Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Aime tes personnages

Longtemps, j’ai cherché à comprendre ce qui n’allait pas. Pourquoi j’aimais des personnages et je pouvais pas en piffrer d’autres. Et un jour, j’ai lu Fred Vargas et j’ai compris. Pour créer des personnages qui fonctionnent, dans toutes leurs nuances, c’est simple : faut les aimer. Enfin, simple, simple… Plus facile à dire qu’à faire ! Car oui, certains écrivent leurs personnages dans le fiel et c’est proprement insupportable. On dit ça suffit et à présent, aime tes personnages. Je vais t’expliquer pourquoi.

Pour bien réussir ses protagonistes, aime tes personnages

Chacun ses raisons d’écrire

Le processus d’écriture naît de différents élans. Personnellement, j’écris parce que je n’ai plus l’âge de jouer aux Playmobils. Je les prends juste en photos. Je raconte toutes les histoires qui hantent mon esprit, que ce soient des séries, films ou livres que j’ai dévorés mais qui m’ont laissée sur ma faim, des envies de raconter des histoires. Histoires d’amour, dystopies, histoires fantastiques… tout dépend de mes appétits du moment. L’écriture est un pur loisir, une activité dans laquelle je me prélasse et qui me régale. Il n’est rien de plus exquis que de parvenir à dénouer un noeud d’intrigues. Tiens, idée d’articles. Je ne vise rien d’autre dans mon écriture que d’écrire une histoire que j’aurais aimé lire. Je serai peut-être la seule à avoir connaissance de cette fiction. Mais après tout, ma mère a bien une trentaine de toiles stoquées dans son atelier, c’est pareil, un peu. Le plaisir avant tout.

Aime tes personnages, écris-les avec bienveillance

La tentation de l’exutoire

Mais pour certains, l’écriture est un exutoire. Pourquoi pas. J’ai moi-même commencé pas mal de romans que j’aurais pu intituler “je déteste Machin et je vais lae le ridiculiser ou le dénoncer”. Par exemple, j’avais entamé un projet qui s’appelait “Les requins” qui avait pour simple but de prendre mon ex cheffe toxique Vanessa et la dépeindre dans ses pires travers. J’avais également eu l’idée d’un roman racontant sa montée vers le sommet en écrasant tout sur son passage pour sortir de sa condition de fille de garagiste. Jusqu’à tomber sur un os à savoir le joli garçon qui semble remettre son couple parfait en cause. Tout ça est une histoire vraie. Enfin, la dernière partie, on n’en est pas si sûrs mais c’est la meilleure partie, par contre. Sauf qu’en vérité, j’ai pas écrit une ligne de cette histoire parce que… Ben parce que c’est nul d’écrire sur un personnage que l’on n’aime pas. Se défouler ok mais niveau qualité de prose, je vous l’annonce, ça va pas le faire.

Jeter ses écrits parce qu'ils sont mauvais

Une plume bienveillante

Revenons à Fred Vargas. Lors de la lecture de L’homme à l’envers, que j’ai dévoré, y a un truc qui m’a interpellée. Quelques personnages, dont le héros principal, avaient un potentiel tête à claque assez important et pourtant… pas du tout. Chaque personnage était parfaitement calibré dans ses qualités et ses défauts et quand on arrivait à la limite de la lourdeur, Vargas parvenait à mettre le curseur dans l’autre sens. J’ai lu ce roman en très peu de temps et là, j’ai compris. Elle aime ses personnages, sincèrement. Sa plume n’est jamais méchante, jamais acérée mais tout de même juste. 

Fred Vargas

Ridiculiser ses personnages… mais pourquoi ?

Car oui, il y a des romans méchants. Pataugeant dans un mauvais manichéisme, l’antagoniste est parfaitement ridicule donc sans aucune crédibilité. J’avais souligné ça dans le pire roman du monde en soulignant à quel point l’antagoniste était si mal écrite que tu ne pouvais pas adhérer au récit “oh, la méchante fasciste qui couche avec son père, ohlala”. C’est pas une vanne, c’est vraiment ça. Et apparemment, l’autrice avait un souci avec la couleur moutarde puisqu’on a droit à de trop nombreuses scènes avec la méchante en nuisette moutarde. Ca peut aussi arriver quand notre héros est la personne que l’on déteste et qu’on va ridiculiser à l’excès. C’est peut-être ce qui peut expliquer certaines héroïnes gourdasses… Même si là, je crois toujours qu’on est plus dans le “mon héroïne, c’est Charlize Theron mais si elle est trop parfaite, on va pas y croire donc elle va tomber tout le temps”. Ou alors Charlize Theron dans le film Young Adult que j’ai vraiment pas aimé. 

Charlize Theron dans Young Adult

Calmez vos aigreurs

D’ailleurs, à propos de Prom Queen déchue, il y a aussi pas mal d’aigreur dans les teen movies. La plupart adorent descendre en flèche la popular girl qui va en prendre plein la gueule pour pas un rond. Humiliée au bal du lycée parce que son mec va finalement se rendre compte qu’il est amoureux de la girl next door. Autant j’ai bien aimé Heathers et Mean girls, autant la plupart des traitements des popular teens est problématique. Tu sens qu’un.e scénariste avait quelques comptes à régler avec la cheerleader de service. Et ça donne des contenus poisses, aigres, désagréables à lire ou à regarder. Je déteste les personnages purement haïssables, les voir débarquer dans le récit est un pur moment de douleur pour moi. Pourquoi écrire des personnages comme ça ? Pourquoi vous nous imposez ça ? Percez vos abcès dans l’intimité et ne partagez pas la photo sur Instagram.

Revanche

Pas que des Bisounours, mais…

Créer un personnage bien balancé est déjà un défi bien corsé. Puiser son inspiration dans la pure détestation n’est pas une bonne idée. Jamais. Je ne dis pas qu’il ne faut raconter que des histoires de Bisounours parce que… bah dans la vie, y a de belles ordures. Mais un personnage parfaitement infect, une caricature ridicule de votre pire ennemi, ne fonctionnera jamais car c’est too much. Prenez Lila dans L’amie prodigieuse. Il y a des moments où j’ai ressenti une terrible haine pour elle et d’autres où je l’appréciais sincèrement, selon son comportement avec Elena. Leur amitié était crédible car au fond, elles s’aimaient, pour le meilleur ou pour le pire. Bref, faisons comme Fred Vargas : aimons nos personnages.

Nina

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