Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Jouer sur les clichés pour amener sur une fausse piste ?

C’est subtil et casse-gueule mais quand c’est réussi, j’aime ! Récemment, je vous ai parlé du grand mindfuck de la série The Woman in the House Across the Street from the Girl in the Window qui s’est légèrement joué de moi. J’ai un autre exemple assez sympa de manipulation des clichés qui t’amènent sur une fausse piste. Mais en moins absurde, tout de même. Nous allons parler de méchants super-héros avec Cœur d’acier. 

Coeur d'Acier

Un récit classique de résistance face à l’oppression

Je ne vais pas trop détailler l’histoire, j’en ai déjà parlé sur Dystopie. Mais en gros : y a des gens qui ont soudain des super-pouvoirs et ils s’en servent pour assouvir leur soif de pouvoir. Face à la dictature qu’ils installent, la résistance s’organise. Classique. Un classique que j’aime bien. La structure narrative offre assez peu de surprise dans sa construction. Le héros rencontre la résistance, il découvre leur structure, un petit coup d’éclat puis confrontation avec le Boss de fin de jeu. Les personnages m’évoquent pas mal de choses déjà vues ça et là mais pour le coup, ce n’est pas grave. Tiens, ce sera un bon sujet d’article, ça, l’originalité, je le note. Je continue de lire le roman avec plaisir, durant mes trajets en tram ou lors de mes pauses dej solo.

Jardin public de Bordeaux
C’est le jardin public de Bordeaux

Un arc narratif très convenu

Et puis il y a un arc narratif particulier. Je vais essayer de poursuivre mon propos sans spoiler car je vous recommande ce roman dans l’absolu. Sur cet arc, je lève parfois un peu les yeux au ciel, j’avoue tant ça me paraît convenu. Comme dit précédemment, je ne suis pas spécialement attachée à l’originalité mais là, je vois venir la conclusion à des kilomètres. Et je trouve la relation interpersonnelle entre deux personnages particulièrement forcée. Mon petit Brandon (c’est l’auteur), si tu n’es pas à l’aise sur ce type de terrain, abandonne-le au lieu de reprendre de vieilles recettes nulles. Surtout si tu ne les maîtrises pas bien. Là, je vois très bien où tu veux en venir, ça va finir comme…

Coeur d'acier

Bien joué, Brandon

Hé non ! Plot twist ! Cet arc prend soudain une direction totalement inattendue. Je… pardon ? Hé oui, c’était une fausse piste, ahah ! Je souris et mentalement, je fais un check à Brandon. Bien joué, gars, tu m’as eue. J’avais pas vu venir. Et forcément, je m’arrête de lire car mon esprit est déjà parti carburer. Est-ce que ce n’est pas une façon particulièrement habile de masquer un retournement de situation ? N’a-t-on pas matière, ici, à une jolie leçon d’écriture ? Si. Je prends donc mon clavier et c’est parti.

Lire et rire

Des fausses pistes pour cacher la vraie ?

Quand j’écris, je n’ai qu’une hantise : que l’on voit très bien où je veux en venir. Trop bien, devrais-je dire. Oui, car j’imagine toujours que des gens vont me lire, héhé. Alors que dans la réalité… Bref. Ecrire une fiction, c’est user de pas mal d’écrans de fumée pour essayer de ménager un peu de suspense, un peu de surprise. Je ne déteste rien de plus que de deviner le coupable d’un roman policier avant la fin. Surtout que je suis plutôt une lectrice passive, je me laisse guider par le récit. Mais quand les ficelles sont grosses, ça me demande un effort de ne pas les voir. Comme quand on regarde une série policière et que je devine la recette. Dans New York police justice, je sais plus quoi, le truc qui commence par un “Tum tum”, y a toujours un premier suspect qui s’enfuit en courant. Ce ne sera jamais lui le coupable. Dans Lucifer, le coupable est toujours l’assistant, l’ami un peu insignifiant du mort. Celui qui est là, échange trois ou quatre lignes de texte mais est vite oublié. Dans Détective Conan, le coupable est toujours la fille ou le père d’une personne tuée par la victime en quête de vengeance. Etc. Du coup, pour désamorcer les grosses ficelles, relions-les à une fausse piste ?

Detective Conan

J’essaie de cacher habilement mes intentions

Je suis attachée à garder la main sur mon récit. Si je tombe moi-même dans quelques pièges de clichés car je vis dans une piscine de fiction et certains m’imprègnent inconsciemment, j’essaie de cacher le rebondissement du mieux que je peux. Permettre au lecteur de s’exclamer “ah, je l’avais pas vu venir” et de me faire un check mental. Parce que l’écran de fumée doit être bien géré. Il ne suffit pas de raconter n’importe quoi. Je peux pas raconter l’histoire d’un super héros mystérieux et en fait, sous le masque, c’est une vieille dame de 78 ans fan de krav maga. Personne ne l’aurait vu venir, certes, mais personne n’adhèrerait à ce reveal. C’est comme les policiers où le coupable, c’est le passant de la page 37 qui demande l’heure. Quand c’est triché, c’est péché. Mais la fausse piste, c’est pas tant tricher quand c’est bien fait.

Jouer sur les clichés pour amener sur une fausse piste, écran de fumée narratif

Se faire balader comme une bleue

Bref, je retiens cette petite subtilité d’écriture car je l’ai vraiment bien aimée. Surtout que ce point précis de l’intrigue m’agaçait car je le trouvais vraiment lourdaud. Je suis tombée dans le piège. Et j’ai aimé ça. 

Nina

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