Bonne question à laquelle, vous vous en doutez, je vais répondre “non”. Carrément. Alors avant de poursuivre, je me dois de préciser que mes connaissances en terme psychiatrie ou psychologie sont nulles. Dans tous les sens du terme. Et je vais utiliser le terme “folie” dans un sens extrêmement large donc si ça sonne trop psychophobe, n’hésitez pas à m’en parler. Cependant, j’ai l’impression que là, encore, on a affaire à une bonne grosse ficelle pas bien réfléchie qui nous donne surtout des histoires bien bancales.
Romantisation de la folie
Alors comment parler de folie dans les fictions tellement il y a des cas. On va essayer de faire des tiroirs et, je vous l’annonce direct, on sera pas exhaustifs. Parce que la folie est séduisante à raconter, surtout quand elle est fantasmée. Parfois des maladies connues comme le syndrome de Munchausen par procuration ou la bipolarité. Mais à vouloir romancer la folie pour écrire des personnages torturés, on finit souvent par patauger dans un bougli-boulga qui n’a rien à voir avec la psychologie ou psychiatrie.
Génies, asociaux… ou connards
Alors premier cas que je vais balayer car je le supporte pas : le fou qui n’accepte pas les règles de bienséance. C’est un peu un mec qui ne parvient à s’intégrer en société, qui va mettre ses vieilles chaussures dégueus sur votre canapé car il est un peu fou. Ou c’est un extraterrestre ou un voyageur du temps qui n’a pas pu apprendre nos codes. Souvent un génie incompris à la limite de l’autisme. Genre l’intelligence rend naturellement infect, LOL. Moi, j’appelle ça un connard ou une connasse. Et ces personnages me rendent folles. Je les déteste, on passe.
Les femmes psychopathes, héroïnes des téléfilms
On plonge un peu plus dans les abysses de la folie avec les psychopathes ! Enfin, les psychopathes au sens “scénariste de téléfilm”, hein, pas au sens clinique du terme. Tous les mercredis, je vous dissèque un téléfilm et régulièrement, il y a une femme tueuse, tendance érotomane. Et il y a toujours cette scène où l’héroïne est menacée par la folle de service qui la pointe avec une arme et voilà que la psychopathe commence à partir dans une infinie logorrhée. Y a une vanne classique sur les grands méchants qui exposent leur plan machiavélique pendant une heure de façon gratos. C’est pareil pour les folles de téléfilms, qui ont neuf chances sur dix de se faire tuer dans la minute qui suit. Il faut toujours qu’elle nous fasse sa séance psy en direct “ahaha, j’ai tué comme j’ai tué mes parents car ils m’avaient puni et planqué ma console, ahahah !”. Je ? Hein ? La femme psychopathe aime briser des objets, aussi, fracasser des miroirs, des vases, des verres, de façon impulsive et inexplicables. Ces femmes-là, tel l’Orangina Rouge, quand on se demande pourquoi elles sont si méchantes, la seule réponse, c’est PARCE QUE ! Evidemment, raconter toute une histoire sur une folie qui n’a pas de sens, c’est pas… bref.
Bipolarité sur glace
Niveau suivant ! Alors là, je vais faire un peu l’équilibriste. Une nouvelle fois, je vais m’excuser de mon éventuelle maladresse. Cet article m’a été de prime abord inspiré par Spinning out, une série sur le patinage et la bipolarité. Je suis infoutue de le décrire autrement. En gros, on suit Kat, une patineuse assez moyenne traumatisée par une sale chute et qui est bipolaire, tout comme sa mère Carol. Et toute la série tourne autour du fait que des fois, Carol et Kat oublient de prendre leurs médicaments et finissent toujours par péter un plomb et foutre leur vie ainsi que celle de leur entourage en vrac.
Personne ne prend soin d’elle ou ?
Alors je ne suis pas une experte de la bipolarité mais j’avais l’impression qu’ils ont pris le personnage de la mère d’Abi dans Urgences et en ont fait une série. Alors peut-être que la bipolarité, c’est vraiment cette espèce de frénésie folle et délirante existe pour de vrai. Cependant, si tel est le cas, d’où personne ne réagit ? On sait que Kat et Carol sont bipolaires, tout le monde le sait puisqu’elles en parlent tout le temps. Du coup, ça ne marche pas ! On ne peut pas nous raconter que Kat ne prend plus ses médicaments pendant plusieurs mois sans que personne ne s’en rende compte !
Ton entourage devrait en avoir quelque chose à faire…
En contrepoint, parlons de la série Trop. Je vous reparlerai de cette série québécoise, je vais juste m’arrêter ici sur la bipolarité d’un des personnages, Anaïs. Après un épisode psychotique, Anaïs est diagnostiquée bipolaire. Du coup, dès qu’elle commence à avoir un comportement un peu préoccupant (agressivité, folie dépensière, libido au plafond…), son entourage réagit immédiatement. Il y a une scène comme ça où elle s’achète un robe très chère. Son chum s’en rend compte et s’inquiète immédiatement, pensant à une crise. Une partie des rebondissements est basée sur les troubles d’Anaïs, certes, mais personne ne laisse faire jusqu’à ce qu’une chambre d’hôtel soit totalement saccagée avec bagarre à la clé. Surtout qu’aux Etats-Unis, à regarder leurs séries, ils sont tous bipolaires vu que quand Kat commence à partir en vrille, une meuf random lâche sans pression “elle est en crise. Je le sais, ma cousine fait pareil”.
Ecris pas sur ce que tu ne connais pas
Je ne pense pas qu’il faut s’abstenir de parler de folie dans une fiction, pourquoi pas. Je pense par contre que d’écrire sur quelque chose qu’on ne connaît pas, mmm… On peut prendre un peu de liberté avec la vraisemblance mais dans la limite du crédible. Se baser sur des clichés pour raconter une histoire sans queue ni tête, non, vraiment. C’est insultant pour les personnes qui sont atteintes de cette maladie… et un peu pour le spectateur pour qui le seul suspense est de deviner sur quoi va porter l’ultime crise. Pour terminer, vous vous en doutez mais : je ne vous conseille pas du tout Spinning out. Même si y a January Jones dedans.
4 réflexions sur « La folie est-elle un ressort scénaristique acceptable ? »