’effet du couac, de la fausse note, du larsen. Ca me gâche autant le plaisir que tous les téléphones portables qui s’allument pendant Le Monde est Stone pour remplacer les briquets. Toute cette lumière tout à coup, ça a déconcentré tout le monde. Oui, ça m’a énervéeeeeeeeeee. Vraiment, l’immersion dans une oeuvre de fiction est un fil ténu, qui peut se casser très facilement. Une phrase maladroite qui te fait deviner qui est le tueur bien malgré toi. Un comportement totalement incohérent, des facilités d’écriture trop connues, des clichés… Alors se faire trébucher soi-même sur un titre de chapitre, vraiment…
Moralité : je ne nommerai pas mes chapitres. Ou je mettrai des titres de chanson random, voilà.