Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Ce que je mets de moi dans mon roman

Une petite réflexion qui me vient, comme ça, alors que je suis en pleine crise existentielle. Pas une crise existentielle par rapport à l’écriture mais par rapport à ma vie au global. Enfin vie pro pour l’essentiel, on va en reparler. Comme j’essaie toujours de positiver ma lose, même si c’est parfois difficile, je me dis que ça peut être l’occasion d’écrire un roman crise de vie. Genre l’héroïne qui envoie tout péter dans sa vie et vit des trucs en fonction. Sauf que, moi, j’ai pas non plus envie de tout envoyer péter. Alors ? C’est quoi la limite entre ce que je mets de moi dans mon roman et l’imagination ? 

Ce que je mets de moi dans mes romans

Retour à la case chômage

Donc pour ceux qui ne me suivent pas par ailleurs, petit résumé de la situation. J’ai été embauchée en mars dans une boîte que je connaissais déjà pour y avoir passé deux ans. Deux ans donc un à attendre qu’on me file du taf. Et soudain , j’ai l’opportunité d’y retourner. Je doute un peu rapport à la charge de travail mais on me dit que, si, si, du taf, il y en a. Je signe donc. Et au bout de 3 mois et demi, on m’annonce que je vais partir parce que y a pas de boulot. Pile au moment où je m’étais sortie les doigts pour me trouver une mission. Bref, retour à la case chômage qui n’est que source d’angoisse pour moi. Et un gros ras le bol. Parce que ma carrière n’est qu’une suite de couacs, de ratés et d’ambiances follement toxiques. Franchement, ma première réaction quand j’ai su que c’était terminé, c’était de me dire “ok, ras le bol. Je vais aller à la boulangerie à côté de la maison pour filer mon CV parce que j’ai plus envie de me battre”. J’ai plus envie de courir comme tous ces automates qui bâtissent des empires

Je suis fatiguée de galérer

Envie de raconter une histoire de crise

Bref, je sais depuis le 26 juin que c’est terminé pour moi et depuis, je me laisse porter. Je passe littéralement mes journées à faire des mini-jeux sur mon tel ou mon ordi pour ne pas trop penser. Et je joue à Zelda, aussi, beaucoup. L’avantage, c’est qu’on peut tout à fait jouer à Zelda ou au Mah-jong tout en regardant des séries. Genre Valeria. Petite série espagnole plus ou moins pompée sur Sex and the city avec cependant des scènes de cul plus réalistes et des héroïnes qui enlèvent leur soutifs pour baiser. Et qui se passe à Madrid, ville que je dois à tout prix visiter. Bref, c’est aussi une série sur la crise de la trentaine avec des héroïnes qui se cherchent sur le plan amoureux, sexuel et professionnel. Un peu familial aussi. A la fin de la série, tout est bien qui finit bien. Chacune a trouvé une moitié qui lui convient, elles ont réussi professionnellement, tout ci, tout ça. Un peu too much, sans doute. Mais du coup, j’étais à fond. Moi aussi, j’ai envie d’écrire un roman où l’héroïne pète un câble. Parce que là, de suite, j’ai du ras le bol en moi et j’ai envie de me raconter que ça va bien se terminer, quand même. 

Valeria, le sex and the city espagnol

Victime de ma propre vie

J’avais ressenti le même besoin y a environ 10 ans, sur les années 2011-2012 quand j’avais essuyé énormément de situations compliquées dans ma vie. Des ruptures amicales et amoureuses, des boulots qui se passaient mal, le décès de ma grand-mère un 24 décembre, une jambe pétée et peut-être d’autres trucs que j’ai oubliés. Bref, à un moment, je me suis sentie victime de ma propre vie. Ca devait s’appeler “la vie n’est pas une comédie romantique” ou je ne sais quoi. Ca commençait par mon héroïne dont j’ai oublié le prénom (Chloé ?) qui marchait dans les couloirs du métro pour aller taffer et décidait soudain qu’elle n’en pouvait plus. Gros pétage de plomb dans sa tête. Sur un air de Bittersweet symphony. Oui, y a des chansons comme ça, qui s’imposent d’elles-mêmes quand j’écris. Genre pour le projet Audrey, la chanson de rupture d’Audrey, c’est Wrecking ball de Miley Cyrus.  Parce que c’est cette chanson qui m’est venue en tête quand j’imaginais le grand moment de solitude d’Audrey qui réalise que sa vie ne sera plus jamais la même.

Quand t'es en crise existentielle
I came in like a wrecking ball
I never hit so hard in love

Jusqu’où ira le pétage de câble

Et me voici 10 ans plus tard dans une situation certes beaucoup moins tendue. Ok, j’ai perdu mon job et j’en ai marre de devoir chercher à nouveau. Me vendre et me faire entendre que je suis trop chère, bla bla bla. Le reste de ma vie ne va pas si mal. Pas de rupture à l’horizon. Je n’ai plus de grands-parents, pas de soucis majeurs de santé à part mon ventre, un chouette lieu de vie. Je suis loiiiiiiiin du niveau de crise pré-cité MAIS j’ai quand même envie d’écrire une histoire d’une meuf qui pète un câble parce que sa vie ne la satisfait pas. En plus, ce genre de chick litt un peu feel good, ça pourrait se vendre… Sauf que. Là où je bugue, c’est dans les limites à ce pétage de câble. Je veux dire ce roman, je le vois comme une catharsis de ma lose. Une façon de dire que ce qui m’arrive, c’est forcément un mal pour un bien. Je n’y crois pas mais peut-être qu’en l’écrivant… Sauf que dans mon roman, j’imagine bien que mon héroïne va tout envoyer péter… Y compris son couple, sans doute. Et ça, j’ai pas du tout envie de l’écrire.

Des idées bonnes à jeter

Je veux une catharsis, à la base

Quelle est la limite entre ce que je mets de moi et mon imagination ? Franchement, quand j’ai commencé à laisser gambader mon imagination sur cette histoire de pétage de plomb, je déprimais dès que je pensais au volet vie perso. Vraiment, ça me déchirait le coeur. Parce que, oui, présentement, dans ma vie, j’ai envie de faire un peu n’importe quoi mais je ne veux certainement pas blesser ceux que j’aime. Surtout pas mon copain. Et comprenons-nous bien: quand je dis “j’ai envie de faire n’importe quoi”, ça n’arrivera pas. C’est mon “moi cathartique” qui va le faire. J’aime bien cette notion de moi cathartique, tiens, je vais en faire un article à part entière. Mon moi de la vraie vie, il a un programme d’enfer : réorganiser mon bureau, étudier les petites annonces pour me réaxer correctement. Puis réviser ma data, me donner de la visibilité sur LinkedIn via mes petites infographies.  Bon et aussi faire mon petit sport au lac, lire, écrire, faire du Powerpoint art, il ne faut pas déconner non plus. Au paroxysme du l’idée de pétage de câble, j’ai voulu m’inscrire pour un stage d’une semaine au cours Florent mais c’est à une heure de chez moi donc maxi flemme. Je suis pas une personne qui pète un câble, voilà. Dans mes jeunes années, mes pétages de câble, c’était me bourrer la gueule et éventuellement rentrer avec un random guy que je rappellerais jamais. Aucun intérêt. Donc mon moi cathartique, il fait juste les conneries que je ne ferai jamais et à partir de là, sky devrait être the limit maiiiiiiis…

Crazy ex girlfriend

J’ai pas envie d’écrire l’histoire d’une meuf égoïste

Les héroïnes en pétage de plomb sont assez injustes. Totalement égoïstes en général, elles vont forcément faire du mal à un ou une proche dès lors que seule leur exploration narcissique compte. Dans Valeria, sur la saison 01, la demoiselle est tentée de coucher avec Victor, un très beau garçon clairement identifié comme un playboy. Mais Valeria est mariée. Donc pour éteindre un peu sa culpabilité, elle se convainc que son couple va mal et les disputes s’enchaînent. Par la suite, elle déconne pas mal avec ses potes mais c’est cependant une constante chez elles toutes : tu peux être sûre que dès que l’une d’entre elles dit “soyez là demain pour ça, c’est super important pour moi”, les trois autres vont la planter pour des raisons un peu discutables. Moi, j’ai pas envie d’une héroïne injuste. J’ai pas envie d’écrire qu’à un moment, mon personnage se mue en connasse. Certes, dans la vraie vie, personne ne peut prétendre se comporter de la façon la plus juste qui soit. J’ai été connasse, je serai connasse. Toi aussi. Et toi, et toi et toi. Ou connard, selon qui me lit. J’ai quand même envie de proposer  un personnage qu’on apprécie. Je vous jure, les protagonistes qui vous hérissent le poil dès la première seconde, je n’en peux plus.

Tout le monde déteste Carrie Bradshaw
En vrai, faudrait que je remate Sex & the city pour voir si elle était si chiante que ça

Inventer, repiocher dans les souvenirs ?

Alors évidemment, la solution, c’est de raconter une histoire qui n’est pas tout à fait la mienne. Ou la mienne de 2011-2012, tiens. C’est vrai que ça m’amuse d’imaginer un roman de crise de la quarantaine où, au lieu de chercher un nouveau boulot, mon héroïne fait un peu n’importe quoi. Et je peux lui fournir un couple branlant, un peu toxique. Mais où est l’effet cathartique ? Non parce que si je repars sur la période noire 2011-2012, tout est pardonné, digéré. J’ai zéro regrets de rien. Peut-être un léger trauma niveau pro et encore, je ne suis même pas sûre. Ca ne va pas me soulager d’écrire là-dessus vu que je suis totalement indifférente à tout ça, désormais. Alors que raconter ma crise de la quarantaine qui existe surtout dans ma tête, ça, ça me fait envie. Mais je n’arrive pas à dessiner la limite entre ce que je mets de moi dans mon récit et mon imagination. Troquer mon mec chouette pour un mec un peu plus lambda voire un mec nul qui mérite bien qu’on lui claque la porte au nez. Ou alors le gars est juste un gars bien qui attend que la crise passe mais peut-on écrire ce type de récit sans un peu de sel de séduction ? Je ne sais pas.

Pétage de plomb de la quarantaine

Laissons maturer

Bref, il faut encore que je fasse maturer tout ça. Et quand ça arrivera à point, normalement, j’aurai plus du tout envie d’écrire ça et je me serai pris la tête pour rien. Mais vu que je vais avoir pas mal de temps libre les prochaines semaines (mois ?), je peux me permettre de me faire quelques nœuds au cerveau. Surtout que j’ai téléchargé un mini-jeu à base de défaire des nœuds et je commence à bien maîtriser les bails. 

Nina

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