Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Trois mille ans à t’attendre, le film parfait pour moi

Ohlala, Nina cinéphile, c’est en 2022, c’est fou. Oui, je suis encore allée au cinéma et oui, je vais arrêter de faire mes intros sur les films en débutant par souligner le fait que je suis allée au cinéma. Surtout que j’ai encore Coup de théâtre, L’origine du mal, Leïla et ses frères et Don’t worry darling à voir. Pour ceux que j’ai repérés… Parmi les films que je voulais voir à tout prix, je m’étais donc noté Trois mille ans à t’attendre. Parce que George Miller, parce que Tilda Swinton. Et surtout parce que le pitch commence par “c’est l’histoire d’une narratologue…” et forcément, quand on écrit un blog qui s’appelle “Raconte-moi des histoires”, ça intrigue.

Trois mille ans à t'attendre

Un génie dans un flacon

Donc l’histoire ! Alithea est une narratologue reconnue qui vient faire une conférence à Istanbul, ville regorgeant de mystères. Victime des débordements de son imagination, Alithea est assez éprouvée par son voyage. Mais elle n’est qu’au début du périple car en nettoyant un vieux flacon qu’elle a trouvé dans une petite boutique, elle fait apparaître un djinn qui lui propose trois voeux.

Le flacon du génie

Un génie qui a vécu tant de choses

Prudente, elle refuse de faire le moindre voeu, sachant le prix à payer de ce genre de marché. Le djinn va alors lui raconter son histoire, de l’époque de la Reine de Saba à la fin du XIXe siècle dans l’Empire Ottoman. Des histoires que la narratologue qu’elle est va écouter avec grande attention avant de faire un premier voeu. 

Le djinn de Trois mille ans à t'attendre

Des histoires dans l’histoire

Ce film est donc une gigantesque mise en abyme, une poupée de gigogne fantasmagorique. Je vais rapidement souligner l’esthétisme du film. Oui, moi, je m’intéresse aux histoires mais je ne suis pas insensible aux belles images. Alors, oui, avec George Miller, je sais qu’il y a un soin particulier à la photographie. Et vraiment, Trois mille ans à t’attendre est beau. Mais surtout, on a droit à plusieurs histoires dans un film. Celle d’Alithea, agrémentée de quelques étranges visions puis les différentes histoires du djinn. Des histoires qui nous absorbent comme elles fascinent Alithea, écoutant bouche bée l’étrange être qui a fait irruption dans sa vie.

Du réel ou de l’imaginaire

Et moi, j’adore les histoires. Trois mille ans à t’attendre peut faire penser à un Forrest Gump exotique. L’histoire classique d’un gars qui raconte sa vie, entrecoupée de petites scénettes de retour au présent. Ici, le djinn raconte son histoire à une seule narratrice mais c’est le même système. Une histoire, un retour au présent, une histoire… Avec quelques petits trucs en plus comme le chapitrage en image pour nous ramener dans l’univers du livre. Mais il y a de la magie dans cette narration, du fantasmagorique. Car le film nous pose une question tout du long. Une question que se pose Alithea elle-même. Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui est inventé ? Nous raconte-t-on une histoire d’amour, l’histoire d’une belle rencontre dans une ville exotique ou une histoire de pure imagination ? 

Tilda Swinton dans Trois mille à t'attendre

Où commence le rêve ?

Car les indices pointant dans l’une ou l’autre des directions sont nombreux. La forte imagination d’Alithea, la première aventure imaginaire avec son ami imaginaire d’enfance, le matériel créé pour lui donner vie que l’on retrouvera par la suite pour le djinn. Le film ne répondra pas et c’est heureux. Les indices s’imbriquent selon ce qu’on a envie de voir. Ce que l’on a envie de croire. Miller met en scène le plus grand défi de la narration : impliquer celui qui reçoit l’histoire. Pas mal de films ne nous demande aucun effort d’implication. Prends l’histoire qu’on te raconte et tais-toi. T’as de toute façon pas le temps de te poser des questions, l’action te tombe dessus toutes les cinq minutes. Ici, c’est vraiment une histoire d’amoureux des histoires. Tous les ingrédients sont sur la table, à toi de créer ta salade. Et je ne suis pas certaine d’avoir décidé ce que je ferai de tout ça. Histoire d’amour ou histoire d’imagination ? Je vais y réfléchir encore un peu.

Idris Elba dans 3000 ans à t'attendre

Une narration originale

Je m’extasie des narrations originales à partir du moment où elles touchent leur but. Ici, ce que je trouve particulièrement réussi, c’est qu’on mélange les ingrédients d’une narration conventionnelle pour aboutir à un produit différent. Il y a le côté magique d’une rencontre dans un bel hôtel en plein dépaysement. Hôtel qui est d’ailleurs le Pera Palace qu’on voit également dans la série Minuit au Pera Palace avec la même histoire de la chambre d’Agatha Christie. Et j’ai super envie d’y aller maintenant mais vu que j’ai décidé de ne plus trop prendre l’avion, je vais déjà me renseigner sur l’histoire de cet hôtel. Si l’occasion vient un jour… Puis on mêle ça à ce style “histoire d’une vie” chère aux Américains, les Forrest Gump, Benjamin Button, Le majordome… Là, au moins, on échappe aux traumas de la guerre du Viêt-nam et de la mort de Kennedy. Des éléments classiques pour un récit follement original. Et sinon, je veux absolument assister à la conférence d’Alithea sur la persistance et l’évolution des mythes, ça a l’air super intéressant.

Alithea dans 3000 ans à t'attendre

Je veux devenir narratologue

Malheureusement, le film commence déjà à sortir des salles alors qu’il est splendide à tous les niveaux. Si vous avez moyen de le voir. En attendant, j’ai décidé. A partir de maintenant, je ne me définirai plus comme écrivaine (du dimanche) mais narratrice. Car moi, ce que j’aime, ce sont les histoires. A la folie. Et me pencher sur la narratologie aussi parce que c’est une vocation qui me fait rêver.

Nina

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