Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

L’archétype de l’héroïne gourdasse

Quand on est une femme, c’est un peu compliqué de trouver des personnages de fiction qui nous parle vraiment. Entre les personnages féminins qui ne servent que de love interest et de récompense au héros méritant, les pyschopathes des téléfilms, les gentilles trop gentilles… alors il y a quelques années, on nous a sorti l’héroïne imparfaite. La fille pas tout à fait mince, plus charmante que belle et surtout terriblement maladroite. Bridget Jones, oui. Sauf qu’à un moment, j’aimerais croire qu’entre la bombasse parfaite du lever au coucher et l’héroïne gourdasse, il y a toute une gamme de femmes. Et cette fille maladroite, elle finit par me fatiguer autant que son exact opposé.

Bridget jones, le prototype de l'héroïne gourdasse

Et c’est la chute, tout le temps…

Je suppose que tout a démarré avec Bridget Jones et je pense que c’était plutôt une bonne nouvelle. Même si elle est imparfaite, peu mince, maladroite et ne maîtrise pas le jeu de la séduction, à la fin, elle se tape non seulement le beau gosse du bureau mais aussi le prince charmant. Le message était positif sur le papier. Après, je vous parle surtout du livre car j’ai jamais vu le film (…) et je l’ai lu y a 22 ans donc bon… Dans mon souvenir en tout cas, c’était positif. Mais dans son sillage, on a vu fleurir toute une gamme de filles un peu maladroites, sorte d’anti-héroïnes, qui ne savent pas draguer et surtout, SURTOUT, qui tombent. Tout le temps. Alors moi qui suis du genre peu équilibrée dans ma marche, je devrais être contente d’avoir des héroïnes à mon image sauf que…

Jess, la maladroite de New Girl
Jamais pu regarder cette série tellement Jess me paraît grotesque

L’inversion des caractéristiques

Bah non. Je me tape quelques bûches de temps en temps, la dernière a coûté la vie à ma tablette mais ça va, c’était y a un an. Evidemment qu’il m’arrive, parfois, d’être maladroite. De tomber, de renverser un truc, de bafouiller. Comme tout un chacun, en fait. Mais dans pas mal de fiction, ça devient carrément un caractère à part entière. Et ça me fatigue toujours pas mal. En fait, on dirait que les scénaristes ont pris le prototype de la femme désirable et l’ont strictement inversée pour en faire un nouveau modèle soit-disant original. La nouvelle héroïne a une vieille culotte qui poche aux fesses, est mal coiffée le matin et ne sait pas marcher avec des talons, hihi. Manifestement, ça suffit à faire une personnalité. Ca résume à peu près le perso principal de Plan Coeur, par exemple. Et j’ai pas eu beaucoup de plaisir à le regarder, je vous cache pas.

Plan coeur et son héroïne gourdasse

Imparfaite, ok, mais pourquoi tant de ridicule ?

A la base, l’héroïne gourdasse permet de raconter une histoire d’un point de vue féminin. Personne n’a envie de suivre les aventures de la femme parfaite. Regardez dans Sex and the city, Carrie est surtout définie par ses défauts. Je veux dire à part son sens de la mode (et encore) et sa plume, qu’est-ce qu’elle a comme qualité ? C’est une petite amie colérique et même infidèle, une amie assez égoïste qui ramène toujours tout à elle. Elle est immature, dépensière, pas vraiment cultivée, bordélique… Bon, du coup, elle est insupportable. Mais faire une héroïne imparfaite permet de créer de l’identification. Sauf que souvent, son imperfection est tellement montrée à chaque moment que ça en devient cartoonesque. Et on finit par désirer frapper l’héroïne tellement elle est épuisante de choisir systématiquement la mauvaise option. Genre Clara Sheller. Et t’as aussi envie de l’envoyer chez le médecin parce qu’autant de maladresse, à un moment, ça doit pas être juste une étourderie, hein.

Clara Sheller, catastrophe ambulante

Mais pourquoi des personnages aussi agaçants ?

Alors donc, en matière de personnage féminin, pourrait-on développer toute la gamme des caractères qui doivent exister entre Miss Perfection et cette espèce d’handicapée sociale gaffeuse qui bafouille et chute dès qu’un joli garçon est à portée. Et non, ce n’est pas de la psychophobie car je doute que ça puisse exister en réalité… Pas à ce niveau là, je veux dire. Ce personnage est finalement aussi vide que le joli love interest qui a pour principale caractéristique d’être belle. Du coup, je me pose deux ou trois questions. Ces personnages féminins nuls sont-ils forcément écrits par des hommes ? Ce n’était pas le cas de Bridget Jones, déjà. Ou alors ces personnages féminins de grosses loseuses sont peut-être juste écrit pour flatter notre bas instinct d’il y a pire ailleurs… Sauf que n’oubliez que l’héroïne gourdasse, à la fin, elle part avec le joli garçon.

Nina

2 réflexions sur « L’archétype de l’héroïne gourdasse »

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