Ca fait longtemps que j’avais pas parlé de clichés. J’aurais pu faire deux ou trois articles “paie ton cliché” rien qu’avec le pilote des Monstres de Cracovie. Une série que je n’ai pas terminé et je n’ai pas vraiment prévu de le faire. Parce que c’était pas top. Vraiiiiiiment pas. Notamment le pilote que j’ai trouvé très “j’ai regardé plein de séries, je sais comment écrire une histoire”. Oui, surtout, tu nous as enfilé les clichés comme des perles…
Des étudiants et des démons
Rapidement, les Monstres de Cracovie, ça parle de quoi ? Alex est une jeune étudiante un peu perturbée depuis que sa mère est morte dans un accident de voiture dix ans plus tôt alors qu’elle-même était sanglée à l’arrière. Elle rejoint la classe du Professeur Zawadski qui donne des cours sur les forces occultes. Elle emménage direct dans la maison des étudiants du professeur. Ils sont tous un peu freaks, on va dire. Et au milieu, il y a le joli Lucky, love interest de notre héroïne mais qui la déteste. Essentiellement parce qu’elle a allumé en boîte avant de partir avec un autre mec. Bon après, y a une histoire de mythologie slave, de démons à chasser et tout ça. De morts possédés par de vilains démons.
Une envie de Pologne
Le pitch semblait compliqué mais nous avons déjà eu de bonnes surprises sur les histoires de démons comme Demon catchers, Hellbound, Ragnarök qui n’est pas si mal… ou même Lucifer. Donc pourquoi pas. Et puis j’ai la curiosité de Cracovie. Et j’avais adoré Les impliqués de Miloszewski, même si j’avais trouvé que son personnage virait vieux con au fur et à mesure de la trilogie. Bref, je suis persuadée qu’il y a des choses intéressantes dans la culture polonaise mais… pas là. A présent, je vais vous lister quelques clichés que l’on nous sert dès l’épisode un et qui fait lever les yeux très très forts.
L’héroïne libérée sexuellement pour cacher ses failles
Scène un. Lucky entre dans une discothèque très “entrepôt et statues en stuc blanc”. C’est rigolo parce que malgré les plans serrés, tu sens qu’ils sont trente à gigoter là-dedans. Il commence à dragouiller Alex qui prend une drogue, commence à être réceptive. Puis se lève et tape le verre d’un mec qui fait “hé” mais la laisse filer alors qu’elle va se poser littéralement un mètre plus loin. Alors que la chasse de Lucky semble prometteuse, Alex lui fait “nan, j’ai pas encore décidé avec qui j’allais rentrer ce soir” et file sur la piste de danse pour rouler une pelle à une meuf puis un mec et emballer ce dernier. Alors pourquoi tu agis comme ça ? Pourquoi tu préfères un mec à qui t’as pas parlé et terriblement lambda plutôt que le beau gosse avec qui tu avais un excellent feeling ? Parce que.
Noyer son angoisse dans le manque de sommeil
Bref, Alex se réveille chez elle avec le mec de la discothèque étalé nu dans son lit. Elle a fait un cauchemar, on en reparle plus tard. Elle se lève et va dans la cuisine où elle tombe sur une autre étudiante qui lui fait la morale à base de “te foutre la tête à l’envers et ne pas dormir ne va pas régler tes problèmes”. Et oui, si Alex baise, boit et se drogue, c’est parce qu’elle est traumatisée et veut pas se soigner. D’ailleurs, elle va très vite arrêter tout ça dès qu’elle sera prise dans un autre arc narratif.
Le réveil en sursaut et les rêves emboîtés
Ici, il y aurait presque une bonne idée. Sur ce premier épisode, Alex se réveille plusieurs fois avec un monstre qui pèse sur sa poitrine. Oh mon Dieu ! Puis elle se re réveille et plus rien. Le Monstre sur la poitrine, c’est un effet assez connu de la paralysie du sommeil. Sauf qu’elle a des marques ensuite et qu’il y a un vrai monstre mais comment savoir, rohlolo. Parce qu’on va avoir droit à plusieurs scènes nulles et mystérieuses résolues par un “mais en fait, tout ceci n’était qu’un rêve, ahahah. Ou pas, mmm…” Alors le coup du rêve, on est tous d’accord pour dire que c’est cancelled depuis des années. Mais surtout arrêtez avec les putains de réveils en sursaut, sorte de jumpscare du pauvre. Personne ne se réveille en se redressant de 90°. C’est une convention dépassée et franchement gonflante. Surtout quand tu en as plusieurs dans un épisode. Stop.
Ah que le monde est petit
Autre cliché qui m’a pas mal fait vriller. Le lendemain de sa folle nuit, Alex débarque plutôt fraîche à la fac. Ah, la jeunesse. Une de ses potes lui fonce dessus en mode “ohlala le professeur Zawadski ouvre de nouvelles places dans sa classe, viens !”. Il y a donc une sorte de sélection, Alex s’installe dans l’amphi. Et là, qui débarque pour distribuer les fiches d’inscription ? Mais oui, c’est Lucky ! Evidemment, maintenant, il déteste Alex et veut pas qu’elle soit prise. Non mais mec, grandis un peu. Elle a juste pas voulu coucher avec toi. Elle n’a pas tué ta mère ou ton animal de compagnie. Bref, c’est la gêne. D’autant plus la gêne que ce côté “oups, la personne que j’ai dragouillé/niqué dans les toilettes, en vrai, je vais la côtoyer dans la vraie vie”. On a la même scène dans Pretty Little Liars et très certainement trois milliards de séries. On a même ça dans Top Gun qui n’est pas tout à fait un film confidentiel. Par pitié, arrêtez avec ça.
La novice est l’Elue
Alors ok, on est encore dans une convention de cinéma, le lapin blanc de l’histoire est souvent l’Elu. Comme dans Matrix, oui, Harry Potter (même si en vrai, il est pas si ouf, Harry), les Skywalkers, Evangelion… ou Ragnarök, cité plus haut. D’ailleurs, je vous renvoie au Crossed sur Startfighter et le tableau des clichés, ça parle du Héros au 1000 visages de Joseph Campbell. J’ai pas le temps d’en parler là. Donc Alex sort de nulle part et direct un méchant démon la cible. Tellement qu’un des membres du gang de Zawadski commente ce fait. “Ah oui, genre elle vient d’arriver et elle a vu un truc que nous, on n’a jamais observé”. Le souci c’est que comme la série est déjà très formatée, additionner ces conventions casse tout effet de suspense. Sans parler du fait qu’Alex semble totalement changer de personnalité en cours de route. La bonne nouvelle, c’est qu’elle perd 10 points d’antipathie. La mauvaise c’est que j’ai pas envie de continuer.
Un pilote qui fait flop
Bref, malgré ma curiosité pour Cracovie que je ne connais pas mais qui m’a toujours plus ou moins donné envie, je zappe. C’est un non pour Les Monstres de Cracovie. Et comme je trouve assez amusant cet exercice de critique de pilote, je vais continuer. Oui, moi non plus, sur ce coup, je suis pas originale.