Oh, ça faisait longtemps que je n’avais pas parlé de mon roman en cours de réécriture. Essentiellement parce que j’y ai pas touché depuis… Oh ben depuis que j’ai quitté Paris. Oui, on sait, le premier semestre 2022 a été bien chargé et épuisant. Et puis, j’ai un peu perdu la vocation, on ne va pas se mentir. Je préfère consacrer mon temps libre à faire du PPT art vu que j’obtiens un “succès” plus encourageant que mes romans que personne n’achète. Mais là, je suis au chômage donc j’ai du temps et je veux me rebrancher sur le sujet. Ma nouvelle ambition, c’est de devenir “autrice Amazon”. J’écris, je retravaille un peu le matériel de base, je publie sur Amazon et lit qui veut. Au moins, j’aurais pas l’angoisse de ne pas entrer dans mes frais. Donc on repart sur Augura et sa réécriture. Et notamment ce point que je trouve un peu mal amené : l’entrée en résistance.
L’entrée en résistance, un grand thème de mes fictions d’enfance
Mon imaginaire est absolument marqué par la question de l’entrée en résistance. Ce n’est pas un hasard si j’adore autant les dystopies. C’est une interrogation qui traverse aussi ma vie de citoyenne. Comment faire la différence ? Comment mettre fin à une politique que je trouve effroyable et dangereuse ? Quelle est la limite à l’action ? Le système est-il juste ? Est-il légitime de le combattre… Bref, un jour ordinaire sur Twitter. Je ne suis pas follement originale, de très nombreuses séries ou films parlent de ce sujet. Mais la question demeure : comment on fait tomber un personnage en résistance ? De façon crédible, j’entends.
Ou alors j’explique pas
Une solution simple serait de ne pas l’expliquer. Allez zou, Ernestine est déjà résistante parce que c’est évident que le système est pourri, merci, bisous. Sauf que déjà, c’est un peu trop facile… mais surtout, ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant l’activisme que le questionnement autour. Dans Augura, au début du roman, Iris est décrite comme une bonne citoyenne. Elle est tout à fait satisfaite de la société dans laquelle elle évolue. Le premier couac arrive lors de son attribution de partenaire où elle se questionne sur le pourquoi on lui a attribué un partenaire aussi antipathique. Puis son partenaire lui fait quelques révélations lors d’une conversation et là, quelques heures plus tard, elle est prête à relever le poing contre cette société. J’exagère mais à peine. La “révélation” que tout n’est pas rose au pays des Bisounours est quelque peu expédiée. Un petit chapitre et hop, voilà notre Iris en passionaria de l’opposition.
Allumer le feu
Alors certes, ce n’est pas du tout le coeur de mon récit. Cette entrée en résistance, c’est juste le début. L’allumage du feu. Et j’ai quand même distribué quelques éléments. Son partenaire Ulysse lui montre pas mal de choses pour la faire douter de la doxa officielle mais… il manque quand même un moteur. Ok, l’instance dirigeante n’est pas clean sur tout. Il y a du mensonge mais en quoi est-ce si grave, finalement ? C’est d’ailleurs le principal problème que j’ai avec Augura. La société n’est pas si mal et ses travers sont tout à fait acceptables. Ca renvoie aux fausses dystopies comme Un bonheur insoutenable dont la lecture m’a bouleversée vu que c’était plus ou moins Augura. Pourquoi le héros refuse la société dans laquelle il vit ? Au nom de la liberté. A la limite, dans Le passeur, qui reprend plus ou moins les grandes lignes d’Un Bonheur insoutenable, le héros se bat contre une humanité devenue si dépassionnée qu’elle supprime les bébés qui ne correspondent pas à leurs standards et c’est tout à fait normal. Tiens, les bébés supprimés, y a ça aussi dans Augura…
Si la motivation n’est pas solide, ça risque de s’effondrer
Le souci en ne creusant pas cette question, c’est que ça peut handicaper la suite du récit. Iris va mener sa croisade et elle a un moteur tout à fait valable… mais fortement personnel. Du coup, quand elle taille le bout de gras avec quelques unes des instances dirigeantes, ça flotte un peu. Ca donne littéralement du
“Mais pourquoi tu es contre nous ?
– Parce que.
– Mais si on change ça, ça ira mieux, non ? Tu veux pas arrêter de te chamailler connement ?
– Non.
– Ah, d’accord.”
On se bat car on n’est pas des moutons !
Et encore, elle, elle a quand même un réel moteur alors que certains de ses camarades… Parfois, j’ai l’impression que mes personnages sont ces espèces de butors qu’on peut croiser dans des causes et leur périphéries, ceux contre tout par principe mais qui peuvent pas t’expliquer ce qui les emmerde dans telle ou telle disposition. Voire sont obligés d’aller piocher dans les théories du complot farfelu pour se justifier et auront en général comme seule réponse “non mais toi, t’es un mouton”.
Il y a une petite faiblesse d’écriture, là…
Bref, je crois que je suis en train de réaliser que la relecture, c’est pas juste corriger trois phrases bancales et quelques fautes de frappe ou d’orthographe. Je crois qu’il est temps que je remette mon travail sur l’ouvrage et que je repense un peu mon process d’écriture, mes motivations… Bref, il est temps que je rouvre mon carnet d’écrivaine avec des articles tous frais.
2 réflexions sur « Réécriture : comment basculer en résistance ? »