Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Alors que voici la side kick rock n’roll !

Et me revoici avec un petit cliché que je croise un peu trop souvent dans les fictions pour que je ne m’arrête pas un peu dessus. Surtout ces dernières années et je ne pense pas que ce soit un hasard. Juste un swipe gender, en fait. Car oui, le héros que nous suivons est rarement seul dans sa bulle, il a souvent des acolytes. Et le traditionnel geek à lunettes qui sait tout est devenu… une geekette. Mais en cool pour pas qu’on voit la petite astuce. C’est parti pour la side kick rock n’roll.

La side kick rock n'roll

La meuf de 14 ans trop geek

Je ne sais pas trop quand est né cette volonté de mettre en scène des geekettes. Pour le coup, je trouve ça cool sur le papier. La représentation, c’est important. Faut que j’écrive un article sur le sujet, tiens. Spontanément, je pense à Lex dans Jurassic Park. Alors que son frère est vu comme le scientifique de la fratrie, un nerd obsédé par les dinosaures, Lex qui semblait peu dégourdie pendant les trois-quarts du film devient soudain la petite génie qui va sortir tout le monde du caca grâce à ses compétences en informatique. Juste un point d’ailleurs : ok, on est en 1994 et l’informatique, ça paraît nouveau mais quand tu penses que le système anti-piratage ultra sophistiqué d’un mec qu’on nous présente comme un petit génie de l’informatique est désamorcé en deux minutes chrono par une gamine de 14 ans, bon… Ca sent la facilité scénaristique. 

Une gothique accro au café

Mais évidemment, la plus emblématique de côté side kick rock n’roll, c’est Abbie dans NCIS. Ouah, la scientifique gothique accro au café, génial. Alors perso, j’ai moyen compris ce personnage mais j’ai jamais trop compris NCIS au global. Cette série est très emblématique de « je regarde parce que y a rien d’autre et que je m’ennuie ». Je suis bien contente de ne plus avoir de télé. A partir de là, le side kick scientifique est de genre féminin avec un look remarquable. 

Abby dans NCIS, prototype de la side-kick rock'n roll

Un même archétype dans deux romans différents

Et voici que je recroise ce stéréotype dans deux romans d’affilée. J’ai vaguement évoqué la side-kick coréenne au beau cul et au look forcément kawai dans Une quelconque aventure. Side-kick qui m’évoquait vaguement Samira, la collègue arabo-asiatique de Servaz dans les romans de Bernard Minier, décrite comme très moche de visage mais corps de rêve et look remarquable. Et voilà que dans Les somnambules, on a droit à une collègue du héros assez rock n’roll. Asiatique, cheveux bleus, t-shirt à message. Et super bien goalée. Là, j’ai froncé les sourcils. Il y a peu de choses en commun entre Une quelconque aventure et Les somnambules mais la ressemblance entre ces deux personnages m’a fait réaliser l’existence de ce cliché. 

Iu est trop belle

Un petit copier-coller des familles

Ce personnage de la side kick douée en sciences et ou informatique et à forte tendance asiatique me paraît donc une évolution du nerd. Pour cacher le copier-coller, on cosmétise un peu. On transforme le mec chétif à lunettes par une bonasse au look très marqué. Avec parfois un t-shirt à message comme les nerds. Les nerds clichés de la culture pop, j’entends. Même parfois, elles ont des gros casques audios. Par contre, le côté asiatique, je vous avoue que je préfère pas trop investiguer. Soit c’est un cliché raciste à base de “les Asiatiques, ils sont trop forts en informatique ou science, otaku, kawai, chai pas quoi”. Ou un cliché sexiste “han, les Asiats, elles sont trop sexy avec leur look de manga, là”. L’un comme l’autre, vraiment, j’ai pas envie de savoir. 

Fille manga aux cheveux bleus

Pourquoi c’est le side kick, le swipe color ?

Au-delà des obsessions cheloues des auteurices… enfin, auteurs tout court ici en l’occurence, y a surtout un fait que je souhaite souligner. Les swipe genders ou colors, ils concernent surtout les side kick, les personnages secondaires. Les héros et héroïnes, ils restent bien Blancs et plutôt peu excentriques. Alors qu’en plus, dans les side kick susnommées, elles semblent avoir une affection un peu trop marquée pour leur boss qui ne les calcule pas particulièrement. Grosse nuance cependant pour les Somnambules où le héros est noir. Mais pourrait-on passer James Bond d’homme blanc quadra-quinqua en jeune femme noire ? Vous-même, vous savez. De toute façon, dès qu’un personnage principal a la peau noire, on hurle au militantisme. Ciel.

Lashana Lynch est James Bond

La représentation, c’est important

Les représentations comptent et quelque part, je devrais me réjouir de voir des personnages féminins dans des rôles plus valorisants. Je préfère qu’on me représente des femmes qui s’en sortent très bien en informatique, maths ou science. Bon, je sais pas pourquoi, ce sont surtout des femmes typées, je rajoute Saanvi de Manifest dans le lot. Je préfère clairement ça à des ados idiotes qui portent des T-shirts “je suis nulle en maths”. Mais ce serait bien qu’on y aille un peu molo sur les attributs qu’on lui donne. Parce que personnellement, je vais avoir du mal à m’identifier à des personnalités aussi marquées et extraverties. Franchement, un personnage qui me paraît intéressant dans le domaine, c’est Felicity dans Green Arrow. Paraît parce que j’ai vu que la première saison et qu’on a quand même le cliché “ah mais elle est trop belle sans lunettes, en fait”. Déjà, arrêtez de faire des lunettes un item de moche, c’est sexy, les lunettes. Mais voilà, Felicity est une meuf normale, sans extravagance. Et en plus, à la fin, c’est elle qui finit avec le héros.

Felicity dans Green Arrow

Ok pour les meufs badass en science mais mollo sur les clichés

Bref, les femmes scientifiques, c’est cool. Mais si on pouvait y aller piano sur les clichés… Non parce que suffit pas de changer le genre pour faire un personnage tout nouveau, tout beau. C’est pas sans couture, votre truc, on voit les fils qui dépasse et ça va craquer. 

Nina

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