Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Glee, quand la caricature lycéenne va trop loin

Niveau productions audiovisuelles, j’aime bien deux choses. Enfin, parmi tant d’autres. J’adore les parodies déjantées et les popular teens. Du coup une série qui se repose sur un mix des deux, je devrais adorer… Lors de mon Covid, j’avais pas mal de temps pour regarder des conneries. Et j’ai eu envie, dix ans après tout le monde, de découvrir Glee. Après tout, je fais de la comédie musicale, ça devrait me parler. Et bien dès le pilote, ça s’est mal passé. A l’épisode 3, peut-être 4, j’ai abandonné. Un effroyable échec sur lequel je reviens. Car toute leçon est bonne à prendre, n’est-ce pas ?

Glee, j'ai détesté

Une lycée cliché et sa chorale

Donc pour les trois du fonds qui ne connaissent pas Glee, je résume. Je vous juge pas, hein, j’ai moi-même entrepris le visionnage sept après la fin de la série. Donc on est au lycée, un prof joli garçon décide de lancer une chorale et tous les nerds se pointent. A peu près. Alors c’est pas une chorale façon les choristes, non. C’est une chorale américaine, on est plus dans la vibe Sister Act 2. Y a même des chorés et tout, incroyable. Sur notre casting de nerd, on va rajouter le quaterback gentil, sa meuf pompom girl et présidente du club de chasteté qui ramène ses deux acolytes pompom girl. Par dessus ça, vous rajoutez quelques profs; Dont la conseillère d’orientation niaise et psychorigide façon Monk sous acide et la prof de sport nazie. Y a aussi la copine toxique du prof mais je suis pas sûre qu’elle reste bien longtemps dans la série.

Et ça chante, chante, chante

Une héroïne effroyable

Donc on part sur une série qui nous propose des personnages clichés et au vu de la subtilité d’écriture, je refuse de croire que ce n’est pas fait exprès. Mais vas-y, j’aime les personnages outranciers quand ils sont bien écrits. Je voue un culte à Dynastie et à Fallon Carrington, pour rappel. Le problème, c’est que Glee va vite m’expliquer que l’héroïne, c’est Rachel. Une bolosse puissance 10 000 qui se fait mettre la misère par tous les élèves du lycée et qui a été élevée dans l’amour du show par ses deux pères. Non, on ne s’arrêtera pas sur le cliché des homos amateurs de show on, pas le temps. Rachel danse, Rachel chante, Rachel est une recrue de rêve pour la chorale. Et c’est une connasse. Sur trois épisodes, je ne sais pas combien de fois elle s’est fait renverser un verre au contenu étrange dans la tronche. Moi au début, je me suis dit “ah mais c’est parce que les gens la connaissent pas, qu’elle est un peu différente mais grâce à la chorale, elle va se révéler et à la fin, plus personne ne lui jettera de soda bleu au visage”. Mais au bout de trois épisodes, j’étais limite là “quelqu’un pour l’humilier un bon coup, là ?”

Rachel Berry, un horrible personnage

Les scénaristes détestent leurs personnages

Je parle de Rachel mais à peu près tous les personnages sont horribles. A part le prof et le quaterback qui sont de vrais gentils qui se font manipuler par de vilaines femmes. Oui, dans cette série, les jolis garçons vivent des drames à cause de jolies filles mal intentionnées. Prof doit cumuler plusieurs boulots et renoncer à son rêve de chorale car sa meuf lui fait croire qu’elle est enceinte. Et il est aux prises avec la conseillère d’orientation qui fait tout pour s’isoler avec lui. Cependant, elle finit par renoncer à ses plans de conquête, contrairement à Rachel. Oui, toujours la même. On revient sur notre joli quaterback qui se retrouve donc entre sa petite amie prétendûment chaste et Rachel qui a décidé de tout lui donner et lui tend un guet-apens. Il cède un peu mais se reprend. Alors que bon, si vous avez regardé quelques histoires de popular teens, vous savez très bien ce que font les pompom girls chastes quand on ne les regarde pas. Elles couchent avec des bad boys tout en se refusant à leur chouette petit ami. Pourquoi ? Je sais pas. A part que je soupçonne toujours que ces personnages soient écrits par des incels vénères qui font tout pour faire tomber la reine du lycée de son piédestal

Le triangle amoureux Finn, Rachel et Quinn dans Glee

Tout le monde est horrible

Le souci sur Glee est le suivant : les personnages sont littéralement détestables. A tel point que tu leur souhaites du mal. Tu espères que les petites copines vont être trompées parce que leur mec mérite mieux qu’elles. Ou tu pries pour que Rachel va encore se faire humilier dans les couloirs du lycée. Tu attends que la pompom girl chaste se fasse surprendre en pleine levrette dans le placard à balai du lycée. Tu croises ls doigts pour que la prof de sport nazie avale son mégaphone et s’étouffe avec. Et surtout, surtout, tu espères qu’ils vont tous bien fermer leur gueule. Ballot pour une série musicale, j’avoue. Non parce qu’il y a une foule de personnages secondaires, aussi, les exclus du lycée qui se retrouvent à la chorale. Il y a une grosse Noire, un gay maigre pseudo stylé et un mec échappé de The big bang theory mais en fauteuil roulant. Et tous se comportent comme des Divas à base de “je suis trop génial.e pour être compris par le bas-peuple du lycée”. Dans l’absolu, je suis très fan de l’empowerment, du côté “je n’ai pas besoin des autres pour connaître ma valeur”. Ou même “j’assume qui je suis même si ça ne plaît pas”. C’est cool mais là… C’est toujours la même histoire, ils sont écrits de telle façon qu’ils deviennent juste de gigantesques connards.

Le freak, c'est chic
Ah oui, y a une Asiatique à bonnet mais je me souviens pas du tout de son histoire…

Donne-moi envie de suivre tes personnages !

Vient alors cette question, centrale dans toute fiction : comment tu veux que je suive tes histoires alors que je n’ai aucune empathie pour tes personnages ? Pire, j’ai envie qu’il leur arrive du mal. Surtout à Rachel melon de l’espace, là. Sauf que quand ça arrive, je ne trouve pas ça jouissif. Je sais que le hate-watching existe et c’est peut-être moi qui ai un peu trop d’empathie. Mais est-ce que vraiment, une série qui s’adresse aux jeunes doit rendre l’humiliation publique d’une jeune fille jouissive ? Je peux trouver intéressant qu’on casse le schéma “mais en vrai, le souffre-douleur de l’école est gentil et sympa”. Cependant, je ne vois pas trop dans quel univers on fait rendre cool le fait qu’une fille se prend des verres de soda dans la gueule toute la journée. A des moments où elle ne fait rien, justement. Souvent par des random figurants. Donc Glee nous fait succéder une scène où elle se la pète et une scène où elle se fait humilier pour nous donner l’impression qu’elle l’a bien mérité. Alors que la personne qui l’humilie n’a pas assisté à son ego trip… Vous voyez le souci ?

Rachel humiliée dans Glee

Les scénaristes règlent leurs comptes

J’ai souvent ce soupçon, quand je mate des productions sur les popular teens, de voir des choses écrites par des personnes en quête de vengeance. Le fait que Glee ait été créée par un homme qui, je cite Wikipedia, “n’a pas particulièrement apprécié son expérience dans la chorale du lycée” résonne fort avec ma théorie, là. Oui, Glee joue sur les clichés mais on dirait des clichés écrits par un gamin de 12 ans qui a passé une mauvaise journée à l’école et se venge dans son journal intime. Je ne critique pas le hate-writing qui doit avoir de réelles vertus cathartiques mais gardez ça au chaud chez vous, par pitié. Vu que la série a duré six saisons, c’est peut-être moi qui perçois mal les choses. Ou juste que j’ai besoin que les auteurs et autrices ait un minimum d’amour et d’empathie pour leurs personnages pour avoir envie de suivre leurs aventures. Mais là, même malade avec trop peu d’énergie pour faire autre chose que de regarder une série, j’ai pas pu.

Nina

Un commentaire sur “Glee, quand la caricature lycéenne va trop loin

  1. « A part le prof et le quaterback qui sont de vrais gentils qui se font manipuler par de vilaines femmes.  » Et encore, premier épisode le prof manipule Finn avec un sachet d’herbe pour le forcer à participer au Glee Club sinon il se fait virer. Good guy.

    Fun fact, moi c’est ce qui m’a fait beaucoup aimer Glee au tout début. Ces situations débiles (le mensonge sur la femme enceinte, Rachel qui a un flash crush sur le prof, …), avec des persos over the top. Je ne les appréciais pas (à part lors de quelques moments où ils font un effort comme la fin du premier épisode et montrent un côté humain) mais je m’en foutais car je regardais une série over the top avec des fois de chouettes reprises.

    Mais assez vite la série a pris une tournure beaucoup plus « émotive » et tous ces persos avaient des états d’âme et des arcs entiers mais sans que leur psychologie initiale n’ait tant changé que ça. On voit Santana avoir des sentiments pour quelqu’un et être triste mais ça l’empêche pas de continuer à mal parler à tout le monde et à faire de tels coups de pute à ses « amis » que tu te demandes comment les gens lui parlent encore.
    Ou Rachel est mal dans sa peau en fait la pov mais ça n’empêche pas qu’elle a un syndrôme de supériorité, veut toujours voler la vedette dans le show, a toujours raison (dans sa tête) …

    Du coup ce grand écart entre situations & persos débiles à qui on tente de donner une âme n’a pas marché. Le contrat a été rompu, parce que j’avais l’impression de voir une série larmoyante avec des personnages clichés dont les seuls moments rigolos se focusaient sur leurs clichés et j’ai lâché à la fin de la S2.

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