Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Attention, tes personnages ne lisent pas ton roman

Bonjour, bienvenue dans un nouvel article de “carnet d’une écrivaine qui n’écrit pas”. Si je n’écris pas actuellement, sauf mes blogs, je ne suis cependant pas avare en consommation de narration. Livres, séries et même films ! Car oui, en 2022, il semble que je devienne cinéphile. Je me mets doucement à la BD aussi, merci la bibliothèque. Et je me remets aux mangas grâce à ma belle-soeur qui a trouvé amusant de nous offrir une dizaine de tomes de Les gouttes de Dieu, un manga sur les vins. Et elle a eu bien raison parce que j’ai appris deux ou trois trucs sur ma nouvelle région, la Gironde. Bref, l’autre jour, je lance un livre audio d’un auteur bien populaire en nos contrées. Et y a pas mal de trucs qui m’ont… hum… turlupinée. Et je me suis dit que ça ferait une petite série d’articles. C’est parti ! Premier biais : les personnages omniscients qui ne devraient pas l’être.

Les personnages omniscients, une maladresse d'écriture

Un roman absolument classique

On va appeler ce roman Une quelconque aventure. Parce que je vais pas mal spoiler et que j’ai pas envie de donner le vrai titre et le vrai auteur. Un point sur l’auteur rapidement : c’est un mec qui est régulièrement en tête des ventes en France, il doit être quadra ou quinquagénaire. Et mes parents l’adorent. Contrairement à Marc Levy ou Guillaume Musso qu’ils détestent parce que c’est nul. Oui, ici, on n’est pas dans la romance niaise. Pas du tout. Même si ce point-là fera l’objet d’un article à part entière. Je ne vais pas entrer dans les détails de l’histoire, c’est un roman d’aventure somme toute classique. Il y a une succession de meurtres, la police enquête, il y a des secrets et des rebondissements. Un méchant tueur façon Terminator mais qui est la personne qui le commande, mystère. Et une belle femme objet de toutes les convoitises, évidemment.

Un roman qui ressemble à tous les autres ou  peu près

Des couacs relevés même sans la plus grande attention

J’ai trouvé le roman très riche en clichés narratifs, donc, et on en reparlera au fur et à mesure car pour le coup, niveau suspense vrillé… C’est pour ça que j’essaie de repérer les clichés narratifs, parce que ça peut vraiment te tuer un rebondissement. Donc j’écoute le roman. Ce qui signifie que je suis potentiellement moins attentive que quand je lis car j’écoute en faisant autre chose. Soit je marche soit je cuisine. Donc si je note un couac narratif, c’est qu’il assez énorme. Et notamment ici le personnage omniscient. Ou plutôt les personnages omniscients.

Les personnages omniscients, une faiblesse d'écriture

Je le savais ! Ah non…

On est vers la fin du roman, l’heure des explications. Dans un premier temps trois personnages discutent. Enfin discutent… On a le méchant, le policier fort et la jolie femme. Le méchant déballe donc son histoire et fait deux ou trois révélations. Le policier se dit pendant deux secondes “ah tiens, je devrais peut-être faire sortir Lara… Quoi que non, elle savait déjà tout ça”. Alors pas du tout. Dans le roman, il y a un grand secret politique. Lara sait que tout n’est pas ce qui semble être mais pas à ce point. Et pourtant, pendant que le Méchant pérore sur le grand secret qu’elle ne connaissait pas, elle ne réagit pas. Pas de surprise, de question. Encore un de ces personnages omniscients. Ou alors elle n’écoutait pas car elle était trop occupée à être belle. Vous le sentez venir l’article sur le sujet ?

Emily Rajatkowski sur un canapé

Le méchant savait ce qu’il n’était pas censé savoir

Quelques dizaines de pages plus tard, le Méchant se retrouve seul pour sa sortie de scène. Et là, il commente ce qu’il se passe par ailleurs. Comment peut-il savoir ce qu’il se passe ? Il parle de deux personnes qui se retrouvent sans que ce soit lié à lui, sans qu’ils se soient croisés. En somme, un personnage vient d’apprendre un Grand grand secret et tempête dur face au Grand grand méchant. Le Méchant n’a aucun moyen de savoir que cette information a été révélée. Aucun. Les omniscients sont légion par ici, dis donc. Le pire, c’est que cette réflexion n’est même pas importante. Il aurait très bien pu ne pas l’avoir que ça n’aurait rien changé au récit. Mais manifestement, les personnage d’Une quelconque aventure ont lu le roman dans lequel ils évoluent. 

Lire le roman dont on est le héros

Le diable se cachent dans les détails

Vous allez me dire que tout ça  n’est que détail. Que ces personnages omniscients sachent un truc dont ils n’ont pas été témoin, ce n’est pas si grave puisque ce n’est pas décisif dans l’histoire. Lara reste une potiche et le Méchant va connaître son destin funeste environ deux paragraphes après avoir pensé au grand affrontement précité. Mais ça m’agace quand même car ça fait un peu dérailler la narration. Un peu comme une turbulence un peu vénère en avion alors que tu t’assoupissais tranquillement. T’arriveras quand même à destination mais tu n’auras pas réussi à te reposer et te détendre comme tu le souhaitais. C’est agaçant comme ça. Et ça me conforte dans un procédé d’écriture que je souhaite mettre en place. Oui, pardon, je suis pas là juste pour dire que ce roman est nul. Il n’est pas si nul, déjà, mais je suis là pour tirer des leçons, voyez.

Mettre au point une méthode de travail

Mieux suivre son travail pour éviter les couacs

Quand j’écris un roman, j’y vais en mode yolo. Je tape chapitre 1 dans un doc vierge et tap tap tap jusqu’à écrire le mot fin. J’ai fait ça pour Technopolis, Green !, Augura, Uchronia et Et la Terre…, mes romans finis. Je les corrige à la relecture. Mais ma relecture est presque plus orthographique et stylistique. Je toilette mon manuscrit, voilà. Le seul suivi que je fais est arithmétique : combien de pages lues, combien de pages corrigées. Mais je n’ai aucune trace du déroulé de l’histoire. J’avais initié une sorte de chemin de fer à une époque mais je ne le suivais que peu. Ce manque de méthode entraîne typiquement ce genre de couac. Comme je n’ai pas clairement noté que Jim faisait ceci ou cela, je n’ai donc pas remarqué que Jim ne pouvait absolument pas être au courant pour le secret de Mirabel*. Un truc du genre. Alors que faire un petit résumé de ce que j’ai écrit, de ce que je compte écrire, ça m’éclaire mieux le chemin, quand même. Et ça me facilitera l’écriture du synopsis, en plus. Si je me décide un jour à retenter l’aventure éditoriale. Ah et ma bible contiendra aussi le nom de tous les personnages, aussi. Ca m’évitera de perdre une heure à chercher le prénom d’un personnage tertiaire qui revient faire un coucou dans mon récit. C’est du vécu.

Les nombreux personnages de Marvel

On note la leçon

Bref, on note sur son carnet : point d’attention, les personnages omniscients n’existent pas. S’ils savent quelque chose, c’est parce qu’ils l’ont appris de façon précise. Pas dans l’écho de l’air ou en lisant le roman dont ils sont les héros, par exemple… 

* Oui, j’ai “Ne parlons pas de Bruno” dans la tête au moment où j’écris cet article

Nina

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page