Samedi 19h, j’observe. Face à moi Ibrahim et Rosalie discutent. Ils sont bien jolis tous les deux. Il ne s’agit pas d’un couple, non, du moins pas encore ? Je souris en coin en guettant les gestes. Ah, il lui touche le bras ! Bon, ok, il est naturellement tactile mais quand même, ils iraient bien ensemble… Et oui, je suis comme ça : je vois de la romance partout.
Je suis rangée des voitures
Déjà 3 ans et demi que je suis dans une relation de type monogame et parfois, l’étincelle me manque un peu. Vous savez, ce moment où ça commence à crépite. Vous n’êtes pas encore tout à fait sûr que ça va le faire mais que, quand même, y a de la tension dans l’air. Bon, après, je me souviens que la séduction, c’est bien galère. Tu tombes parfois (souvent) sur des connards. Parfois, tu te retrouves à planter frénétiquement ta paille dans la glace pilée de ton cocktail en te disant que tu serais in fine bien mieux chez toi à manger des chocapics en matant une série à la con. Alors du coup, j’ai ma méthadone : j’imagine des romances dans mon entourage.
Imaginer une romance secrète
Ainsi, je me suis écrit l’histoire de Clémentine et Nicolas. Deux de mes anciens collègues. Bien jolis tous les deux. Y avait comme un crépitement quand ils étaient proches l’un de l’autre. Mais il y avait Ludivine aussi qui avait partagé une danse fort remarquable avec Nicolas lors d’une soirée. Le triangle amoureux s’annonçait tendu. Sauf que j’avais oublié Antoine dans l’équation. Antoine ? Un autre collègue qui partage de nombreuses apartés avec Ludivine. Quelques gestes un peu discrets, des langages corporels qui ne laissent guère la place au doute. La vérité ? Je ne la saurai peut-être jamais mais en fait, je m’en fous. J’ai l’histoire dans ma tête et dans mon petit cerveau, pas de fin en eau de boudin. Pas de fin du tout puisque seul le début m’intéresse.
De la belle matière première
Tout ça, c’est de la matière. Dans les romans, il y a souvent des débuts d’histoire. Peu importe le contexte, que vous soyez dans un roman policier, du médiéval fantastique, de la dystopie ou ce que vous voulez, il y a souvent un début d’histoire dans l’histoire, un “ce que vous vivons est trop fort pour le vivre seul”. Et j’aime bien tenter de créer une tension romantico-érotique dans mes romans, poser le premier baiser comme quelque chose soit d’attendu, soit de soudain… Je dis “tenter” car je ne suis pas sûre de toujours bien le faire, notez. Dans Green ! par exemple, je suis assez contente d’une scène de premier baiser, pas du tout d’une autre que je vais refaire. Du coup, j’observe, je note dans ma tête.
Je ne répands pas les rumeurs, je rêvasse juste
Alors ça pourrait faire un peu cancanière. La fille qui “espionne” les gens pour savoir si y aurait pas de la rumba dans l’air. Sauf que déjà, je partage pas mon ressenti avec la terre entière. Pour Ibrahim et Rosalie, j’en ai juste parlé à Victor qui a dit “ah oui, non, je sais pas”. Pour les autres, à ma collègue chouchoute qui m’a bien aiguillée sur le duo Ludivine-Antoine, j’avoue et puis… Ben si j’ai tort, je resterai sur un “dommage, ils allaient bien ensemble je trouve”. Si j’ai raison… et bien je serai ravie pour eux. Et j’en resterai là. Je n’ai pas besoin de regarder à travers le trou de la serrure pour assouvir une quelconque curiosité. Je suis outrageusement romantique, pas scopophile.
Aujourd’hui, je commence mon nouveau boulot… J’espère que je vais avoir matière à imaginer de nouvelles romances !