Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

M’entends-tu, la série bouleversante que t’avais pas vu venir

Je ne sais pas trop à quoi va ressembler cet article mais j’ai eu un petit choc télévisuel la semaine dernière et il faut vraiment que j’en parle. Parce qu’il y a des histoires qui touchent en plein coeur. Qui restent en toi une fois l’écran éteint. Qui te font rire et même pleurer alors que tu t’y attendais pas. Tu finis la série pantelante, un peu triste que ce soit finie. Un peu déstabilisée, aussi. Et même un peu traumatisée par certains arcs narratifs. Et je dois comprendre pourquoi. Pourquoi m’entends-tu m’as autant tourneboulée.

M'entends-tu, série québécoise

Des paumées de la vie

Ca parle de quoi, “m’entends-tu ?”. C’est l’histoire de trois jeunes femmes, Ada, Fabiola et Carolanne, que la vie n’a pas épargnée. Issues de familles dysfonctionnelles, elles se battent comme elles peuvent pour survivre. Entre petits copains abusifs, dépression, alcool et situations cringe, la vie n’est pas rose. Mais leur amitié leur permet d’aller de l’avant quoi qu’il arrive et surmonter le pire. 

M'entends-tu écrit par Florence Longpré

Un personnage sans filtre qui aurait pu être agaçant

La série a été écrite par Florence Longpré. Ah oui, c’est une fiction québécoise, le Carolanne pouvait donner un indice. Florence Longpré, je la connaissais pour sa participation à Like-moi où elle joue souvent les grosses teubé, notamment son personnage de Gaby Gravel. Je l’avais également vue dans des matchs d’impro, à une époque où je regardais ça. Vous l’avez sans doute vue dans le sketch du mec qui ne veut pas regarder la photo du bébé. C’est la copine du gars en question. Donc pour moi, Florence Longpré, c’est plutôt une personne bien marrante. Elle interprète ici Ada qui est… Niveau “tu pars avec un lourd handicap dans la vie”, elle se pose là. Ada est la fille d’une prostituée alcoolique. Peu éduquée, elle doit se gérer, elle, ainsi que sa mère. Et a du mal à gérer ses relations sociales autrement que par la violence et par le sexe. Ada est drôle par contre-coup, parce qu’elle est inculte et n’a pas les bons filtres. Exemple de son histoire de lac salé. Elle est persuadée que les lacs sont salés comme les mers et son mec se moque d’elle avant de réaliser qu’elle n’a jamais vu un lac de sa vie. Au Québec, ça veut littéralement dire : la fille n’est jamais sortie de son quartier ou à peu près.

Ada dans M'entends-tu ?

Une pas très bonne personne mais une chère amie

A la première lecture, Ada c’est un personnage que je pourrais résumer à “mais pourquoi t’es conne comme ça ?”. Parce que dès qu’il y a une décision à prendre, même minime, elle choisit toujours la mauvaise. Voire la pire. Et c’est un personnage fort vulgaire et agressif. En vrai, Ada, sur le papier, ce serait une raison à part entière de détester la série. J’ai vraiment du mal avec les héros et héroïnes de type “waouh sans filtres, iel dit tout haut ce que les autres pensent tout bas”. Ce que j’appelle de parfaites râclures. Je déteste vraiment ce genre de personnages. Mais là où se situe la subtilité d’écriture, c’est qu’Ada a de l’empathie. Elle est lourde as fuck mais faut pas toucher à ses amis sinon, elle est capable de tout. Des fois trop d’ailleurs, cf la fin de la saison 01. Oui, je détaille pas, faut regarder.

Une diva au grand coeur

Si Ada prend beaucoup de place dans M’entends-tu, il ne faut pas oublier les deux autres personnages principaux, Carolanne et Fabiola. Fabiola, c’est un peu la maman du gang. Obligée de gérer sa nièce de deux ans car la mère de l’enfant est totalement camée, elle se débrouille comme elle peut entre un job de merde, un petit ami qui se fout clairement de sa gueule et une grand-mère catatonique. Leader naturelle de la gang des filles, elle les amène pour chanter dans le métro. Car Fabiola aime chanter et le fait très bien. Elle a souvent des paroles justes et réconfortantes même si elle a son lot d’emmerdes. 

Melissa Besnard incarne Fabiola

La rédemption de Carolanne

Et puis on a Carolanne qui, je crois, est ma préférée. Enfin, son parcours surtout. Lors des deux premières saisons, elle vit des trucs vraiment glauques et la série ne nous épargne pas quelques scènes assez crues, notamment de violences conjugales. Car oui, Carolanne est en couple avec Keven (avec un e

). Le prototype du manipulateur tendance violence qui la cogne plus souvent qu’à son tour. Fille d’un père violent, son histoire semble être un éternel recommencement. Et puis la saison 03. Après le pire vient la rédemption. Carolanne apprend enfin à s’aimer et qu’elle a de la valeur. D’ailleurs, elle est assez peu mise en avant lors des scènes de chant alors qu’elle s’en sort super bien. Je crois que c’est mon personnage préféré parce qu’on la voit sortir du pire pour juste accepter de vivre sa vie. Une trajectoire suivie également par sa mère. Et pourtant, Carolanne, ce sont les pires scènes de la série. Y a une scène en particulier, je crois qu’elle m’a traumatisée. Déjà parce que si je sentais le truc venir, je ne m’attendais pas à l’enchaînement et je suis restée collée sur ma chaise.

Carolanne dans M'entends-tu

J’aime bien mais pourquoi ?

Bref, M’entends-tu s’arrête au bout de trois saisons. Avec une vraie fin. Et je reste interrogative . Les histoires de bande de meufs, j’aime même si c’est souvent foiré. Genre Plan Coeur que j’ai détesté ou Girls que j’ai pas pu regarder plus de deux ou trois épisodes. Alors que finalement, on n’est vraiment pas loin. C’est un peu la même ambiance poisse de meufs qui galèrent dans la vie. Mais je sais pas Girls m’avait paru inutilement glauque et vulgaire avec des meufs pas très intéressantes et surtout pas très sympas qui subissent leur vie. Il me semble qu’Anna de Girls est à peu près aussi chiante qu’Ada mais avec un niveau d’égocentrisme bien plus élevé. Mais c’est surtout… On en revient toujours au même point : M’entends-tu sonne vrai. Déjà, j’ai remis à jour mon vocabulaire québécois et je vais intégrer “quétaine” à mon vocabulaire parce que je trouve ce mot rigolo. Peut-être que les Québécois ont plus de jurons que les Américains et qu’on peut avoir plusieurs choix qu’un simple fuck, je sais pas. Mais les dialogues de M’entends-tu, j’y crois. Les histoires, j’y crois. Alors même que certaines successions me paraissaient un peu abusées sur le papier. Mais ça marche. 

Trois filles sur les rails de la vie

Un nuancier juste

Bref, j’avais prévu un article sur la relation Keven et Carolanne pour ma série sur l’éducation amoureuse mais je devais parler aussi de cette série dans son intégralité car malgré ses moments difficiles, il y a aussi de beaux moments de joie, de rire… et de chansons. Peut-être que c’est ça qui me touche toujours dans les séries québécoises. On est toujours dans une juste nuance de gris. Et les choses sont dites sans fard ni voyeurisme déplacé. Et que même les personnages les plus insupportables finissent par devenir attachants. 

Les deux premières saisons sont disponibles sur Netflix sans même utiliser de VPN.

Nina

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page