Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

L’origine du mal : petite triche d’écriture 

Le week-end dernier, je suis allée deux fois au cinéma ! Deux. Je vous parlerai du premier film demain sur Dystopie. Le deuxième film, je l’ai vue seule dimanche car j’étais fort intriguée par une bande-annonce que mon imagination a totalement tordue. Car avec L’origine du mal, je pensais avoir affaire à un policier « meurtre au manoir » façon Agatha Christie. En fait, on a bien une famille où tout le monde se déteste. Mais c’est plutôt du drama bourgeois mâtiné d’une touche de polar. Et en sortant de la salle, j’étais dubitative. 

L'origine du mal

Une fille adultérine apparaît

L’histoire de L’origine du mal en bref : Stéphane, trentenaire peu épanouie dans sa vie, décide de contacter Serge, son père biologique à qui elle n’avait jamais parlé. Très vite, elle se retrouve propulsée dans une famille follement riche et bourgeoise qui barbote dans l’animosité. Bousculée par Louise, la femme de Serge, la fille George et la petite-fille Jeanne, Stéphane va, rapidement se retrouve et au cœur de manigances familiales. 

Stéphane dans L'origine du Mal

De bons acteurices, une écriture bof

Voilà pour le résumé grosso merdo. Un avis rapide : les acteurices sont excellents. Sauf peut-être Celeste Brunnquell mais vu que j’ai pas compris l’intérêt du personnage, je suppose qu’elle a fait ce qu’elle a pu avec ce qu’elle avait. Autre point positif : Porquerolles. Que de souvenirs ! Pour le reste… L’écriture est faiblarde et notamment deux gros points. D’abord le plot twist majeur arrive beaucoup trop tôt. Franchement, il aurait été décalé de quelques scènes, il aurait eu un impact tellement plus fort. Excellent exemple d’écriture qui te transforme une histoire top en histoire bof. Mais j’ai un autre exemple de ce sujet dans ma besace donc on va laisser ça de côté pour aujourd’hui. 

La veuve, la fille et la petite-fille

Une sensation bof en sortie de séance

Là, je vais vous parler triche d’écriture. Attention, à partir d’ici, je vais spoiler donc si vous voulez voir le, film, revenez lire mon pia pia plus tard. Donc. En sortant du film, je suis allée me promener un peu en attendant Victor. Je repensais au film, essayant de me faire un avis définitif. J’étais sur un bof mais quand même… quelques bonnes idées, des acteurices que j’aime bien. Oui, déjà j’y suis allée pour Laure Calamy pour qui j’ai une grosse sympathie. Puis j’avais oublié qu’il y avait Dora Thillier dedans alors que je l’aime bien, aussi. Mais non, y a un truc qui ne va pas. Au-delà de la gestion du plot-twist et de la résolution qui est aussi très faiblarde. Et puis soudain, j’entends le clac des pièces qui se mettent en place. Je sais. Le réalisateur a menti à ses spectateurs et de façon grossière. 

L'origine du mal, tournage

Une scène pour nous désorienter

Pour comprendre, je dois vous révéler le plot-twist. Donc on apprend vers le milieu du film que Stéphane s’appelle en vérité Nathalie et que la vraie Stéphane est sa meuf, actuellement en prison. Tout se justifie par le fait que Nathalie chasse habituellement de la meuf en prison et qu’elle a plusieurs fois usurpé des identités. OK. On découvre donc une autre face de Stéphane-Nathalie en mythomane de génie excellente pour s’humidifier l’œil quand il le faut. Pourquoi pas. Sauf qu’en tout début de film, il y a une scène qui casse tout. Une scène absolument anodine qui casse tout. On voit Stéphane-Nathalie seule dans sa chambre en plein stress qui commence à passer un coup de fil mais raccroche dès que quelqu’un répond. Deux scènes plus tard, on la voit réitérer et on comprend qu’elle appelle Serge, son père biologique. Enfin, celui de Stéphane. 

Jacques Weber et Laure Calamy
Typiquement, cette scène aurait été géniale si elle avait eu lieu avant la révélation du plot twist

Un comportement qui n’a pas de sens

Reprenons. Nathalie est donc une arnaqueuse très douée pour simuler de fortes émotions. OK. On apprend que son truc, c’est choper des meufs en prison pour en tirer quelques bénéfices. Dont l’usurpation d’identité, délit pour lequel elle a été condamnée plusieurs fois. Quand elle délaisse Stéphane qui se morfond, une co-détenue lui explique « elle est comme ça Nathalie ». Et on comprend, à partir du plot twist, qu’elle est froide et déterminée. Alors pourquoi me l’avoir montrée tremblante de peur alors qu’elle est seule dans sa chambre et qu’elle exécute un plan qu’elle semble mûrir depuis un moment ? 

tournage, clap de début

Je dis triche !

Autant la scène où elle appelle avec plein de tremblements dans la voix, je l’ai. J’aurais pu comprendre qu’elle appelle plusieurs fois sans parler histoire de donner du poids « j’ai essayé plusieurs fois mais j’avais pas le courage ». Mais là, non. Y a triche. Le réalisateur n’a inclus cette scène que pour me duper. Son personnage n’a aucune raison d’agir comme il le fait dans cette scène. Nathalie nous joue la comédie, à nous. Pas Laure Calamy. Nathalie. Ah bah oui, casse le quatrième mur en loucedé, on te dira rien. 

Laure Calamy dans L'origine du mal

Ne pose pas ton personnage n’importe comment

En bref, j’ai l’impression que Sébastien Maunier, le réalisateur, ne sait pas raconter correctement une histoire. Outre le plot twist qui arrive beaucoup trop tôt et sa manie de diviser l’écran en 2,3 ou 5 pour mettre tous les personnages de face plutôt que de jouer sur des champs, contre-champ ou, pourquoi pas, un grand angle ? Sans parler du personnage de Jeanne qui sert à rien sauf à balancer une tirade nulle vers la fin du film. Mais surtout cette triche, là. Cette scène qui dit clairement « j’arrive pas à poser exactement mon perso comme je veux donc je triche ». Et je dis non. 

Le split screen
C’est vraiment tiré du film

Ca m’a irritée

Y a une vraie leçon d’écriture à retenir de tout ça. Si tu dois tricher en créant une scène juste pour ton audience, créant au passage une belle incohérence, c’est que ton histoire ne tient pas . Alors peut-être que la plupart des gens ne t’en tiendront pas rigueur et aimeront L’origine du mal. Peut-être que c’est juste moi et ma casquette auto-attribuée de narratologue. Mais franchement ce cast méritait mieux que ce pseudo polar à beau paysage. 

Nina

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