Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

La fatalité des héros lourds

Dans le cadre de l’opération : lisez pendant les ponts, j’ai quelques titres à vous conseiller comme par exemple Nuit de Bernard Minier ou Un fond de vérité de Zygmunt Miloszewski. Oui, pas un mais deux romans parce que je les trouve assez cools et que j’ai déjà parlé de ces auteurs. Car oui, ce sont des suites. Mais je sais pas pourquoi mais quand on reprend un personnage, il semble victime de la fatalité des héros lourds.

Deux polars sympas mais aux héros lourds

Des polars cools mais des héros bien réacs

Mais les romans sont bien, je vous les conseille vraiment, surtout Miloszewski qui est mon petit chouchou. Même si j’ai du mal à retenir son nom. L’enquête est très prenante, vraiment bien foutue. Minier, on est un peu sur un autre registre, plus sur de la tension. Pas toujours de grandes surprises mais il se dévore tranquillou, comme une délicieuse omelette norvégienne. Alors que je viens donc de terminer Nuit et de m’acheter La rage de Milowszewski, je note quand même un fait troublant. Ils sont gonflants, là, leurs héros ou c’est moi ? C’est amusant, je ne l’avais pas noté sur le premier roman mais Servaz (Minier) devient de plus en plus un vieux con réac. Genre Internet tue les gens, c’était mieux avant et tutti quanti. Et Szacki (Miloszewski) devient un espèce de gros connard aigri. Ce qui est un peu agaçant. Les romans restent plaisants à lire mais je me suis surprise à lever parfois le regard au plafond en mode “mais resdescends mec, pleaaaaaaaaase”. Oui, comme ça, oui. Mais bon, relativisons, ils ne sont pas agaçants au point d’un Darwin MinorMiles Lord ou Robert Langdon, quand même . Même si à la réflexion, Bobby m’avait moins fatiguée dans Da Vinci Code avec son côté super héros qui sait tout et peut tout faire.

Robert Langdon, le boss des héros lourd

Une intrigue qui avance car les personnages sont butés

En étendant ma réflexion, je me rends compte que j’ai souvent le même souci avec les sagas. Genre Fitz dans l’Assassin Royal de Robin Hobb ou Richard et Kahlan dans L’Epée de vérité de Terry Goodkin. Dans les sagas, d’ailleurs, y a toujours un moment où je suis fatiguée de voir que l’intrigue n’avance que parce que les personnages sont fondamentalement cons et réagissent un peu n’importe comment. Non mais je veux bien avoir un personnage principal orgueilleux ou susceptible. Mais faut pas exagérer non plus. Des fois, t’as l’impression que le ou la protagoniste principal·e est un enfant très jeune ou, pire, un chat. Dans tout le roman, on leur dit “ne fais pas ça, ne fais pas ça” et devinez quoi ? ILS LE FONT. Canalisez-vous, merde à la fin !

Drink me

Une antipathie inévitable ?

Mais cette sorte d’antipathie glissante m’interroge. Pourquoi les héros deviennent un peu lourds ? C’est moi ou c’est l’auteur ? Est-ce que c’est comme dans la vie où tu croises certaines personnes que tu aimes bien au départ mais plus tu les fréquentes, moins tu les apprécies parce que tu ne vois que leurs défauts et plus leurs qualités ? Oui, mais ça, ce n’est pas systématique… Ou alors, cette lassitude, elle ne serait pas entre l’auteur et ses personnages ? Ce qui m’inquiète un peu puisque parmi mes trente projets d’écriture, j’ai quand même une idée de deux sagas. Une trilogie et une quadralogie à priori… Est-ce que l’auteur continue à exploiter la poule aux oeufs d’or tant qu’elle est en vie, alors même qu’il développe une allergie au métal jaune ? D’ailleurs Minier avait écrit un roman entre N’éteins pas la lumière et Nuit qui ne mettait pas en scène Servaz. Finalement, un des seuls héros récurrents qui ne m’a jamais fatiguée, c’est… Hercule Poirot d’Agatha Christie. Et je crois que c’est parce qu’il n’est pas tant un héros qu’un personnage fonction. On sait assez peu de choses de sa vie privée. Ce qui évite qu’on s’appesantisse de trop sur sa vision réac, surannée, progressiste ou carrément révolutionnaire de la société… Je ne dis que ça n’a aucun intérêt. Mais si ça ne fait pas avancer l’intrigue, ton avis sur tel ou tel phénomène de société, je m’en fous un peu, M ou Mme l’auteur·e.

Un avis sur la société

Une bonne lecture de vacances

Malgré tout, je vous encourage à prendre Un fond de vérité puis Nuit. Dans cet ordre là, oui. Parfait pour vos quelques jours de farniente à la plage ou sur la pelouse d’un parc près de chez vous ou même sur votre canap’. Mais mon vrai coup de coeur de ce printemps, je vous en parle la semaine prochaine. Spoiler : c’est dystopique, c’est russe. Et je me suis totalement laissée prendre.

Nina

3 réflexions sur « La fatalité des héros lourds »

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