A une époque, j’ai eu OCS. Prenant épisodiquement des abonnement, je pillais un peu leur catalogue pour couper ensuite. Outre quelques séries françaises curieuses comme QI ou Nu, j’avais donc accès au catalogue HBO. Alors j’ai clairement de plus en plus de mal avec HBO car j’avais alors maté Euphoria et Succession eeeeeeet… ça m’avait saoulé. Pour des raisons vraiment différentes en plus. Euphoria, trop d’images directes de violences faites aux femmes, qu’elles soient cis ou trans. Autant je trouvais le sous-texte intéressant, autant, vous le savez, le torture porn ou juste la violence graphique, j’en ai marre. Quant à Succession…
J’aime pas détester les personnages
J’avais fait un article entier pour dire que j’ai détesté la saison 01. Oui, j’ai maté toute la saison 01, je me suis pas arrêtée au premier épisode. Pour ceux qui n’ont pas le time de lire deux articles, je résume. J’ai détesté parce que les personnages sont horribles, je peux pas créer d’empathie pour eux. Je leur souhaite le pire. Et je déteste ne pas avoir d’empathie pour les personnages, voilà. Mon temps est trop précieux pour que je suive les histoires de gens que je déteste. Je sais que le hate watching est une discipline à part entière mais moi, j’ai besoin de me détendre. J’ai arrêté de regarder Selling sunset car j’en avais marre de les voir passer leur temps à bitcher. Ça me rappelle trop les heures les plus sombres du lycée. Et de la fac. Et du monde du travail. Oh my, tout ce temps qu’on perd à dire du mal…
Mais pourquoi j’ai pas le truc ?
Alors pourquoi Succession, je suis passée à côté ? Ai-je raté un sous-texte quelconque ? Ai-je maté la, saison 1 à un mauvais moment de ma vie ? Certes, j’étais en pleine gangue, à mater des séries parce que j’avais plus rien à faire au taf. Je ferais bien ma merdeuse à base « oh non mais les histoires de pauvres petits bourgeois en quête de l’amour d’un père ne m’intéressent pas » mais force est de constater que c’est faux. Je regarde des séries coréennes et ce n’est quasi que ça. Des evil riches avec au moins un parent particulièrement cruel. Je viens de terminer Mine qui raconte la guerre de succession d’une famille dysfonctionnnelle. Bon, y a un enfant en moins vs Succession, un enfant illégitime en plus et des personnages très intenses. Mais sinon, c’est pareil.
Pourquoi, à histoire identique, je réagis bien ou mal ?
Pourtant, si les séries coréennes proposent souvent des personnages assez caricaturaux, elles parviennent à nous les rendre attachants. Si je reprends The Penthouse, les personnages méchante étaient vraiment effroyables, notamment Seo-jin. Et pourtant, dans la saison 02, les scénaristes nous la montrent ses failles et on en vient à compatir avec elle. Alors qu’on devrait se réjouir qu’elle s’en prenne plein la gueule, on se retrouve à éprouver une forme d’affection.
Une intensité sans limite dans les sentiments
Sans doute parce que sa vulnérabilité crève l’écran. Dans les séries coréennes, les émotions sont exacerbés. Je me souviens d’une scène de The Penthouse où Seo-Jin, en pleine crise de nerfs, hurle tellement que ça en était physiquement douloureux. Pour moi, je veux dire. C’est trop, tout le temps. Quelle que soit l’émotion du personnage, elle t’est hurlée au visage. Sauf les sentiments amoureux souvent parés d’un voile de pudeur mais là n’est pas le sujet. Donc un personnage malheureux, je me prends sa détresse sans filtre. Cf la saison 2 de Penthouse où Yoon-Hee s’effondre littéralement en larmes, au sol, car sa fille est entre la vie et la mort. L’actrice explique d’ailleurs que la scène où elle découvre le corps de sa fille fut particulièrement dure à jouer. Donc oui, c’est souvent too much mais comme c’est too much dans toutes les palettes d’émotion, je finis par être prise dans la toile.
Le trope des mauvaises décisions
Mais dans Succession aussi, y a des émotions, des pétages de câble, sans doute de la tristesse. Je n’en ai pas un souvenir très précis. Pourquoi d’un côté, je marche et de l’autre, je grimace ? Une autre piste est peut-être la propension des personnages à prendre de mauvaises décisions pour de mauvaises raisons. Ce que j’appelle une certaine faiblesse d’écriture mais qui me fait perdre toute empathie pour le personnage concerné. Comme dans la nouvelle saison de Workin’ Moms où Ann fait de la merde pour de très mauvaises raisons. Bon Kate aussi mais c’est à chaque saison pareil : “Kate privilégie son taf et néglige son couple et ça finit en crise”. Du coup, quand les personnages se retrouvent dans l’embarras parce qu’elles ont fait n’importe quoi, t’es là “bah ouais, tu t’attendais à quoi ?”. Comment tu veux compatir à ça ? Surtout que les personnages savent qu’ils font de la merde, ça leur est dit à plusieurs reprises mais vas-y que j’y cours et que je fais l’étonné.e. Bah non, déso, j’ai zéro compassion pour toi.
Pourquoi tout le monde aime et pas moi ?
Mais peut-être que j’étais juste de mauvaise humeur, comment savoir ? Ca me turlupine toujours quand je sens une quais unanimité autour d’une fiction qui me laisse froide. Certaines, comme Breaking Bad, je ne les ai jamais regardées donc le fait d’avoir loupé le train de la hype là-dessus, je m’en fiche. On m’a honnêtement trop parlé de cette série pour que j’ai envie de m’y mettre mais peut-être un jour… C’est un peu comme Kaamelott. Ouais, je trouve ça vite fait marrant mais le fait que ce soit culte à ce point m’échappe. Et arrêtez avec la vanne du « c’est pas faux », ça fait 20 ans ! Peut-être une question de génération, j’étais plus sur Friends, par exemple. Série que je n’ai plus très envie de regarder aujourd’hui mais essentiellement parce que je l’ai trop vue. Merci la télé française qui a spammé cette série pendant des années. J’ai parlé de Glee aussi, une série qui a compté 6 saisons… j’ai pas pu dépasser le 3e épisode, je trouvais cette série si méchante, si…
Aimez vos personnages, bon sang !
Et c’est peut-être là qu’est la réponse. Je suis pas mal sensible et ça ne s’arrange pas avec le temps. Comme dit plus haut, le hate watching, je ne peux plus. La bête méchanceté, je n’ai plus le temps. Or j’ai parfois (souvent ?) l’impression que les scénaristes n’ont pas beaucoup d’amour pour leurs personnages. Autant je suis fascinée par les histoires de popular kids, autant le traitement de la Prom queen me laisse toujours un peu dubitative, me donnant la sensation d’une écriture revancharde. Ah ouais, la belle Alyson du lycée qui pourrissait la vie de tout le monde, regarde ce que tu deviens sous ma plume, ahahah ! Alors, oui, l’écriture a de grandes vertus cathartiques mais encore une fois, gardez ça pour vous. Parce que quand vous détestez vos personnages, on ne peut pas ressentir autre chose de notre côté de l’écran et vraiment… c’est éprouvant.
Pas ma sensibilité
Alors oui, chacun sa sensibilité. La mienne ne me permet pas d’apprécier ce genre d’oeuvre cynique et méchante. D’autres apprécient et tant mieux pour eux. De ce que j’ai vu, la série n’était pas problématique et ne rendait pas cool certains trucs cringe donc vraiment, je n’ai pas de soucis intrinsèques avec cette série. Ca me rappelle juste qu’aimer ses personnages, c’est toujours une bonne idée.