Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Ton personnage, j’ai pas d’empathie pour lui

L’avantage de ne pas avoir trop le temps d’écrire, c’est que ça me permet d’avoir quelques livres d’avance à chroniquer. Ou pas, il y a certains bouquins sur lesquels je n’ai rien à dire. Depuis que j’ai abandonné « Je suis Pilgrim », j’ai avalé la promesse de l’ange de Frédéric Lenoir et Violette Cabesos, Piégée de Lilja Sigurdardottir et Un monde après l’autre de Jodi Taylor. Et autant vous dire que réussir à créer un personnage suscitant un minimum d’ empathie, c’est vraiment un sacré challenge.

Une héroïne sur trois m’a touchée

Sur ces 3 romans sus-nommes, nous avons 3 héroïnes : Johanna, Sonja et Maxwell. Et bien autant vous dire que je n’ai eu de sympathie et donc d’empathie que pour la 2e. Je ne sais pas encore si j’écrirais un jour un article sur ce roman donc à tout hasard : je vous le conseille. Alors pourquoi Johanna, Maxwell et ce bon vieux Pilgrim, qui n’a jamais été appelé ainsi pendant les 400 pages que je me suis cognées mais j’ai oublié son nom, ne m’ont pas émue ? C’est un peu difficile à lister mais en gros…

Leurs réactions sont illogiques

Alors ça, ça me rend hystérique aussi dans les séries ou au cinéma, quand un personnage fait un truc débile alors que s’ouvrait devant lui un autre chemin tellement plus joli et évident. C’est souvent le signe d’un scénario mal maîtrisé, un peu un « Merde, je dois déclencher un nouvel événement, comment faire… Ah ben tiens, mon héros/héroïne va sauter de l’immeuble en parachute. Oui, ok, il aurait pu prendre l’ascenseur mais c’est pas badass ». Un peu ce genre. Alors je sais qu’au naturel, je suis pas la fille la plus aventurière du monde. Je suis à -17 sur l’échelle du trépidant. Je ne cours pas pour descendre les escaliers car j’ai peur de tomber… Monter en courant, je peux par contre. Mais y a des moments où les personnages prennent des risques TOTALEMENT inutiles juste parce qu’ils raisonnent n’importe comment. Du coup, plutôt que de m’inquiéter pour eux, je m’agace de leur manque de jugeotte.

Prometheus

Ils se noient dans un verre d’eau

Le suspense est quelque chose de difficile à installer, notamment dans l’univers polar/thriller. On suit donc le personnage dans sa perception de l’énigme à résoudre, on dispose du même faisceau d’indices qu’eux. Or il arrive parfois que nous trouvions qui est le coupable avant la résolution de l’énigme… parce que c’est évident. Mais l’écrivain·e a choisi de ne pas arrêter son récit là. Et pendant les 100 pages restantes, on a envie de leur hurler qu’ils sont cons. Parfois, c’est juste qu’ils se noient dans un verre d’eau, qu’ils cherchent une solution et partent dans des pensées complexes. Alors que la solution est ultra simple et tu passes une partie du roman à soupirer devant les fausses difficultés du personnage.

Pretty Little liars, des héroïnes qui subissent
« Mais comment elle sait tout, A. ? » Et jamais vous cherchez des micros, par hasard ?

Je ne les connais pas

Et là, on touche au cœur du problème. Je sors de mes romans pour parler du docufiction Mars qui est extrêmement révélateur du problème. Dans le 1er épisode, un astronaute, Ben, est salement blessé. Tout ce 1er épisode va s’organiser autour de la survie du groupe en général et de la sienne en particulier. Sauf que j’ai vu ce mec 5 mn en cumulé et suivre son agonie et celle de ses camarades qui se mettent en péril pour le sauver… Ben je m’en fous, en fait. Surtout qu’on avait en parallèle un laïus en mode « oui, on peut mourir mais c’est pour la science donc on est en paix avec ça ». Alors pourquoi vous êtes tous prêts à crever pour un mec qui a 9 chances sur 10 d’y passer ?

Comment avoir de l'empathie pour un personnage que je ne connais pas

Même le prénom, je l’ai pas

Autre problème : le nom. Dans Pilgrim, le mec a plein de nom parce que espion, tout ça… Du coup, j’avais du mal à vraiment m’intéresser à lui. Mais le pire, c’est Un monde après l’autre. Les personnages s’appelaient par leur nom de famille et donc notre héroïne était Maxwell voire Max. Pourquoi pas. Par contre, je n’ai pas compris si son prénom était Madeleine ou Lucy vu qu’elle a eu droit aux 2. Pareil, un autre personnage est soudain appelé par son prénom au bout de 200 pages, prénom qui avait dû apparaître dans une phrase de type « Je te présente Baptiste Tartempion qui fait ci, ça et ça et pia pia pia ». Le mec sera appelé alternativement chef et chef tartempion. A ne pas confondre avec Boss, c’est un autre personnage, ça. Du coup, quand y a un Baptiste qui pop tout à coup, je perds quelques secondes à comprendre de qui on me parle. Le nom est important, un personnage peut être nommé différemment selon qui s’adresse à lui… Du coup, autant je peux admettre que je ne suis pas toujours 100% attentive quand je lis, autant un roman où j’identifie mal plusieurs personnages… Le souci ne vient pas forcément que de moi.

Un métamorphe dans Terminator

Leurs motivations sont pétées

Là, c’est surtout le cas de la promesse de l’ange où la psychologie du personnage est un peu… surréaliste, dirons nous. Pendant tout le roman, je secouais la tête dès qu’elle justifiait un acte n’importe comment. Non, meuf, tu n’as pas le droit de piller une tombe parce que tu as fait un rêve chelou quand tu avais 8 ans. Oui, c’est le vrai pitch du roman. Son obsession la rend d’ailleurs absolument insupportable.

Une petite fille dort

Ils sont insupportables

Justement. Que ce soit Johanna, Lucy-Madeleine ou le Pilgrim, ce sont des gens que je n’aurais aucun plaisir à rencontrer dans la vraie vie. Johanna et Pilgrim sont très imbus d’eux-mêmes, Lucy-Madeleine est lourde… mais vraiment en fait. Elle m’a fait penser à plusieurs reprises à la Mickey du roman horribilus… en mieux écrit néanmoins. Ouf.

Leila Bekhti dans Polaire, un personnage insupportable

Un personnage ne peut faire l’unanimité

Construire un personnage qui va plaire aux gens est un défi… colossal. Peut-être qu’il est même impossible de créer un personnage faisant l’unanimité, ça doit dépendre de notre sensibilité, je suppose… Mais s’ils pouvaient arrêter d’être cons, ça me faciliterait l’empathie.

Nina

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