Je vous propose un petit cycle “histoire du lycée”. Mais assez loin de l’univers sucré de John Hugues même si je m’y pencherai peut-être un jour. Car les histoires de lycée américaines sont extrêmement codifiées. J’en ai déjà parlé à travers certains téléfilms comme A l’épreuve du lycée ou Péchés de jeunesse. Et je m’intéresse particulièrement au sujet car je suis très intriguée par le personnage de la popular girl. Du coup, je me plonge dans quelques fictions autour de ce sujet. Commençons donc par un film qui a une résonance particulière pour moi : Heathers.
Revoir pour réviser son jugement
Vous avez peut-être vu ce film sous le titre Fatal Games. Ah la France et son habitude de changer un titre américain par un autre… Moi j’avais vu ce film y a quelques années et avait rédigé une chronique (non relue). Je l’avais injustement classée dans la rubrique nanard car ce film est plus que ça.
Un lycée aux groupes bien définis
Ok, Nina, mais c’est quoi l’histoire ? Au lycée de Westerburg, une hiérarchie très stricte règne au sein des élèves. Il y a les losers, comme Betty et Martha, pas assez jolies ou bien habillées pour être populaires. Il y a les camés et marginaux, les quaterbacks. Et puis, il y a les popular girls, les Heathers. Heather McNamara, la jaune, cheerleader, Heather Duke la verte. Mais surtout Heather Chandler, la rouge, la reine démoniaque du lycée. A ce trio s’ajoute Veronica, jolie fille “en probation” qui doit suivre Heather rouge dans ses délires pour être adoubée. Veronica, jouée par une jeune et fraîche Winona Ryder, est partagée entre son envie de faire partie des populaires et sa gentillesse. Ainsi, elle se fait prier pour faire une mauvaise blague à Martha mais finit par céder. C’est là que le joli garçon, JD lui fait remarquer que son attitude est un peu nase. A noter qu’il est interprété par un jeune et déjà un peu flippant Christian Slater.
Veronica l’insoumise
Donc Veronica oscille un peu. Elle suit Heather rouge dans une soirée étudiante où on la fait picoler. Poncif de soirée étudiante. Elle refuse de coucher avec un mec tandis qu’Heather est plus ou moins contrainte de pratiquer une fellation à son rencard du soir. La tension monte entre Veronica et Heather. Cette dernière reproche à la première de pourrir un peu l’ambiance et de ne pas jouer le jeu en cédant aux avances de l’étudiant. Veronica lui répond en vomissant sur ses chaussures. Le verdict est sans appel : Heather rouge va pourrir la vie de Veronica au lycée dès le lundi matin.
Une mauvaise blague qui tourne mal
Terrassée, Veronica rentre chez elle et écrit avec rage dans son journal intime. C’est là que JD débarque par la fenêtre, tel un Dawson maléfique et nos deux jeunes héros s’offrent une petite partie de strip croquet. Le lendemain, Veronica et JD débarquent chez Heather Rouge, Veronica ayant envie de faire une mauvaise blague en lui faisant boire une boisson dégueu qui la fera vomir. Sauf que JD prépare une boisson à base de desktop. A la faveur d’un échange malencontreux de mug, Heather meurt. En panique, Veronica, qui a le talent rare d’imiter les écritures manuscrites, écrit une lettre de suicide… et transforme Heather en vraie égérie du lycée. Désormais, le suicide, c’est tendance.
La méchante popular girl
Je vais m’arrêter là pour le résumé. Parce que je vous conseille non seulement le film mais aussi le musical qui est assez fidèle, à quelques nuances près. Ce film est un pur bijou de cynisme. Il part du personnage de la popular girl, pas toujours sympathique. Comme Alison de Pretty Little Liars, très certainement inspirée de Heather rouge. Il met dans une lumière crue les jeux de pouvoir au lycée. Les populaires ont carte blanche pour être les pires ordures. Les boloss seront d’éternelles victimes, même quand ils ne font rien pour se faire remarquer. Respirer, c’est déjà beaucoup trop. Si dans la plupart des fictions adolescentes, cette méchanceté m’agace car peu légitime, là,Heather Verte, récupérant le pouvoir après la morte de Rouge, l’explique clairement. “Pourquoi tu te comportes comme ça ?” “Parce que je peux”.
Totalement précurseur
Le tableau que nous peint Daniel Waters (scénariste) est si noir qu’ils ont eu du mal à trouver des acteurs pour le film. Winona Ryder s’est présentée d’elle-même, séduite par le rôle de Veronica. Heather Graham, pressentie pour jouer Heather Rouge puis Jaune, a dû abandonner. Sa mère craignait une fin de carrière pour sa fille après ce film. Pourtant, aujourd’hui, ce film prêterait à sourire. On y parle de lycéens bêtes et méchants, des populaires et de leurs victimes, des sportifs qui essaient de baiser toutes les filles potables. Des filles potables qui se sentent obligées de céder car “il a été gentil avec moi”, de suicide, d’homosexualité refoulée et même de meurtre de masse. Une journée ordinaire dans les lycées fictionnels américains des années 2010.
De bide à culte
Si le film a été un bide à sa sortie, il est ce genre d’oeuvre à acquérir le statut de culte à la faveur du temps. Il a inspiré nombre de fictions. et même un musical. Riverdale en repiquera quelques chansons. Cette série ne sait pas du tout faire dans l’hommage subtil. Netflix a tourné une série du même nom mais elle a été annulée car jugée trop violente. De toute façon, je craignais de tomber sur une série trash de plus sans que ça apporte quoi que ce soit au propos.
Ecrire son journal avec un monocle
Bref, j’aime ce film, j’aime encore plus le musical dont j’étais censée chanter un medley sur scène le 04 juin. Ahahah…. ah. Et j’aime le fait que Veronica se pare d’un monocle pour écrire son journal. Ca n’a pas de sens mais c’est un détail que j’aime particulièrement et que je vais récupérer. D’une façon ou d’une autre, quelque part.
La semaine prochaine, on parlera d’un autre film d’ado, plus acidulé qu’acide, mais assez férocement drôle… A votre avis ?
8 réflexions sur « Heathers, l’adolescence acide »