Comme je disais la semaine dernière, je suis un peu en phase “Corée” actuellement. J’aime particulièrement leurs séries, complètement overloaded avec des personnages en permanence au bord de la rupture. Mais aujourd’hui, on va faire redescendre un peu le niveau des cris… Quoi que. On va parler cinéma avec un des films les plus connus de Corée du Sud puisqu’il a gagné quatre Oscar. Et la palme d’or, aussi. J’ai nommé Parasite ! Et là, on va mesurer que oui, la fracture sociale, ça reste un énorme sujet chez eux.
Une famille qui survit par la débrouille
On va suivre la famille Kim constituée de quatre membres : le père, la mère, le fils et la fille. Désargentés, ils vivent dans un appartement en intersol qui est assez glauque. Alors que la vie est bien difficile, le fils, Ki-woo, décroche un poste de prof d’anglais pour la fille d’une richissime famille, les Park. Alors que la mère de famille cherche un prof d’art pour son fils “HPI” (comprenez “relou”), Ki-Woo invente un mytho pour faire embaucher sa soeur, Ki-Jung. Cette soudaine rentrée d’argent donne des idées à la famille Kim qui va comploter pour faire embaucher chaque membre de la famille.
Une histoire de fracture sociale
On a ici une histoire somme toute classique de deux univers opposés qui se rencontrent. D’un côté les Kim qui ne survivent que grâce au système D et qui subissent régulièrement les jets de pisse des mecs bourrés sur leur fenêtre et de l’autre, la famille Park. Avec un père capitaine d’industrie assez absent et une mère qui projette beaucoup trop de choses sur ses enfants et qui s’ennuie à mourir. D’ailleurs, la première fois qu’on la découvre, elle est en train de dormir sur une table, n’ayant rien de mieux à faire. Evidemment, la famille Park vit dans une maison d’architecte fabuleuse et a du petit personnel à disposition. Chauffeur, gouvernante et profs particuliers pour les enfants.
De la comédie au drame
Le film nous propose également un mélange des genres assez typique des quelques oeuvres coréennes que j’ai pu voir. Sauf Dernier train pour Busan où on balance les zombies bien trop vite pour qu’on ait le temps de rigoler. Le film débute comme une comédie sociale avec la famille Kim qui multiplie les astuces pour prendre les places chez les Park. Point intéressant d’ailleurs. On voit le contraste entre la famille pauvre très ingénieuse et la famille riche qui s’invente des talents. Notamment sur le plan de l’art. Kim-Jung semble particulièrement douée en graphisme, bricolant un faux diplôme avec facilité pour son frère. Alors que chez les riches, Yeon-Gyo, la mère, s’extasie des gribouillages de son fils et y voit l’expression d’un génie. Alors que ce sont juste des gribouillis d’un enfant de huit ans. Quant au père capitaine d’industrie, on ne sait pas trop ce qu’il fait.
Une famille riche et naïve
La famille Kim appuie d’ailleurs sur le fait qu’ils se sentent presque coupables d’abuser à ce point de la naïveté des pauvres Park. Sauf que niveau mépris de classe, ceux-ci ne sont pas en reste. Outre le fait que leur personnel semble devoir être disponible nuit et jour pour leur moindre caprice, il est fait mention plusieurs fois de l’odeur des membres de la famille Kim. D’abord relevée par le fils insupportable puis par le mari qui explique à sa femme que son chauffeur sent “un peu comme le métro”. Ce à quoi elle répond “ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas pris…”. On découvrira dans la suite de l’histoire que le Kim ne sont pas les seuls à abuser de la naïveté des Park mais je vous laisse découvrir ça.
Qui est le parasite, finalement ?
Car le film pose une réelle question : qui est le parasite de qui ? Pris au premier degré, c’est naturellement la famille Kim qui semble être la parasite de l’histoire. Elle fait son nid petit à petit dans la maison des Park. Mais finalement les Park ne sont-ils pas justement les vrais parasites de l’histoire ? Elle ne fait rien à part imaginer que ses enfants sont exceptionnels et dépenser l’argent de son mari. Ou elle dort en attendant qu’il se passe quelque chose, sans doute. Lui est assez absent. Souvent dans son entreprise dont on sait assez peu. La fille transforme ses cours d’anglais en séquence de roulage de pelles. Tant avec Ki-woo qu’avec le professeur précédent, à priori. Quant au fils, c’est juste un gamin relou de huit ans mal élevé qui fait absolument ce qu’il veut avec l’approbation démissionnaire de ses parents. Parce que c’est un génie, tu comprends… Niveau croquage féroce de la bourgeoisie, pardon mais on fait difficilement mieux.
Des rebondissements et un zeste de folie
Bref, si vous n’avez pas encore vu Parasite, je vous le conseille fortement. C’est à la fois drôle et dramatique, assez furieux avec quelques plot-twists intéressants. Et surtout la scène de l’anniversaire est tellement… dingue dans son enchaînement. Pour une amoureuse des narrations peu convenues comme moi, ce fut un réel plaisir.