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I’m endless like the space, le film… je… sais pas

J’ai une passion dans la vie : les dystopies. Alors quand mon copain sort le soir et me laisse seule à  la maison, je vais fureter sur le catalogue Netflix pour me mater une petite dystopie. Le problème étant que j’ai pas mal éclusé le catalogue et que des fois, y a vraiment des bouses. Mais comme j’avais la flemme d’aller chercher mon disque dur où se trouvaient plusieurs films du genre, j’ai insisté. Et j’ai fini par trouver un truc qui avait l’air un peu bizarre “I’m endless like the space”. L’histoire d’une ado en Scandinavie sauf que c’est un film italien. Ok, rien que ça, j’achète.

Une ado du futur qui dessine bien

L’histoire. Dans un futur censément proche et absolument identique à notre monde sauf les uniformes des dames à la cantine et les coiffures des femmes un peu façon années 50, Jessica vit sa vie d’ado impopulaire. Elle se fait emmerder régulièrement par les reines de la promo, une prof à rouge à lèvres noir l’a manifestement prise en grippe et sa mère lui mène la vie dure. Mais Jessica a un rêve : devenir dessinatrice de BD. Elle passe tout son temps à imaginer des scènes burlesques et à crayonner sur son cahier. Mais pour sa mère, Jessica s’engage dans une voie sans issue. Les rêves, ce n’est pas fait pour les gens comme eux.

Jessica dans I’m endless like the space

Ceci n’est pas une dystopie

Alors déjà, pourquoi je parle de ce film ici alors que j’ai un blog consacré aux dystopies ? Très simplement parce que ce n’est pas du tout une dystopie. C’est un film sur l’adolescence et le harcèlement scolaire avec quelques personnages au look improbable, c’est tout. Normalement, la base d’une dystopie, c’est la description d’une société. Là, on a bien quelques figures d’autorité comme la prof, la surveillante au look nazi, le principal du lycée ou l’assistante sociale mais ce sont des figures d’autorité classique. La seule différence entre notre univers et celui du film,  c’est vraiment le look de certains personnages. Même pas tous puisque, par exemple, la mère de Jessica est habillée comme n’importe quelle femme de notre réalité.

On comprend mal le propos

Donc ce film est un récit de la dure vie du lycée mais sauce baroque, dirons-nous. Car Jessica a des hallucinations. Elle voit certaines personnes comme des personnages. L’assistante sociale est une sorte de sorcière qui la terrifie. Le père bourrin de l’un de ses camarades de classe est vu comme un guerrier viking… Vision ou imagination débordante ? Le film n’est pas clair. D’autant que certaines visions de Jessica n’ont aucun lien avec l’histoire. Genre on a droit à un moment à une scène représentant Alice, le chapelier et je sais plus qui en train de prendre le thé. Mais une version déjantée qui ne sert à rien. De la même façon, on a droit à une scène burlesque entre l’assistante sociale, vue en sorcière et Susanna, la voisine paumée de Jessica. Susanna est une guerrière qui défait la vilaine sorcière sauf que… Jessica n’est pas là. 

I’m endless like the space

Un film qui a un truc

Je vais pas m’attarder plus sur la bizarrerie de cet univers car, en vérité, j’ai prévu un article sur la bizarrerie prochainement. Mais ce film, tout aussi bizarre et peu lisible soit-il, a quand même un truc. Je l’ai vu y a trois jours et il m’a marquée. Déjà, pour son propos. Parce que tu enlèves la bizarrerie et le “censément une histoire qui se passe dans le futur”, il reste quoi ? L’histoire d’une ado mal dans sa peau qui cherche un échappatoire. Qui pense qu’elle peut avoir un autre destin que celui qui lui est réservé et qu’elle prouvera à tous ses cons qu’elle vaut plus que ce qu’ils pensent. On voit autour d’elle d’autres gamins qui souffrent de la même façon et évidemment, qu’est-ce qui se passe dans les films à base de harcèlement scolaire depuis les années 2000. Une fusillade.

I’m endless like the space

Faut se bouger les fesses

Une fusillade qui est en fait l’illustration parfaite du cynisme du film. Si les premières victimes sont les bullies du lycée, le tireur va vraiment massacrer à l’aveugle et il n’y aura pas de purge des méchants, dirons-nous. Le film raconte ça, ni plus, ni moins. Y aura pas de happy end si tu ne te bouges pas le cul. Ton petit univers magique ne te protègera pas. D’ailleurs, Jessica est seule dans une salle de classe en train de dessiner quand la fusillade commence et c’est quand elle quitte son cahier pour voir ce qu’il se passe qu’elle se met en danger. Mais ça a pu la sauver car si le tireur était tombé sur elle dans cette classe, il l’aurait tuée sans hésiter. 

I’m endless like the space

Les rêves ne se réalisent pas toujours

La leçon est clairement donnée par Susanna, trentenaire à la vie merdique. Elle se rêvait chanteuse, elle se retrouve dame de cantine après avoir subi quelques scènes sexuelles pour le moins gênantes. Susanna, c’est Jessica dans 10-15 ans : une fille qui a cru en ses rêves et a attendu qu’il se passe quelque chose pour montrer à tous ses crétins sa valeur. Mais le monde n’attend personne. La chance tombe rarement gratuitement, faut un peu lui forcer la main. Sans garantie que ça fonctionne.

I’m endless like the space

Pourquoi la Scandinavie ?

I’m endless like the space est un pur film d’ado avec des ingrédients ultra-classiques. Même si j’ai pas bien compris pourquoi l’alter ego de Jessica, le mec qui se fait mettre des coups de pression par les gars populaires, était aussi le gardien de but de l’équipe de hockey… Sport ultra populaire dans ce lycée vu que ça se passe en Scandinavie. Pourquoi la Scandinavie ? Je pensais d’abord que c’était lié aux créatures que voyaient Jessica mais en fait, ce n’est pas particulièrement empreint de folklore nordique. Je pense que ce film a été écrit suite à la tuerie d’Utoya. Mais en vrai, à part dans le résumé du film, j’ai pas eu de rappel du lieu. Oui, il y a du hockey, on sent qu’il fait froid, y a un clocher qui fait très scandinave et les gens se déplacent pas mal en vélo (?) mais sinon… 

Une version psychédélique d'Alice

Ingrédients classiques pour histoires d’ados

Bref, un film très bizarre dont je ne suis pas certaine d’avoir capté tous les partis pris. Un film totalement dispensable ? Sans doute. Mais il est intéressant sur la thématique des popular teens car il reprend les grands archétypes du genre. Ceux que l’on peut retrouver dans les téléfilms sur le sujet. Le traitement est ici un peu différent et la relation entre Susanna et Jessica ajoute un sel fort apprécié puisqu’on n’est pas dans un lénifiant “c’est pas gentil d’être méchant” et autre “les bullies du lycée auront une vie de merde, la vie te vengera, tkt”. Non, ici, la vie ne sauve personne et n’est pas tendre, comme on le voit avec la mère de Jessica qui s’en prend plein la gueule un peu gratos.

I’m endless like the space

Je sais pas…

Conclusion ? Je ne sais toujours pas si je regrette d’avoir eu la flemme de me lever pour aller chercher mon disque dur ou pas. Je crois que j’ai aimé l’idée de ce film mais que je n’ai pas compris tous les partis pris du réalisateur. Et vu que j’ai rien trouvé sur le net à ce sujet… Je resterai seule avec mes interprétations.

Nina

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