Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

RRR, une initiation 5 étoiles à Bollywood

Etant une cinéphile de la dernière heure, je suis fortement influençable sur le sujet. En clair : Karim Debbache me dit de regarder un film parce qu’il l’adore, je dis “ouais, ok, faisons ça”. Alors qu’il n’a pas aimé Glass Onion et Mario que moi, j’ai bien aimés et qu’il veut pas voir Barbie. Mais je suis d’accord avec lui sur les critiques sur ces films. Si je n’ai pas encore réussi à convaincre mon adoré de regarder Paprika, on a quand même tenté RRR, film indien dont je ne savais rien ou si peu et… Quelle claque !

Rrr, une pépite

C’est un roman d’amitié qui commence…

L’histoire. Dans une Inde colonisée par les Britanniques, le pays commence à s’agiter, désirant son indépendance. Une révolte sourde qu’ignorent les Britanniques se comportant comme les pires trous du cul. On va suivre deux quêtes en parallèle. Celle de Bheem, le “berger” d’une communauté indienne qui doit retrouver une petite fille enlevée par des Anglais. Et Ram, officier indien dans la police qui se révèle particulièrement zélé. Alors que Ram est missionné pour trouver le fameux berger, il rencontre Bheem et noue une solide amitié avec lui grâce au sauvetage d’un enfant. Car les deux hommes l’ignorent mais ils sont en fait rivaux. Entre amitié et sens du devoir, qui l’emportera ?

Ram et Bheem, scène de danse

Bollywood, baby !

J’étais persuadée que RRR était un film grave au vu de son sujet et il l’est mais… J’avais pas du tout compris que c’était un film grave à la sauce Bollywood. Avant de poursuivre, il est important de préciser que je n’ai aucune connaissance de Bollywood. Je n’avais jamais vu de films de ce genre. Ma culture se limitait à cette chronique de Karim Debbache sur Ra One, le what the cut sur l’Inde avec un passage de film et quelques vidéos partagées sur Twitter dont le mec qui glisse avec un cheval sous un camion… C’est difficile à décrire. Et je pensais un peu naïvement que ces extraits étaient issus de films qui poussaient le curseur très très loin mais non… D’ailleurs, j’avais vu la vidéo de la rencontre épique entre Bheem et Ram sans savoir que c’était extrait de RRR.

Bromance dans Rrr

Une masterclass de rythme narratif

Donc si vous connaissez le cinéma de Bollywood, vous risquez de trouver mon ressenti un peu naïf mais… C’était absolument génial. On a regardé ce film dans le train. 3h de pure folie et je n’ai absolument pas vu passer le temps. Parce que Rrr, c’est une masterclass niveau rythme, c’est assez incroyable. Et niveau ascenseur émotionnel aussi. Parce que tu as tout : de la tension, de la bagarre, de la cruauté, de la torture et même des morts tragiques. Mais au milieu de ça, tu as une belle amitié, donc, de l’amour et une gigantesque scène de danse assez incroyable. Sans parler de celle du générique de fin. Pardon mais est-ce qu’on peut avoir ça en générique de fin nous aussi plutôt que des noms qui défilent sur une chanson un peu random ? Quoi que ça s’est un peu perdu, ça, la “chanson du film”. Vous savez, I’ll do it for you, Kiss from a rose et Hold me, thrill me, kiss me, kill me. Les deux sur le même film. Ou encore I don’t want to miss a thing, Turn back time… J’ai l’impression qu’aujourd’hui, les seules chansons tirées de film, ce sont celles qui existent dans la diégèse de celui-ci genre Shallow ou Another day of fun. Je digresse mais je viens d’avoir cette révélation. Tout ça pour dire que j’adorerais avoir ça en fin de film, genre les Avengers qui se la donnent, plutôt qu’un long défilé de nom noir qui dure une plombe mais qu’on regarde pour la scène post-crédit. En vrai, mater RRR, c’est réaliser à quel point notre cinéma occidental est devenu plat et peut être une expérience un peu crispante, même. 

Ram, l'archer des flammes

Le contexte, ça compte

Si, à froid, les scènes d’action Bollywoodiennes semblent too much, elles prennent une autre dimension quand on les voit dans le contexte. Elles sont toujours aussi barrées et surréalistes mais ça fonctionne. Parce que c’est une narration qui ne se met aucune limite, surtout pas celle du réalisme. Je suis la première à chouiner quand je trouve une fiction peu réaliste, notamment la résistance physique des protagonistes. Là, on est carrément dedans puisque j’ai l’impression que Ram aurait dû mourir quatre ou cinq fois à minima. Mais il n’y a pas de dissonance. Dès l’intro des deux protagonistes, on les voit dans une scène d’action improbable. Alors du coup, le reste du film coule de source. Oui, c’est n’importe quoi. Mais comme c’est n’importe quoi tout le temps, ça ne crée par une dissonance agaçante. 

Bheem défie le tigre

Un excellent antagoniste

Mais surtout, la force de RRR, c’est de placer l’enjeu ailleurs que sur la question de la bagarre et de la survie de ses personnages. Ce qui nous intéresse, c’est l’évolution de la bromance entre Ram et Bheem et leurs motivations. Et surtout, on se retrouve partagés lors de la grande scène de confrontation parce qu’autant on souhaite que Bheem réussisse sa mission, autant le film nous a permis de nous attacher à Ram et on n’a pas envie qu’il lui arrive malheur. On peut se moquer des scènes qui nous paraissent très exotiques mais un film qui arrive à créer une forte empathie pour l’antagoniste est une pure réussite narrative. Si je compare à un Superman dont on sait qu’il va survivre parce qu’il est environ intuable, ici, on tremble pour l’amitié des personnages. Mais aussi, comme on sait qu’il s’en sortiront, on se demande comment. Ca aussi, ça joue dans l’ascenseur émotionnel. A plusieurs reprises, nos héros se retrouvent dans des situations très tendues et on ne peut s’empêcher de chercher l’astuce. Un peu comme dans le Batman des années 60 où il se faisait systématiquement attraper par les méchants qui l’attachaient dans une machine infernale mais il arrivait toujours à se dégager. Bah là pareil… en beaucoup plus grandiloquent.

Scène épique dans RRR

Un sujet hautement politique

Rrr n’est cependant pas qu’un spectacle, un divertissement XXL. Le film aborde la question de la décolonisation ou plutôt de la domination outrancière et cruelle des Britanniques. Certains diront que c’est exagéré, surtout la cruauté du couple de gouverneurs mais… bah déjà, le film ne fait pas dans la nuance mais il reste un propos. Oui, les colons n’étaient pas des gens charmants et polis, surtout vis-à-vis des colonisés. J’avais vu une série britannique se passant en Inde avec la même dimension de mépris des Britanniques envers les Indiens. Et même s’il manque de nuance, je trouve le traitement du sujet intéressant, notamment le manque total d’empathie des Britanniques qui se montrent injustement cruels à un moment où la colère monte. Un sentiment total d’impunité vs un désir légitime de reprendre un pays qui est nôtre.

A découvrir !

Bref, si vous n’avez jamais vu de films Bollywoodiens et que vous avez envie de tester, foncez sur Rrr. Moi, j’ai envie d’en voir d’autres même si j’ai un peu peur. J’ai vraiment l’impression que RRR est vraiment un bijou du genre et quand tu tapes direct au sommet, la suite risque d’être décevante. Mais après tout, je vais retourner en chômagie demain soir, autant en profiter pour me cultiver. 

Nina

2 réflexions sur « RRR, une initiation 5 étoiles à Bollywood »

  1. Trop cool que le film ait plu !
    Petite correction mais qui a son importance : RRR n’est pas un film Bollywood (industrie en langue hindi) mais un film Tollywood (telougou) et Kollywood (tamoul) 😉
    Ce sont 3 industries différentes qui ciblent des régions, langues différentes.
    Dans le doute, juste dire « cinéma indien » ^^
    En tous cas, c’est un film très riche sur lequel il y a beaucoup à dire 🙂
    L’équipe de Bollywood Versus

    1. Et bah quand je dis que j’y connais rien en cinéma indien, on ne pourra pas dire que je mentais. Je n’avais aucune idée de toutes ces nuances, merci pour la précision ! Je serai attentive la prochaine fois

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