Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

L’entrée tardive du héros, une chouette ficelle ?

Que je n’ai pas du tout appliquée pour le moment. Hello there ! Nous sommes en plein nanowrimo et à l’heure où je vous écris, je performe pas mal. Quel plaisir de retrouver l’écriture après un an de rien. Pas du tout parce que j’ai été trauma par l’immense échec de Green !, non… Non… Bref, back to basics, j’écris parce que j’aime. On verra ce qu’on fait de tout ça un autre jour. J’ai donc profité du nanowrimo pour me lancer dans l’écriture de quatre nouveaux romans. Et à chaque fois, le personnage principal pop au max au deuxième paragraphe. Pourtant, j’aime cette idée de l’entrée tardive du héros maaiiiiiiiiiis je l’applique pas du tout. Mais j’ai quand même envie d’en parler ! Donc aujourd’hui, on fait entrer nos héros tardivement.

Une entrée tardive dans un récit

Une méthode de narration

J’avais croisé ce concept dans une émission qui avait invité une réalisatrice ou scénariste qui expliquait que c’était son truc d’écriture. Alors je ne me souviens plus du tout de l’émission ni du nom de la personne et je ne retrouve pas de trace sur Internet donc je suis sincèrement désolée pour la personne en question. Appelons la Claire. Claire expliquait donc que c’était sa méthode de narration et j’ai trouvé le concept très intrigant. Déjà parce qu’on le croise assez peu. En général, si le héros n’intervient pas dans la première scène, c’est que celle-ci va te raconter une histoire annexe histoire de planter un peu le décor. Voire montrer le crime qu’il faudra résoudre.  Mais on va pas perdre trop de temps non plus. Surtout que Claire, elle est dans le média filmique. Celui qui a deux heures pour raconter son histoire donc on a moyen le temps de faire des petites fantaisies. Mais Claire, c’est sa patte.

Batman begins

Surprendre son audience, le saint Graal

Il est vrai qu’en tant que lectrice et en tant que scribouilleuse, je cherche l’inédit, la surprise. L’envie d’être soufflée ou de marquer la mémoire de mes lecteurs en mode “on l’avait pas vu venir”. C’est pas compliqué : un livre qui me surprend, il prend direct 5 points bonus dans mon échelle d’appréciation. Genre Coeur d’acier qui m’avait bien eu alors que je soupirais un peu des clichés… qui étaient justement là pour me perdre. Ce qui m’a fait un peu soupirer à la lecture d’Une quelconque aventure, aussi. L’univers était intéressant, le rythme d’écriture bon mais les clichés, les clichés. Surtout que, justement, pendant la lecture d’Une quelconque aventure, j’ai cru que l’écrivain nous avait bien eu en sacrifiant ce qui s’annonçait être le couple phare. Alors que la seule astuce dessus, c’est que la fille finit finalement avec le flic taciturne, sorte de trophée de fin d’histoire. Yay… Donc oui, j’aime les romans qui me surprennent. Si j’ai pas mal soupiré à la lecture de Game of thrones parce qu’ils passaient beaucoup trop de temps à papoter de sexe et de pouvoir en buvant du vin, force est de constater que l’auteur n’était pas avare en rebondissements surprenants. N’est-ce pas Ned ?

Une oeuvre qui massacre toujours ses héros

Autre oeuvre où il devient assez difficile de s’attacher aux personnages : The walking dead. On a eu droit à quelques morts assez… surprenantes. Parfois plus dans la série que dans le comic puisque dès le début de la saison 02, la série sacrifie Sofia. Une enfant. A l’inverse, le comic nous offrait dès les premières pages l’histoire de l’enfant qui tue son frère pour le transformer en zombie car les zombies, c’est cool. On devra attendre la troisième ou quatrième saison dans la série pour l’avoir. Oh et dans le comic, c’est Carl, petit garçon de 8 ans qui “règle” le problème. Et dans le comic, on a droit à une mort emblématique dans le numéro 167. Une mort qui a poussé l’auteur à écrire une lettre d’excuse à ses fans.

The walking dead, Andrea va mourir

Remplacer le héros principal tout à long de la saga

The walking dead et Game of thrones sont de bons exemples de personnages emblématiques qui arrivent tout au long du récit vu qu’on est sur de la saga longue. On perd même le héros principal au cours des événements et celui-ci peut se retrouver remplacé par quelqu’un étant apparu plus tard dans l’histoire. Quoi que dans Game of thrones, si la saison 01 tourne assez clairement autour de Ned, par la suite, il est difficile de déterminer qui est le héros principal. Et il n’y a pas tant de sang neuf durable que ça. A la fin du livre 02 ou de la saison 02 puisque les événements se suivent jusque là, il me semble que tous les personnages principaux sont en place. Sauf pour Dorne éventuellement mais qui a plus d’importance dans le livre que dans la série. Dans The walking dead, il n’y a guère que Negan qui apparaît tardivement. Et vu que j’ai arrêté la lecture du comics (au numéro 167, justement) et de la série, je sais pas ce que ce monsieur devient. 

Negan, un héros à l'entrée tardive dans la saga
Alors manifestement, il va pas super bien

Est-ce que ça sape pas un peu l’empathie ?

J’aime cette idée de l’entrée tardive du héros mais… il y a une question majeure. La question de l’attachement. Je me plains souvent d’avoir du mal à avoir de l’empathie pour le héros ou l’héroïne qu’on me demande de suivre. Ce qui me coupe relativement du récit. Pour avoir envie de savoir ce qu’il advient du héros ou de l’héroïne, il faut qu’on ait un minimum de sympathie pour sa personne. Le graal, c’est d’arriver à créer un personnage auquel on peut s’identifier. Mais du coup, casser le récit pour y intégrer le personnage principal un peu tardivement, n’est-ce pas risquer de rater ce travail empathique ? Je ne connais pas le travail de Claire vu que je ne me souviens pas de son vrai nom. Encore désolée. Mais le travail est deux fois plus compliqué. Pas forcément impossible, notez. Mais niveau investissement émotionnel, c’est délicat. Vous implantez une histoire avec quelques personnages qui émergent, les lecteurs-spectateurs commencent à s’attacher à l’un ou l’autre et là “non mais oublie, c’est lui ou c’est elle que tu dois suivre maintenant”. 

Un nouveau Thor a débarqué en ville

Evoquer la légende ou l’absence, c’est tricher

La gymnastique est tentante. Déjà parce que si tu gères avec délicatesse, joli effet de surprise. Il faut éviter naturellement de jouer sur la légende du personnage. Si tu écris une centaine de pages à base de “il y avait autrefois un superhéros déguisé en chauve-souris qui sauvait les braves gens” et que tu fais soudain surgir ton superhéros chauve-souris, c’est pas trop “faire entrer son héros tardivement” vu qu’il était présent en creux tout du long. Pareil pour les fils et filles prodigues. Déjà parce que tu niques un peu l’effet de surprise. “Ah, te souviens-tu de Madeleine, la fille du château disparue depuis dix ans”, “on l’aimait bien Madeleine”, “c’est là que Madeleine s’asseyait le soir pour lire”, “Madeleine aimait tant ce thé”, “Mais voici Madeleine”. Oh wah, vous avez passé une centaine de pages à parler de l’absente et la voilà qui réapparaît, quel plot twist de génie… Non. 

Juste la fin du monde, retour du fils prodigue

Une entrée en toute discrétion

Tel que je l’imagine, il faut même abandonner l’arrivée tonitruante. Pour le coup, The walking dead et Game of thrones gèrent pas mal. Tu as quelques héros qui surgissent un peu d’un troupeau. Surtout The Walking dead où nos braves héros rencontrent un petit groupe de survivants, ils sont trois, quatre. Et t’en as forcément que la moitié au mieux qui va survivre mais tu sais pas trop qui. Des fois, c’est carrément aucun. Ou tu crois que ça va être celui-ci ou celle-là, il commence un peu à s’illustrer et, pof, t’es mort. Tiens, y a Legend of Tomorrow un peu comme ça, le cast évolue pas mal et parfois, ils se ramassent un personnage que tu n’avais pas vu venir. Quoi que dans la dernière saison (en cours de visionnage au moment de l’écriture de cet article), tu la vois bien venir, la nouvelle. Après, pour le coup, les héros principaux changeant des séries, c’est aussi le lot des séries-soapinesques qui durent 107 ans. A la fin d’Urgences, t’avais plus personne du cast original. Ce doit être pareil pour Grey’s Anatomy où il ne reste qu’environ Meredith. Là, pour le coup, rien à voir avec un génie ou une volonté d’écriture. Mais plus le besoin de gérer le départ des acteurices saoulés par un personnage nian nian. Ou sortis parce que la créatrice de la série en a marre d’eux. Je digresse un peu, là, non ?

Meredith Grey, l'accrochée à son rôle
Elle a l’air bien fatiguée, quand même…

Bref, j’ai envie de réfléchir à cette arrivée tardive, de la travailler pour qu’elle passe crème et surprenne agréablement mes lecteurices. Oui, je mets ça au pluriel, quelle folie. Bon, ça ne marche dans aucun de mes projets actuels. Dans chacun de mes nouveaux romans, l’héroïne arrive direct. Quoi que dans Kat et Albert, j’aurais pu commencer par un laïus sur la situation politique fictive du Québec de mon histoire. Mais vu qu’on va suivre Kat dans cette histoire et qu’au début, elle s’en bat royal de la politique, ça n’aurait pas trop de sens. Et c’est juste un premier chapitre contexte, un peu de la triche. Hé oui, pas si facile de faire entrer le héros ou l’héroïne tardivement ! 

Nina

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