Dans ma tête, je suis toujours de première jeunesse. Quand je regarde une fiction, je me sens plus attirée par les histoires de jeunes gens qui vivent des trucs incroyables que par les histoires de daronnes burn-outées. Sauf pour Workin’ moms, sitcom canadienne que j’aime vraiment bien. Alors que je ne supporte plus les sitcoms, que l’héroïne prend systématiquement les mauvaises décisions et est plutôt insupportable. Mais y a de ces punchlines. Je dirais bien que c’est un truc de Canadiens, les punchlines qui sonnent juste. Mais la série ayant été conçue par une Américaine… Bref, pas du tout le sujet du jour. Aujourd’hui, on va parler des 7 vies de Léa, une série mystique française où les Quadra comme moi, ils sont dans la team Daron. Ou comment dans cet espèce de retour vers le futur, la jeunesse des parents de l’héroïne, c’est environ la tienne.
Une ado en plein spleen
L’histoire ! Léa est une jeune adolescente un peu paumée, franchement déprimée, qui se demande un peu à quoi ça sert de vivre. Au cours d’une rave dans les gorges du Verdon où elle vit, elle part dans les dites gorges pour mourir. Alors qu’elle est assise sur une pierre, elle trouve… un squelette. Oh oups. Il s’agit des restes d’Ismaël, mort en 1991. Une fois de retour chez elle, elle va se coucher, un peu trauma, et se réveille… dans le corps d’Ismaël en 1991. Lors de ses rêves, Léa va incarner différentes personnes qui ont connu Ismaël et va essayer de lui sauver la vie. Quitte à perdre la sienne.
Un nouvel imaginaire fictionnel à disposition
Alors voilà, le 1955 de ce Retour vers le futur, c’est 1991. On va juste s’arrêter deux secondes là-dessus. Je rigole en mode “oh, je me sens vieille” vu qu’en 1991, non seulement j’étais née mais je me souviens de cette époque. Mais c’est pas tant sur le côté coup de vieux que je veux insister que sur ce nouveau pan de la fiction qui est en train de s’ouvrir. Pour moi, pendant longtemps, le passé fictionnel, c’était les années 70 en mode drogue psychédélique et pattes d’eph. Cette espèce de parenthèse dorée du XXe siècle où on prônait l’amour et le respect de l’environnement. Oui, déjà dans les 70s, on avait conscience que c’était en train de mal partir. Faudra bien s’en souvenir quand la génération future (au singulier) nous demandera pourquoi on n’a rien fait. On ne pourra pas répondre qu’on ne savait pas. Et justement, ces années 90, les années grunge, skate et pétard, elle a quand même une autre tonalité. Clairement, les ados des 70s, ils étaient bien plus heureux que ceux des 90s. Nonobstant le spleen si particulier propre aux adolescents.
Du mystique, du policier et du générationnel
Les 7 vies de Léa est donc une série qui va mêler mystique, enquête policière sur le meurtre d’Ismaël et portrait d’une génération de gamins de province qui n’ont pas grand avenir. Le tout dans de très beaux décors naturels qui rajoutent direct un point sur ma perception de la série. Bon l’enquête policière est assez limitée. Léa découvre un peu la jeunesse de la bande d’Ismaël dont font partie ses parents. Parents avec qui elle ne s’entend pas trop, surtout sa mère qu’elle perçoit comme une grosse rigide. Alors que jeune, elle faisait partie du groupe de rock d’Ismaël, fumait des pétards et se jetait du haut d’une falaise dans la rivière en contrebas. Donc on va résumer l’enquête policière à “je suis sûre que c’est lui le tueur car c’est un gros con”. Ok, Léa.
C’est l’effet papillon
Ce qui est intéressant, c’est que les actes de Léa dans le corps de quelqu’un de 1991 a des conséquences sur le présent. On va donc aborder le sujet de l’effet papillon que je trouve assez bien amené. Parce qu’on va le découvrir par petites couches. D’abord, c’est une vidéo où Léa est filmée dans un corps et interpelle sa meilleure amie du présent. Puis en agissant selon ce qu’elle pense être le mieux, elle crée un couple dans le passé… effaçant du présent une de ses amies qui n’est donc pas née. Elle devra donc agir dans son intervention suivante pour casser le dit couple. Et plus on approche du dénouement, plus il devient évident que si Ismaël survit, ses parents ne finiront pas ensemble donc elle ne naîtra pas.
Le poids du rêve des parents
J’ai vraiment bien apprécié cette série. Déjà notons la qualité de l’écriture. J’ai trouvé les ados justes. C’est assez rare pour être souligné. J’ai pas souvenir qu’ils s’expriment par tirade ou punchlines que personne ne dirait dans la vraie vie. Si on flirte souvent avec la caricature puisque la série repose pas mal sur des archétypes, on s’en sort pas si mal que ça. Ah oui parce que dans la partie lycée, tu as le bully qui a une histoire épisodique avec la meuf populaire, les nerds version 90 donc ados qui ont leur groupe de rock. Chaque gamin subit le poids des rêves et impératifs de leurs parents respectifs, tout comme Léa dans le présent.
Une sexualité bien vue
Et puis y a des petites scènes un peu osées que j’ai trouvées plutôt bienvenues. Je ne suis pas très fan du sexe dans les séries parce que souvent, c’est plat, racoleur, inutile. Là, y a un côté plutôt amusant dans la mesure où Léa est vierge… contrairement aux personnages dans lesquels elle s’incarne. Je vais pas vous faire la liste mais elle va découvrir les joies de la masturbation masculine et du sexe en tant que femme… et homme. Il y a aussi les passages assez amusants où elle se retrouve dans le corps de sa mère et évite son père toute la journée car elle refuse de l’embrasser… et plus si affinités. On la comprend…
Parfait pour un dimanche de pluie
Bref, une petite série qui fait plaisir. Je suis toujours contente de voir les fictions de genre se développer en France. Surtout quand le genre, c’est le mystique ou la dystopie puisque j’adore ça. C’est une série qui se laisse tranquillement regarder. Après, le dernier épisode se termine sur une ouverture pour une saison 02 et je ne sais pas si je me laisserai tenter puisque je ne vois pas trop comment la dynamique de la saison 01 pourrait être reproduite. Surtout qu’il y avait presque un côté ludique à essayer de deviner dans quel corps Léa allait se retrouver. Si certains semblaient évident (son père, sa mère, le bully), d’autres avaient le mérite de créer la surprise.