Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Les personnages principaux ont des cojones en or massif

C’est toujours un truc qui m’amuse, ça. Souvent, quand je lis un livre ou que je regarde une série, un film, le personnage principal fait preuve d’un courage immense. Pas forcément sur des trucs oufs, hein. Mais je suis là “oh, wouah, ce personnage a des cojones en or massif. Moi, je me serais barrée en courant”. Alors comprenez bien qu’ici, quand je parle de cojones en or massif, je ne vais pas parler que de héros masculins. Il est vrai que j’aurais pu me contenter de parler de courage et ne pas choisir un attribut masculin aux accents virilistes mais… j’aime bien le mot cojones alors voilà. Retirez moi un point féministe, je le récupèrerai pendant que vous regarderez l’élection de Miss France.

Un personnage aux cojones en or massif

Un courage insensé et pas très malin

Revenons-en à nos moutons. Une des premières scènes qui me vient en tête sur le sujet, c’est la découverte d’un cadavre. Pas la découverte accidentelle. Non, celle où le héros ou l’héroïne devine à peu près ce qu’il va trouver. Mais il y va quand même, se ramassant un petit traumatisme au passage. Vous savez, cette scène où iel va voir un ami, un voisin et trouve la porte ouverte. Le visage se fige car iel sait que c’est pas normal et que ça va mal se passer. Malgré tout, iel entre dans l’appartement, continuant à appeler son ami·e qu’il finira par trouver mort. Parfois de façon bien gore. Perso, jamais de la vie je ne fais ça. Déjà parce que même si je suis pas sensible à la vue du sang, je suis pas super confort à l’idée de voir quelqu’un que je connais mort dans des conditions violentes. Ensuite parce que j’ai pas trop idée de ce qu’il y a dans cet appartement à la porte ouverte. Peut-être que la personne que je venais voir est juste absente et qu’il y a eu un cambriolage mais comment je peux savoir si c’est safe de rentrer là-dedans ? Je veux dire les bad guys sont peut-être toujours à l’intérieur et si j’y vais comme une grosse bourrine peu réfléchie, ça va être moi, le cadavre de l’histoire. En tant que personne de la vraie vie, prendre mon courage à deux mains, ce serait appeler la police. 

L'héroïne courageuse qui va voir s'il y a quelqu'un

Allons vivre une folle aventure !

Je parle de ça mais des héros et héroïnes aux cojones en or massif, elles ne font pas que découvrir des cadavres. Elles partent aussi en périple. Dans les années 80, c’était un peu un pitch classique de comédie d’aventure : l’aventurier au cuir dur qui se balade dans la pampa avec une fille de la ville qui a peur des araignées. Genre Crocodile Dundee, les Indiana Jones, A la poursuite du Diamant vert. Même Les dieux sont tombés sur la tête, il me semble. Bref, au début, la fille crie au moindre criquet croisé. Aaaaah. Alors perso, je ne me classe pas dans la catégorie des personnes courageuses mais le criquet, sauf s’il me saute en pleine figure, je gère. Les araignées aussi. Les serpents s’ils restent dans leur coin. Mais très vite, notre héroïne de la ville va se mettre à traverser un pont en ficelle qui menace de s’effondrer. Rentre dans des temples qui semblent blindés de pièges. D’ailleurs y avait un squelette à l’entrée qui l’a faite crier. Elles se balancent en lianes par delà les précipices. Traversent des eaux infestées de bêtes tueuses. Mais si tu bouges comme ci ou comme ça, ça passe. En gros, les héroïnes de trucs d’aventures, elles ont peur des décors de maisons hantées. Mais une action qui peut amener à leur mort, non, là, ça va. Alors que moi, au premier pont en ficelle, je dis à l’aventurier qu’il peut continuer s’il veut, moi, je l’attends à l’hôtel. 

Pont en ficelle pour mourir dans la jungle

Un courage en fonction du scénario

Alors pourquoi ces poussées de courage ? C’est absurde qu’un personnage qui hurle à la moindre mouche qui la touche ait les cojones de traverser le pont en ficelles. La réponse est cependant simple : si le personnage que l’on suit ne fait pas preuve de courage, y a pas d’histoire. Personne n’a envie de lire l’histoire d’une meuf qui se fait faire un massage et glande dans un jacuzzi pendant que Jack l’aventurier donne des coups de machette à des feuilles et trouve un trésor. Par contre, si on n’a pas envie de lire l’histoire de la meuf à l’hôtel, on serait pas contre être elle… Ok donc notre personnage doit faire preuve de courage pour qu’on ait l’histoire. Cependant, est-on obligé de passer d’une meuf qui a peur de son ombre à une meuf qui se balade en toute détente dans une grotte sombre en quelques dizaines de minutes ? Meuf qui est d’ailleur passée de “coincé en talon et robe/tailleur peu adapté à la marche” à Lara Croft. Genre Kathleen Turner dans A la poursuite du diamant vert. J’ai un peu envie de remater ce film à Noël, tiens.

A la poursuite du diamant vert

De gourdasse à badass

C’est toujours un fait amusant dans les récits où le personnage dépasse ses peurs : on passe d’un boulet bégayant à une figure ultra badass, yeah ! Un beau message d’espoir sur qui veut peut, etc. Sauf qu’il faudrait voir à pas trop écarter les curseurs départ/arrivée. Déjà, on va arrêter avec les héroïnes gourdasses. J’ai déjà dit que ce cliché me saoulait. Oh non, je suis pas capable de marcher sans chuter, ohlala. Même là, je rejoue à Final Fantasy VIII et la première cinématique de Selphie, la meuf tombe sans aucune raison. Bambi sur la glace style. La meuf est une mercenaire et environ trente secondes après sa chute nulle, elle saute d’un haut éperon rocheux. La cohérence, un peu quelqu’un ? C’est comme l’héroïne d’une Quelconque aventure. La meuf n’a aucune raison de suivre le joli garçon dont elle sait si peu dans ses aventures. Elle le fait juste parce qu’elle le trouve mignon. Moi aussi, j’ai trouvé des mecs mignons par le passé. Ca n’a jamais justifié que je me mette en danger de mort pour R.

George de la jungle

Un rebranding qui peut se justifier

Il y a quelques ficelles scénaristiques qui peuvent passer. Genre Total Recall où Doug passe d’un mec un peu lambda à un soldat badass car il retrouve les souvenirs de sa vie passée où il était mercenaire. Ou vit une simulation, choisissez votre camp. Là, je l’accepte. Mais passer d’un personnage qui a peur de son ombre à un personnage badass et devenu sexy parce que l’aventure lui a redesigné ses fringues, j’ai un peu plus de mal. Et vraiment, ça me fait rire. L’acte de bravoure sorti de nulle part, moi, je suis là “mais jamais je fais ça”. Alors que je suis une personne qui n’a pas du tout eu peur dans le Manoir hanté de Paris. Ni dans l’attraction Zombie d’Universal studio alors que mon mec me projetait sur les Sailor Moon pour qu’on se barre de là au plus vite.  Cette phrase a vraiment un sens, je vous jure. Oui, d’ailleurs, en parlant de Sailor Moon, on passe quand même d’une ado un peu niaise et peu futée en meuf qui sauve la planète d’une pagaille de méchants. Parce qu’elle est courageuse et qu’elle a le pouvoir de la Lune.

Sailor Moon

Doucement sur le putter

Et c’est vraiment parce que le passage du curseur de froussarde à badass est souvent trop exagéré que ça me fait un peu sortir de l’histoire. Même si, dans une histoire d’aventure, tu oublies vite tes réticences vu que ça va tambour battant. Faudrait vraiment que j’écrive un roman d’aventure façon temple oublié dans la jungle mais j’ai pas d’inspi. Vous allez dire que je mégote un peu avec mon histoire de cojones et vous avez raison. Au pire, oui, on ricane un peu mais j’ai de la tendresse pour tous ces films d’aventure des années 80 où la demoiselle en détresse se révèle pas si cruche et inutile que ça. Je crois que la Momie est pas mal intéressante pour ça mais… faut vraiment que je mate ce film. Oui, je me la racontais trop cinéphile depuis quelques articles, je remets le clocher au milieu du village. J’adore cette expression.

La meuf à cojones dans La momie

Arrêtez de crier devant les araignées

Bref, je plaide une nouvelle fois pour la nuance. Il y a un juste milieu entre un personnage qui a peur de son ombre et le héros ou l’héroïne qui ne craint plus rien. Faire évoluer son personnage, c’est bien. C’est souhaitable. Mais on peut peut-être y aller un peu piano sur l’état de départ et l’état d’arrivée. Et surtout… On peut arrêter avec les meufs qui crient devant des araignées ? Voire des toiles d’araignée ? Et là, je me dis que j’ai vraiment raté un article parfait de paie ton cliché spécial Halloween sur les femmes et les araignées. Cheh. 

Nina

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