Longtemps, ça m’a fourmillé d’écrire l’histoire d’Audrey et ses potes. Le fameux projet Audrey, quasi mort-né. C’était l’histoire d’un gang de filles. Elles étaient quatre et… non mais attends, c’est trop Sex and the city. Je rajoute un mec et ils s’appelleront entre eux le Club des cinq parce que c’est rigolo. Ah mais le mec, je lui fais vivre quoi comme aventure ? Je le mets gay car mes filles sont toutes hétéra ? Non mais vas-y, appelle ça direct Sex and the city. Bref, le gang de filles, c’est mort comme sujet ? Et bien côté Québec, non.
Un joyeux trio de meufs
J’ai déjà parlé de M’entends-tu, parlons maintenant des Simone. Série québécoise plutôt sympa dont je n’arrive pas à trouver la troisième saison et ça me rend folle. On est encore dans des histoires de fesses et d’amour. Maxim, une jeune Québécoise, pète un câble le jour où sa vie est trop sur les rails. Ayant trouvé un job dans un cabinet comptable, son mec lui organise une surprise party. Ecrasée par la promesse de cette routine incroyablement ennuyeuse, elle pète un câble. Elle plaque tout pour rejoindre une amie à Montréal, Laurence, qui lui présente une autre amie barmaid, Nikky. Bref, on va suivre nos héroïnes dans leur vie sentimentale, amicale, professionnelle, familiale…Maxim étant un peu notre lapin blanc. Cette série interroge pas mal le rapport homme-femme. Notamment une scène assez troublante sur le consentement. Crue mais sans cri ni voyeurisme.
Qui est Carrie, qui est Samantha ?
Alors évidemment, j’ai ma grille de lecture. Maxim, c’est Carrie, Laurence, Miranda, Nicky, Samantha. Et Elizabeth, la sœur bourgeoise installée en banlieue de Montréal et qui s’emmerde dans sa vie de Desperate Housewives, c’est un peu Charlotte. Tiens, dans Desperate Housewives aussi, c’était un gang de quatre femmes. Mais si les, thèmes sont proches et les villes à 3h de bus l’une de l’autre, est-ce que c’est si similaire ? Non. Pourquoi ? Le féminisme et pas de pudeur nulle.
Les hommes ne sont plus au centre
Sur la pudeur, je vais balayer ça vite. On voit des corps nus. Les femmes ne gardent pas leur soutif ou ne s’emballent pas longuement dans les draps après le sexe. Sex and the city était plutôt cru sur les scènes de Samantha mais elle se cachait systématiquement les seins. La baise, oui, les têtons, non. Mais surtout, le questionnement a glissé. Dans Sex and the city, ça tournait autour de « est-ce que ce mec est le bon ? ». La vie de nos héroïnes New-Yorkaises tournait autour des hommes et c’était la finalité de l’histoire. Peu importaient leurs carrières, il leur fallait le good one. Même Samantha finit en monogamie à la fin de la série.
Qui suis-je réellement ?
Dans les Simone, ce qui compte, c’est la vie. Maxim plaque un mec parce qu’elle se sent pas d’être en couple. Nos héroïnes cherchent leur place et leur identité indépendamment des hommes. Quand Laurence est un couple avec un mec parfait, elle finit par le quitter parce que, elle, elle n’est pas épanouie. Je connais leur carrière à toutes, leurs ambitions. Alors que Miranda, j’ai jamais su sa spécialité d’avocate. C’est subtil mais en 2022,les séries de gang de filles n’ont pas pour finalité les gars mais plus la complexité d’être une femme en ce début de XXIe siècle. Sur l’amour, le sece, la drogue, le consentement mais aussi sur les dimensions les plus prosaïques de la vie comme le travail, la vocation. Le fait de réussir seule, sans le soutien d’un mec. Elles s’énervent même quand elles sont trop en attente d’un message de leur mecs en mode « on ne devrait pas, on mérite mieux. »
On mérite mieux que ces gars-là
Mériter mieux. C’est pas mal au cœur de ces deux séries. Fabiola quitte un mec peu fiable en lui jetant texto au visage qu’elle est importante et qu’elle mérite le respect. Tout est là. A l’époque de Sex and the city, on courait après le beau parti, le Mister Big. J’avais lu un roman de Candace Bushnell, autrice du roman Sex and the city, où il n’était question que de ça. L’héroïne est top model, un truc du genre, et se prostitue occasionnellement auprès de princes riches du Moyen-Orient, un truc comme ça. La prostitution est également abordée dans les Simones mais malgré les beaux hôtels et les hommes riches qui se paient une belle femme, y a rien de glamour. Rien du tout.
Des femmes comme nous
Les femmes de ces séries d’aujourd’hui courent simplement après elles. Pas de Prince charmant, pas d’aplatissement au pied d’un Homme parce que sinon, il va aller en voir une autre. Quand elles ont le coeur brisé, elles pleurent et elles repartent. Elles finissent par se retrouver, d’une façon ou d’une autre. Et j’avoue que la partie “j’ai trouvé ma vocation” de Maxim dans la saison 02 m’a follement emballée. Forcément. Même si là, encore, rien n’est jamais rose. Y a ça, aussi. Toutes ces femmes, elles sont “normales”. Même si Laurence est très belle et Nikki charismatique et sexy, elles ne vivent pas dans des appartements insensément grands à New-York à jouer les galeristes en attendant le mari ou je ne sais quoi. Elles galèrent avec les mecs, avec le travail, avec la tune. Comme nous. Et la seule chose qui tient, c’est l’amitié, malgré les coups durs. Une histoire de gang de filles qui sonne comme une ode à la sororité qui fait du bien.
En attendant, faut vraiment que j’arrive à choper la saison 03 des Simone. Même avec mon VPN, c’est plus dispo. Et je suis pas encore prête à prendre un abonnement payant au Salto québécois.