Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Le cliffhanger ou l’absence de fin ?

Je consomme des séries depuis mon adolescence. A l’époque où les chaînes de télévision diffusaient un peu les séries dans le désordre sauf… le dernier épisode cliffhanger. Même si j’ai assez peu de souvenirs de ces épisodes-là. Je me rappelle de quelques cliffhangers de X-files ou Urgences, puis Lost quelques années plus tard. Plus récemment, j’en ai croisé un dans Delete mais aussi un roman de type heroic fantasy et il est temps qu’on revienne un peu sur le concept. Parce qu’un cliffhanger, pourquoi pas mais j’aimerais quand même une fin à l’histoire que tu étais en train de me raconter, à la base.

Le cliffhanger dans les séries et les sagas

Un lien entre les saisons ou tomes

Reposons les termes pour commencer, histoire qu’on soit tous raccords. Un cliffhanger est un fil qui doit relier le tome, le film ou l’épisode que l’on est en train de regarder au suivant. Le fameux “to be continued” des histoires en deux épisodes, par exemple. Il ne s’agit pas forcément de fin ouvertes puisque la bribe d’histoire lancée à la toute fin sera reprise par la suite. Ce n’est pas à l’audience d’imaginer ce sur quoi cette fin pourrait donner. Plus qu’une fin ouverte, c’est une porte ouverte vers une nouvelle péripétie. Et je souligne le mot nouvelle car il est important.

Lost, la série à Cliffhanger

Donner envie de revenir

A la base, je trouve l’exercice de cliffhanger intéressant puisqu’il doit intriguer suffisamment pour donner envie de revenir. Cependant, faut doser. Typiquement les séries où il se passe peu de choses durant toute la saison et qui s’excitent sur la fin ou juste avant la coupure de mi-saison. Oui, je parle de toi The walking dead. Vraiment, j’aime l’univers de cette série. J’adore les univers post-apo qui imagine la réorganisation sociale à travers diverses communautés plus ou moins épanouissantes. Mais une saison de The walking dead c’est en moyenne: les épisodes 1 et 2 qui sont haletants, les épisodes 6, 7 et 8 qui contiennent un gros plot twist puis encéphalogramme plat jusqu’aux épisodes 15 et 16. Avec des cliffhangers sur les épisodes 7 et 16. Je pense qu’on pourrait regarder cette série en se contentant des épisodes que j’ai cités sans trop perdre le fil. Oui, un personnage secondaire voire tertiaire se sera fait bouffer. Oui, on aura eu droit à un épisode “origin story” d’un personnage dont on se fout un peu. Mais le gros de l’histoire est là. Et c’est un peu agaçant de voir que les scénaristes savent créer du suspense quand ils veulent. Comme quoi, 16 épisodes par saison, c’est peut-être trop.

Le pire cliffhanger de The walking dead

Je peux avoir une vraie histoire ?

Et puis il y a le cliffhanger qui tombe sur une histoire qui n’a pas vraiment commencé. Reprenons le roman de héroic fantasy suscité que je vais appeler “Dans la forêt magique”. Je l’ai reçu via service de presse et je savais que c’était un tome 1 mais… Au bout de 300 pages, l’histoire a à peine commencé en fait. Ok, on m’a placé les personnages et le contexte, y a eu un peu de bagarre et même une scène de sexe mais… rien n’a été bouclé sur ce tome 1. C’est juste une immense introduction. A la fin du tome 1, je ne sais quasi rien de plus qu’en entamant le roman. Le background des personnages est relativement étayé, je sais qu’il existe une menace et je situe à peu près sa nature mais… 300 pages pour juste poser un univers, et encore vaguement, c’est trop. Du coup, le roman se termine sur un “en route pour l’aventure” avec le méchant caché derrière un buisson sauf que… je m’en fous. Je ne sais pas pourquoi les héros partent en quête, autrement que parce que l’autorité légitime de service l’a demandé. Et surtout,  en tant que lectrice, je suis frustrée de ne pas avoir eu de vraie histoire.

Lectrice ennuyée

Il faut finir une histoire quand même…

Dans d’autres sagas du même genre, chaque tome comprenait sa propre histoire, prise dans une grande saga. L’épée de vérité, Les chroniques de Pern, L’assassin royal, même Game of thrones. La grande histoire évolue à travers une intrigue propre à chaque roman. Ce qui permet, normalement, à n’importe qui de pouvoir commencer la lecture par n’importe quel tome et ne pas être trop perdu. Moi j’aime bien lire dans l’ordre mais ce n’est pas une obligation. Finir un récit par des points de suspension plutôt que par un point final, ça se mérite. Tu peux pas lâcher ton “to be continued” si t’as même pas vraiment commencé. 

Bienvenue à Eden

Sors pas ton cliffhanger du chapeau

Et puis le cliffhanger, faut le doser aussi. Je déteste les astuces sorties du chapeau. “Ah, tu l’avais pas vu venir, hein ?”. Non, effectivement puisque ça n’a pas le moindre sens. On était à la limite de ça dans Delete où le cliffhanger pour amener vers la saison 02 n’a limite plus rien à voir. Certes, ça ne sort pas tout à fait de nulle part mais… on flirte avec la ligne rouge, là. J’ai souvent l’impression d’une suite un peu forcée, un peu “y a moyen de rallonger la sauce”. J’en avais parlé pour la série Ctrl Z dont la saison 01 se suffisait à elle-même mais… non, on va poursuivre, y a moyen de se faire encore des sous. Idem pour Qui a tué Sara avec sa saison 03 où on te sort des trucs totalement incohérents avec un Jean Reno en roue libre. Non mais à la limite, tu veux raconter cette histoire-là, écris-la avec de nouveaux personnages, hein…

Qui a tué Sara, une saison 03 de trop

Attrape-moi dès le début…

Bref, le cliffhanger m’agace car souvent, il est posé là parce que faut le faire mais qu’il n’est pas vraiment dosé. Comme un dessert beaucoup trop lourd et sucré après un repas fort honnête. Ou il autorise des fictionneurs à ne rien raconter pendant un roman ou un film avant de terminer par un “non mais attends, c’est après que ça devient intéressant”. Non mais pardon mais j’ai 80 bouquins non lus sur ma liseuse, une vingtaine disséminés dans ma maison donc ton “l’intéressant arrive ensuite”, c’est trop tard. A peu près le cas de tous les films Marvel/DC mettant un scène un héros de ligue 2 où il se passe rien pendant 2h à part des blagues malaisantes et à la fin, pof, une scène post-crédit qui relance de 10. Quoi ? Non vraiment les gars, vous n’avez pas le droit… 

Nina

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