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Dernier train pour Busan : les zombies version coréenne

Après notre cycle Wes Anderson, on se cherchait une petite idée de cycle à se faire et on s’est dit : pourquoi pas le cinéma coréen ? Après avoir bâti une liste de un nom, nous voici donc posés au calme devant Dernier train pour Busan de Yeon Sang-Ho. Bon, en vrai, on aimerait se faire un cycle coréen mais on s’est pas penchés sur la question. Mais comme on avait beaucoup entendu parler de Dernier train pour Busan, on s’est lancés.

Affiche Dernier train pour Busan de Sang-Ho Yeon

Les zombies prendront le train

Si vous avez les mêmes références que moi, quand on vous parle de train, vous imaginez un road trip initiatique du type A bord du Darjeeling Limited de toujours Wes Anderson… Et bien pas du tout ! On est ici bien plus proche d’un 28 jours plus tard ou The Walking dead, voyez. Oui, c’est un film de zombies. Je vous raconte un peu quand même. C’est l’histoire du père busy busy qui s’occupe de sa fille Soo-Ahn quand il arrive à raccrocher son téléphone, à peu près. Tous deux doivent prendre le train pour Busan où vit la mère de Soo-Ahn. Ils montent donc dans le train non sans avoir croisé une pelletée de pompiers et policiers, un incendie fait rage au loin. Alors que le train va partir, une jeune fille parvient à sauter dedans sans se faire remarquer. Les portes se ferment, le train se met en branle… Et Soo-Ahn a juste le temps de voir des gens sauter sur le chef de quai sans comprendre. Le voyage commence paisiblement jusqu’à ce que la jeune fille qui a sauté au dernier moment et qui semble blessée meure… et revient à la vie, s’attaquant à l’hôtesse de bord. La contamination commence.

Attaque de zombie dans dernier train pour Busan

Un rythme haletant

Ce film est hyper prenant, on ne va pas se mentir. D’autant que même si les trains coréens ont la télé à bord , la situation est confuse. On ne sait pas ce qu’il se passe, s’il reste des gens non contaminés, des infrastructures. On a quelques news de l’extérieur via le conducteur du train qui parle avec les gares… Jusqu’à ce que plus personne ne lui réponde. Le papa est aussi en contact avec un de ses collaborateurs qui lui fait de temps en temps un point sur la situation. La grande force de ce film est son rythme : on alterne les phases de calme et les phases de panique totale. C’est vraiment grosse tension – asseyez vous pour respirer – on repart, de vraies montagnes russes bien dosées. Ce rythme est bien facilitée par l’ignorance des personnages. Un peu comme dans 28 jours plus tard et The walking dead, quand Jim/Rick sort du coma et part errer dans la ville sans avoir conscience du danger. Et tout à coup, ça tombe. Ici, c’est pareil : dans le train, quand l’attaque commence, beaucoup de passagers ne sont pas au courant et ceux qui fuient arrivent à semer les zombies, trop occupés à grignoter ceux restés à l’arrière. Idem quand ils s’arrêtent en gare. Ils ne savent pas du tout ce qu’ils se passent, ils sont seuls et aucune menace ne semble planer…

Dernier train pour Busan

Des zombies bien nerveux

J’ai également bien aimé la version très nerveuse de ces zombies. Contrairement à the Walking dead où ils se traînent, ils courent très vite, semblent comme possédés avec des corps désarticulés et sont surtout extrêmement acharnés. Par contre, je ne comprends pas ce qu’ils veulent. Dans The walking dead et 28 jours plus tard, ils se nourrissent de leurs proies. Là…ils mordent la personne et se barrent. Woké…

Les zombies dans Dernier train pour Busan

Quelques défauts d’écriture classiques du genre

Mais ce film a quelques défauts structurels un peu gonflants. D’abord les transformations. Selon les personnages, ça peut durer cinq bonnes minutes. Genre la fille au tout début même si, ok, elle s’était fait un garrot. Et pour d’autres, ça se fait en à peine 10 secondes… Mais surtout, surtout, comme dans tous ces films : certains personnages sont super cons. Tu te retrouves à gueuler sur ton canapé “mais putain pourquoi tu fais ça ?” ou pourquoi tu ne le fais pas ou pourquoi tu te laisses mourir alors que tu avais deux très larges minutes pour te mettre à l’abri ? La plus agaçante sur le sujet étant Soo-Ahn qui a un peu tendance à rester plantée là où elle est, y compris quand une horde de zombies lui fonce dessus. Je veux bien croire qu’elle soit sidérée mais à un moment, est-ce que ça existe vraiment des êtres humains qui n’ont pas le réflexe de se barrer quand un truc mortel leur fonce dessus ?

Soo-Ahn dans dernier train pour Busan
Oui, y a plein de gens qui courent autour de moi en hurlant mais je suis bien, là

De la survie des faibles

Il faut aussi que je fasse deux spoilers. Donc ceux qui veulent voir le film sans tout savoir, ce que je conseille, filez au paragraphe suivant. Deux points négatifs majeurs dans ce film, selon moi. En 1, le “méchant”. Ok, je comprends très bien le sous-texte sur la dénonciation du capitalisme dans le film, ok. Mais le mec, c’est le même que dans Avatar, il crève jamais. On a droit à plusieurs rebondissements sur ça et à la fin, t’as juste envie de dire “ok, il est pas mort, quelle surprise, ohlala”. Mais surtout, arrêtons nous sur les deux survivantes : une enfant et une femme enceinte, les plus faibles de la bande. Je me pose la question de la lecture de ça. Dans The walking dead, les plus faibles ont tendance à mourir, par exemple, plus dans la série que dans le comic d’ailleurs; mais parce que c’est devenu extrêmement dur de vivre dans ce monde là et les plus faibles n’y ont pas leur place. Une petite fille comme Sofia ou une femme enceinte comme Lorie ne pouvaient pas survivre. Mais peut-être que le sous-texte ici est que c’est grâce à la solidarité des forts et leur sacrifice que les plus faibles s’en sont sortis. Mais du coup, c’était presque attendu… On ne tue pas les enfants et les femmes enceintes. Les autres, par contre…

Dernier train pour Busan

A mater sans réserve

Alors est-ce que je conseille ce film ? Oui… et j’avoue que je suis pas sûre de savoir pourquoi. Il ne réinvente pas le genre zombie, il est souvent convenu et prévisible. Il ne fait même pas peur et Soo-Ahn est insupportable. Comme tous les enfants au cinéma. On ne ressent pas une pâte coréenne particulière, on voit in fine assez peu d’images du pays… Mais j’ai aimé quand même. Peut-être le rythme, peut-être l’ambiance. Peut-être la version désarticulée des zombies, peut-être le jeu d’actrice de Kim Soo-an (qui joue Soo-Ahn parce que oui, son personnage est chiant mais l’actrice est juste bluffante), peut-être le personnage de Sang-hwa que j’ai vraiment apprécié. Bref, je ne saurais pas vous dire pourquoi mais ce film, je m’y suis laissée prendre. Et vous ?

Nina

3 réflexions sur « Dernier train pour Busan : les zombies version coréenne »

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