Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Inside man, la grosse arnaque narrative 

Ça ne dure que quatre épisodes mais c’est abusé comme ça se fout des spectateurs. Cet article commence comme toujours : on finit une série Netflix, on regarde quoi maintenant ? Oh, tiens, une petite série policière, ça faisait longtemps. Ça, là, Inside Man, ça a l’air pas mal. Y a David Tennant, l’Angleterre et le synopsis est alléchant. « Un condamné à mort et une journaliste s’allient pour résoudre des crimes ». Trop bien. Sauf que… Et bah, c’est écrit avec le cul.

Inside Man de Steven Moffat

Un professeur de criminologie en prison

Synopsis : Beth, une journaliste britannique, rencontre Janice, une femme astucieuse qui rabat le caquet à un gros merdeux harceleur dans le train. Beth veut à tout prix interroger Janice pour un reportage et lui file sa carte pour « aller boire un café ». Beth va ensuite rencontrer un professeur en criminologie… incarcéré dans le couloir de la mort pour avoir tué sa femme. Tatatan ! En attendant la mort, littéralement, ce docteur Grieff reçoit des gens qui ont des énigmes à résoudre. Il accepte les affaires ou pas selon des critères un peu obscurs de moralité. Son acolyte est un tueur en série fort cruel mais sympathique. Il refuse la demande d’interview de Beth mais quand celle-ci revient avec une photo floue envoyée par Janice sur le portable de Beth, l’enquête commence.

Un dérapage qui n’a pas le moindre sens

Car oui, Janice a des soucis. Prof de maths à domicile, sa visite chez Harry, le vicaire, dégénère. Suite à un quiproquo nase, elle croit que Ben le fils du pasteur, consomme de la pédopornographie. Paniqué, Harry essaie de lui expliquer mais par accident, il : 

  • fait un geste brusque et envoie valdinguer le téléphone de Janice
  • la frappe par accident
  • la pousse toujours par accident dans la cave
  • verrouille la porte parce que… ?

Alors là, déjà, j’ai bugué. Je suis censée rire ou c’est sérieux votre scène, là ? Vraiment, j’étais dans mon écran et je pinais rien. Mais tu séquestres une femme parce que ta maladresse l’a poussée dans les escaliers ? Quoi ? La série a commencé depuis genre 20 ou 30 mn et déjà, ma suspension consentie de l’incrédulité a démissionné. Et le pire, c’est que quand la femme d’Harry revient, elle poursuit Harry dans son délire parce que Janice pourrait aller dénoncer le fils à la police. Mais ils sont tous cons ?

Janice est dans le doute
Environ ma tête en matant la série

La séquestration la moins légitime du monde

Et en vrai, oui. La série, c’est purement ça. Que des personnages qui prennent des décisions pétées parce que sinon y a pas de film. Et avec des motivations obscures, également. En fait, le concept de la série, c’est de parler de dilemme moral, de vertu et de dire que tout le monde peut se transformer en meurtrier, même les individus les plus vertueux. Genre un vicaire, ahah ! Non parce qu’en gros, pendant trois épisodes et demi, Harry va errer dans sa maison à se demander ce qu’il est censé faire pour prouver à Janice que non, son fils n’est pas pédophile et si ça ne serait pas plus simple de s’en débarrasser. De Janice, pas du fils. Sauf que la meuf, elle est enfermée dans ta cave suite à une scène hallucinante de “oups, pardon, je t’ai poussée par accident dans les escaliers”. Du coup, moi, je suis totalement désengagée de cette histoire-là vu que j’y crois pas une seconde.

David Tennant dans Inside Man

Des quiproquos nases

Cette série est assez symptomatique du “si vous vous parliez, tout serait réglé”. En général, on a ça dans les quiproquos amoureux qui me font vriller. Vraiment, pendant quatre épisodes, j’étais là “mais parlez-vous, bordel !”. Tout est ridicule, les personnages se focusent sur des trucs sans importance. Dans le 4e épisode, y a tout une histoire avec un téléphone quasi sans batterie mais qui faut-il appeler ? Et deux personnages se disputent à propos de ça. C’est insupportable parce que c’est illogique. Genre la situation est tendax ? Disputons-nous un peu car on a bien le temps, ahahah.

Beth et Janice

Quelque part entre les States et l’Angleterre

Autre point qui casse complètement la cohérence de la série : les emplacements géographiques. Donc je disais que ça se passe en Angleterre. Ok mais pourquoi y a un mec dans le couloir de la mort ? Y a la peine de mort en Angleterre ? Ah non, lui, il est aux Etats-Unis. Du coup, Beth fait un aller-retour en trois jours, la durée de l’intrigue ? Et pas de jet lag. Pas même de décalage horaire, j’ai l’impression. Ca ne marche pas du tout. Alors je comprends le coup du couloir de la mort, ça a vaguement un impact sur l’intrigue du Dr Grieff. Mais c’est pas crédible deux secondes surtout la résolution. Vraiment, l’histoire se serait passée tout aux Etats-Unis, ça aurait déjà mieux marché. Surtout que je n’ai pas compris où Grieff a assassiné sa femme puisqu’un reste de corps serait en Angleterre. Genre quoi, il a pris l’avion avec des bouts de corps ? Et me dites pas que Tennant peut pas jouer dans une intrigue aux Etats-Unis, cf Jessica Jones. Ne me dites pas non plus que le truc du pasteur, c’était pas possible. Cf 7 à la maison ou Greenleaf. Oh, ça me donne envie d’écrire un truc genre “le père de 7 à la maison devient un meurtrier”, tiens. Bref, tu n’écris pas une histoire sur deux pays si tu ne gères pas le détail du décalage horaire. 

Grieff téléphone avec fil

Deux ou trois bonnes idées mais…

Pourtant, il y a quelques fulgurances dans la série. La scène d’intro dans le train. Janice qui répand son ADN partout dans la cave et essaie de manipuler Harry et sa femme pour les monter l’un contre l’autre. Les atermoiements de la femme d’Harry qui pense qu’il faut tuer Janice avant de réaliser tous les détails à gérer pour ne pas être suspecté. L’idée même de la série était intéressante. Quant au côté “le génial docteur en criminologie qui résout des enquêtes”, pardon mais non. Le mec fait littéralement de la magie, il déduit des trucs de rien. Alors la série a été écrite et réalisée par Steven Moffat qui a bossé sur Doctor Who et… Sherlock. Ah ok, j’ai une ampoule qui s’allume là. Moffat a juste écrit une série “Sherlock mais en prison”. Sherlock, j’ai dû voir un épisode ou deux et déjà, je trouvais parfois les connexions entre les indices pour trouver la solution un peu abusée. Là, vraiment, je pense que Grieff est voyant, il n’y a aucune autre explication logique. Et de toute façon, on nous met ça en avant dans la série mais si j’avais chronométré les temps à l’écran, je pense que Harry est deux fois plus présent que Grieff. 

Inside Man : David Tennant et Stanley Tucci

Une belle perte de temps

Bref, j’ai perdu quatre heures de ma vie. Car la résolution est aussi pétée que toute la série. Reste une scène dans les toilettes un peu rigolote, une mort qui est interdite au cinéma depuis 2000 tellement c’est cliché. Des personnages qui agissent et réagissent absolument n’importe comment juste pour permettre à l’histoire de se poursuivre. Ca plus une journaliste qui voyage dans l’espace et un condamné à mort omniscient. Je culpabilise souvent quand j’écris une histoire car je me questionne sur la cohérence de ma fiction, des réactions des personnages. Finalement, peut-être que je devrais moins me prendre la tête…

Nina

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