Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Relire une histoire, c’est en découvrir une autre

En ce moment, j’écoute un livre audio assez chouette sur Sex and the city et Mister Big comme mâle alpha toxique. Je vais en faire un article sur Citizen d’ailleurs. Dans ce court livre disponible gratuitement avec votre abonnement Audible, l’autrice, India Desjardins, cite L’Histoire sans fin 2. Au début de ce film, Bastien veut réemprunter le livre du premier film mais le libraire le prévient : les histoires évoluent quand on les relit. Oh mais j’aime cette idée. Relire une histoire, c’est la réinventer ?

L'histoire sans fin 2, relire l'histoire

Relire avec un vécu supplémentaire

Ici, India Desjardins parle de relire ou redécouvrir une histoire par le filtre de nouveaux savoirs ou de nouvelles valeurs. De nouveaux vécus, aussi. Alors qu’elle était très fan de Sex and the city plus jeune, elle a trouvé le revisionnage difficile. Parce que Mister Big est un trou du cul pervers narcissique de compète et qu’on nous vend son retour pour une belle happy end. J’avoue que je n’ai pas revu cette série depuis bien dix ans et j’étais sidérée par le listing des comportements toxiques de Big dont je n’avais aucun souvenir. Pour le coup, je n’ai jamais été très fan du couple Carrie-Big et j’avais un peu conscience que c’était un connard mais là, c’est vraiment le prototype du petit-ami toxique. India était choquée de sa découverte car elle aimait sincèrement cette série. Elle culpabilisait. Un peu comme nous avec Friends ou HIMYM. Cependant, j’ai jamais pu blairer Barney.

Je n’ai pas toujours été très informée

Est-on de mauvaises personnes parce qu’on a ri à des vannes limites-limites ? Qu’on a prêté au Prince Charmant les traits d’un sale type ? Bah non. Parce que relire une histoire, c’est en découvrir de nouvelles dimensions, de nouvelles subtilités. Autant je ne relis jamais deux fois un livre pour des raisons qu’il y a beaucoup trop de livres qui m’intéressent dans le monde, autant j’ai déjà revu des films ou des séries. Et si certains restent un vrai plaisir à regarder, d’autres ont “mal vieilli”. Et je parle pas juste d’effets spéciaux. Forcément, j’ai grandi, évolué. Alors que le support narratif, lui, reste immobile. Et quand je dis “je”, c’est la société au global. Oui, en 2001, je n’étais pas choquée par l’écriture autour du père de Chandler, femme trans mégenrée et incarnée par une femme cis. Aujourd’hui, je comprends que c’est maladroit. Les auteurs eux-mêmes le disent. Mais à l’époque, je n’étais pas informée. De la même façon, je ne comprends pas les dramas autour des mises en contexte d’oeuvres. Les histoires changent de dimension en fonction de l’époque où on les lit. En fonction de notre maturité.

Tintin au Congo

Nos regards et nos goûts évoluent

Mais il n’y a pas que ça. Il y a un regard politique mais aussi un regard esthète ou un regard culturel. Il y a des romans que j’ai dû lire trop jeune. Les dystopies, par exemple. J’ai lu Fahrenheit 451 en 4e ou 3e et je ne connaissais pas le concept d’autodafé. Je l’avais vu dans Indiana Jones mais je n’avais pas bien compris cette scène. De la même façon, j’ai été incapable de lire Le Rouge et le Noir au lycée, obtenant quand même un 13 à l’interro sur le sujet. Je sais plus comment j’avais réussi cette arnaque. Ce n’est que 15 ou 20 ans plus tard que je l’ai lu sur ma liseuse. C’est passé sans même que je me force. Avec plaisir, même. Faudrait que je lise Mme Bovary, aussi. J’avais calé au lycée mais depuis, j’ai lu un thread expliquant que c’était une comédie et peut-être que grâce à ce point de vue, je vais aimer. Et puis tant que j’y suis, citons tout l’esthétisme des films qui empruntent parfois à un genre de peinture. J’avais parlé d’un hommage à la liberté guidant le peuple dans Vincenzo. Il y avait l’esthétique de la série Arès aussi, qui reprenait les ambiances des grands peintres néerlandais. Bon la série était nulle mais j’ai apprécié cette esthétique que j’ai pu reconnaître. Ca a atténué mon manque d’intérêt pour l’histoire.

Arès, une série esthétique mais nulle

Lire l’histoire puis relire pour le sous-texte

Et puis, je pense aux auteurs et autrices. Je disais l’autre jour que quand on rendait publique une fiction, elle ne nous appartenait plus. Ajoutons maintenant que relire une histoire, avec un regard plus mature, la fait évoluer, comme une chenille devient papillon. J’ai presque envie de dire que ça fait évoluer ma façon de concevoir l’écriture. Que j’ai presque envie d’entremêler l’histoire au premier degré avec un début, milieu et fin. Et que j’ai envie de tisser des métaphores, des symboles ou je ne sais quoi. La première lecture pour l’histoire,la seconde pour le sous-texte. Pour quelqu’un qui ne relit jamais un livre, il doit y avoir quelque chose de cocasse.

Relire une oeuvre pour la redécouvrir

Faire grandir l’histoire

Mais j’aime cette idée d’une histoire qui, bien que publiée, fixe dans son texte original ou sur sa pellicule, évolue selon le regard qui se porte dessus. Comment on y découvre des nuances, des sens qui nous avaient échappé en première lecture. Ca rajoute un plaisir à cette relecture ou ce revisionnage. On peut lâcher l’histoire pour s’accrocher plus à ce qui n’est pas directement narré mais suggéré, peint en arrière-plan. Du coup, est-ce que ça me donne envie de relire certains bouquins ? Non, j’ai encore trop de romans ou d’essais à découvrir. Mais peut-être quand je serai à la retraite…

Nina

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