Oh oui, appelez-moi Alfred Musset. Je vais me lancer dans l’écriture de mon Lorenzaccio, attention. Alors non, on va redescendre d’un cran direct. Ici, je ne vais pas parler de romantisme dans le sens “héros sombre et tourmenté” mais dans le sens “comédie romantique”. Quoi ? Moi ? L’ennemie absolue des Love actually et leurs amis, je me détends du string sur le sujet ? Alors oui et non. Je trouve toujours Love actually pénible et problématique sur certains points. Mais il semble qu’en parallèle, je suis un peu plus sensible aux histoires de coeur, au point de m’être lancée à en écrire une pour mon nanowrimo. Enfin, prétendre en écrire une car niveau emploi du temps, je galère.
Oh bah une love story qui me touche ?
Parfois, je me mate des séries netflix et des séries parfois bien intenses comme j’aime. Faut dire qu’en ce moment, j’ai le cerveau fatigué de mon apprentissage de mon nouveau secteur d’activité même si je commence à passer au-dessus des nuages. Je devrais donc remplacer la fatigue d’apprentissage par la fatigue hivernale et retrouver ma belle énergie en mars, à peu près. Donc j’enchaîne les séries niaises. Genre Le tailleur, série turque que j’ai pas finie mais que je trouve de plutôt bonne facture, j’en reparlerai. Mais surtout “En un battement”, une télénovela colombienne nulle sur pas mal d’aspect, à commencer par le talent des acteurices. Mais y a une scène d’amour que j’ai trouvée super chou. Pas très torride alors que c’est censé l’être, plutôt touchante. Et ça m’a intriguée parce que normalement, je m’en fiche un peu de ça, surtout dans des séries un peu mal écrites et mal jouées. Parce qu’à l’inverse, je reste marquée à vie par la romance Kala-Wolfgang, écrite très précisément pour me mettre dans cet état-là.
Un coeur en lambeau, littéralement
L’histoire, pour commencer. Simon et Valeria sont un couple très heureux. Ils vivent leur meilleure vie dans une pizzeria où Simon cuisine et Valeria joue de la trompette. Gros point originalité ici, c’est la première fois que je vois un personnage trompettiste. Ils ont deux enfants et Valeria vient même de gagner un marathon. Son arrivée est immortalisée par Camilla, photographe passionnée qui photographie Valeria et part en courant car elle est un peu en retard pour son mariage avec Zacaria. Sauf que pendant la cérémonie, la mariée s’effondre. Son coeur, qui n’allait pas très bien, est en train de lâcher. Si elle n’a pas de transplantation cardiaque, elle va mourir. Mais c’est mal barré vu qu’elle n’est pas en tête de liste et qu’on ne trouve pas un coeur comme ça.
Le coeur de la trompettiste
Mais Zacaria est puissant. C’est le conseiller d’un gros moustachu vulgaire en lice pour être le prochain président. Et justement, Zacarias est contacté par des hommes mystérieux lui proposant un coeur. Et devinez qui a un coeur compatible ? Valeria, la trompettiste. Elle se fait donc kidnapper et voler son coeur, implanté sur Camilla. Peu de temps après, Camilla et Simon se rencontrent de façon fort fortuite et commencent à développer des liens amicaux, jusqu’à ce que… ils finissent par niquer dans une serre dans laquelle ils s’étaient réfugiés pour échapper à la pluie. Tiens, c’est une idée, ça, niquer dans une serre. Je note.
Pourquoi cette montée en tension marche ?
Bon, comme vous pouvez le constater, il n’y a rien d’extraordinairement original dans cette histoire, à part la trompette. Mais si la série est ratée sur de nombreux points, notamment les montées de tension érotique des autres couples de la série, là, ça marche. Et je ne sais pas pourquoi. Mais forcément, j’ai envie de creuser un peu parce que ça peut me servir. Oui, être passionnée de narratologie pour essayer de reproduire ça chez soi, c’est comme être un gourmet qui fait le tour des meilleures tables en essayant de reconnaître les ingrédients d’un plat qui le fait réagir. C’est pareil. Et vraiment, ça m’échappe que la série réussisse ça alors que le reste… Je veux dire, on a un autre couple en formation, celui de Samantha, la fille de Simon, et Tomas, un espèce de rockeur du dimanche qu’elle a trouvé en pleine overdose alors qu’elle lui livrait une pizza. Et pendant deux ou trois épisodes, ils se tournent autour en se parlant mal genre “t’es pas mon type”, “non, toi, t’es pas mon type”. Ah, zut, un peu comme dans mon roman du nanowrimo. Et là, y a une leçon. Le “je te déteste puis je t’aime”, c’est hyper compliqué à manier. Neuf fois sur dix, ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Bon, là, en prime, l’actrice qui joue Samantha est très mauvaise. L’acteur qui joue Tomas est un peu meilleur mais meilleur que nul, bon… Pour dire, à un moment, y a une scène où ils doivent fuir pour leur vie, ils jouent tellement mal la panique que j’ai totalement été sortie de la fiction.
Détruire le mari pour accepter l’amant
Pour le couple Simon-Camilla, ça marche. Alors que ce n’est pas subtil. Surtout rapport à Zacaria. L’histoire nous raconte qu’il est si amoureux de Camilla qu’il est prêt à tout pour la sauver. Ok. Et effectivement, au tout début, c’est quasi l’homme parfait. Si on excepte qu’il ordonne de tuer une femme pour voler son coeur. Ca, c’est pas très sympa. Rapidement, il vire un peu jaloux et se montre peu courtois avec Simon la première fois qu’il le croise. Mais encore, ça peut s’expliquer par le fait que garder en vie sa chère épouse lui a coûté un peu cher et pas que financièrement parlant. Mais quand il est temps qu’on prenne fait et cause pour le couple Camilla-Simon, on voit notre ami Zacaria besogner avec ardeur sa secrétaire sur son bureau. Quoi ? Certes, l’infidélité est un ingrédient basique de la télénovela et le mec de pouvoir qui tringle sa secrétaire un peu salement, c’est limite dans la to do de n’importe quelle série du genre. Je suppose que c’est hérité d’une société assez machiste mais dans les télénovelas, t’as vraiment les vertueuses qui ne couchent que par amour et les autres qui le font par carriérisme. Ok, ok…
Tout est cliché et triché
Donc pour que nous acceptions la relation Camilla-Simon, qu’on soit de leur côté, on nous sort toute la panoplie. Simon discute avec le fantôme de sa femme qui lui donne sa bénédiction. Camilla trouve que, finalement, Zacaria est un gros connard. Certes, c’est un peu indiscutable au vu du paragraphe précédent mais ils ont changé la personnalité du boug’ en cours de route, en fait. Donc non, le couple Camilla-Simon, j’achète pas. De toute façon, sorti de la scène de la serre, il ne reste pas grand chose. Scène assez cliché au demeurant puisqu’ils dégoulinent de pluie. Et c’est pas super bien filmé en plus. Pause pour résumer : on a une série mal écrite, plutôt mal filmée, avec des acteurs qui sont souvent à côté de la plaque. Un couple qu’on me vend aux forceps, des personnages qui changent de personnalité en fonction des besoins du scénario. Ah ok, y a rien qui va. Et pourtant ?
Des personnages sympas
Je crois avoir mis la main sur un ingrédient secret : les personnages sont sympas. Dans le sens où tu me dirais que je vais passer une soirée avec eux, ça ne me dérangerait pas. Enfin, dans leur version première partie de la saison 01. Et quand ils sont ensemble. Parce qu’on prend le temps de nous montrer deux ou trois scènes anodines où ils passent du temps ensemble. Camilla offre la photo de Valeria qu’elle avait prise au marathon à Simon, Simon lui apprend à cuisiner de la pizza. Il y a un certain sens du réel ici qui manque cruellement dans le reste de la série. Les petits moments anodins que passent Camilla et Simon ensemble, on pourrait tous les vivre. Pas précisément les mêmes, j’ai jamais dragué autour d’une pâte à pizza mais ces petits riens qui permettent une identification.
La magie du premier regard
Ok fine, mais pourquoi, moi, je suis dans cette période romantique ? J’en fais quoi de tout ça ? Ah oui, j’écris donc une fiction romantico-sexy… Enfin, sexy, je sais pas vu que je ne suis pas du tout arrivée à une scène de cul. J’ai déjà pas atteint la step “scène de baiser” alors bon… Je sais pas du tout comment ça va partir ce truc là. Ca vient peut-être du fait que je suis en couple depuis quelques années maintenant et que, forcément, les histoires d’alchimie des premiers regards, d’incertitude amoureuse et tout ça, ça ne fait plus partie de ma vie. Et la fiction a ce truc magique que ça ne tourne pas en eau de boudin. Dans la fiction, quand on fait monter la mayonnaise, c’est pas pour finir sur un premier baiser nul où le mec était si bourrin que la meuf repart avec la bouche défoncée. Ca existe, ça m’est arrivé. Sauf à écrire une comédie anti-romantique genre “les mésaventures amoureuses de Johanna”. Que j’ai cependant très envie d’écrire aussi mais j’ai que des bribes dont je ne sais que faire.
Envie d’un peu plus de légèreté
En fait, des histoires de coeur et de cul, j’en ai plein mon imagination. Certaines nées de mon vécu, de mes fantasmes. D’autres issues d’histoires que l’on m’a racontées. La réalité est souvent plus dingotte que la fiction, d’ailleurs. En vrai, je crois que j’ai envie d’écrire surtout sur les élans du coeur qui rendent de bonne humeur. En général, j’écris des trucs plutôt sombres, beaucoup de dystopies. Des personnages meurent. Je crée des personnages à la croisée de chemin d’un point de vue politique et sociétal. Dois-je m’impliquer et comment ? Mes propres questionnements, en somme. Mais j’ai peut-être envie de redescendre de braquet, d’y aller plus en douceur. Ecrire des histoires sans grands enjeux. Retrouver cette excitation du premier baiser, celui attendu, désiré. Celui qu’on n’osait espérer. Cette tension amoureuse qui, on ne va pas se mentir, est tellement plus douce dans la fiction. Parce que dans la vraie vie, quand t’es pas sûre qu’il va se passer un truc, tu vas vite te dénigrer. “Ah mais non, il s’en fout de moi, je suis moche et grosse et nulle. Alors que Tamara, elle, elle est sexy. Il la préfère, c’est sûr. Ah d’ailleurs, il lui parle et mon cœur explose dans ma poitrine de désespoir”. Ok, manifestement, pour mes mésaventures de Johanna, elle n’aura que 15 ans, je pense.
Je n’en peux plus du grave de la vie
Au fond, tout ça n’est peut-être juste qu’un processus logique dans ma crise de citoyenneté. Je vous jure que l’actu me mine tant que je n’y crois plus. On n’arrête pas de battre des records de chaleur, on se mange mille tempêtes, tout s’effondre mais personne ne fait rien. Les conflits géopolitiques, je pense que c’est pas la peine que je m’étende, tout le monde mesure le drame. Je crois que ma période romantique, c’est juste un passage en mode survie. Comme si, dans Don’t look up, j’avais décidé de m’emmitoufler dans un pyjama confortable, sous un plaid, avec un délicieux chocolat chaud, en attendant la vague qui va tout détruire.
Et surtout, embrassez-vous
En attendant, je sais toujours pas comment mes deux personnages vont s’embrasser… Peut-être que je devrais faire comme Samantha et Tomas dans En un battement : la drogue.