Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Game of thrones : une saga bavarde

Quand j’écris, je me pose parfois la question : est-ce que je suis pas en train de trop parler ? Est-ce que cette scène où mes personnages font la révolution en sirotant un café ou débattent des limites de leur activisme, est-ce que vraiment c’est nécessaire ? Oui, ok, c’est le coeur du sujet mais n’est-ce pas too much, là ? Ne serait-je pas victime du syndrome Game of thrones, cette saga bavarde ?

Game of Throne, une histoire de neige

Ce que les personnages parlent !

J’ai lu toute la saga, les 5 intégrales et j’attends la 6e de pied ferme, prête à la lire en anglais. Même si j’ai regardé la série et que j’ai été pas mal spoilée. Mais je dois avouer que la lecture était souvent looooooooongue. Presque pénible. Bon, déjà, la version française est agaçante, très ampoulée. Mais surtout, Game of thrones, c’est quoi ? Des gens qui boivent du vin et caressent des putes en parlant de la guerre juste là dehors, de leurs complots et de l’amour. Oui, oui, vous allez me dire que j’exagère, qu’il y a quelques scènes d’action quand même, il se passe des trucs. Oui… entre deux bavardages. Non mais la preuve : qui est le héros de la saga ? Bon ok, y en a plusieurs. Je vous parle de Tyrion. Le mec, il fait quoi ? Il parle. C’est tout. Oui, des fois, il baise mais sinon, il parle. On a aussi Arya qui passe son temps à réciter une infinie liste. Ou Daenerys qui a 35 noms qu’elle balance à chaque rencontre. Pia pia pia.

Tyrion Lannister

Les dialogues ne sont pas forcément inutiles

Seulement, faire parler les personnages, ça permet deux choses. Déjà balancer tranquillou mémère quelques petites idées et vues sur la société, nos petites opinions l’air de rien. Surtout quand tu écris un roman qui a pour base l’activisme. Mais aussi donner quelques infos supplémentaires sur ce qu’il se passe. Raconter de façon plus dynamique un point de récit, une connaissance qu’un personnage apporte à un autre. Les dialogues ne sont pas nécessairement inutiles mais ils donnent parfois le sentiment de remplissage. Surtout dans Game of thrones où les mecs sont tranquilles à picoler sous une tente pendant leur armée se fait étriller trois mètres plus loin. A peu près.

Game of thrones : boire du vin en parlant de guerre et de putes

Ca monte, ça monte… et voilà une scène de dialogue qui sert à rien

Et surtout les dialogues cassent parfois le rythme. Terriblement. Alors qu’on veut savoir ce qu’il va se passer, que l’action monte et va atteindre son paroxysme… Retrouvons Tyrion qui parle de baiser des prostituées en buvant du vin. Une scène qui ne servira à rien, jamais. Et c’est peut-être là la clé : pour jauger l’intérêt d’un dialogue, je crois qu’il faut voir si le récit pourrait progresser tout aussi bien sans lui. Est-ce que cette petite brique que tu viens de poser, elle va un jour être utile. Ou c’est juste parce que tu veux que ta maison soit plus colossale ?

Une écriture scénarisée à base de cliffhanger

Alors vous allez me demander pourquoi je continue à lire si je trouve ça chiant ? Parce que Georges R.R. Martin a été scénariste par le passé et ça se sent dans la construction de son récit. Il nous entraîne dans une relation quasi perverse. Je te donne ce que tu veux, je te le reprends, je te donne, je te reprends… Mais en semant suffisamment d’éléments intéressants pour que tu aies envie d’aller plus loin. On pourrait presque comparer ça à un soap opera où tu as un cliffhanger à chaque fin d’épisode et tu es obligé de revenir le lendemain pour connaître la suite. Si je compare à la saga de l’Epée de Vérité, par exemple, la fin est la fin. On a une histoire majeure par roman et assez peu de “revenez pour la suite, c’est pas fini”. Sauf entre le 4 et le 5, pour le coup. G.R.R Martin, c’est le mec qui t’assomme pendant les ¾ du roman pour réveiller ton intérêt à la fin et tu ne veux plus qu’une chose… Lire la suite. En anglais parce que la traduction française arrivera trop tard. Enfin, si l’intégrale 6 vient un jour…

Oui bah quitte à être à la bourre, autant en faire un mème

Mais j’en ai pas fini avec Game Of thrones car je trouve cette oeuvre extrêmement intéressante à étudier en tant que “écrivaine”. Même si ma saga à moi en est toujours à la page 2.

Nina

2 réflexions sur « Game of thrones : une saga bavarde »

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