J’ai quelques petites obsessions narratives, vous l’aurez noté. J’ai beau détester les comédies romantiques, j’adore les jolies histoires d’amour. En fait, non, j’aime l’étincelle amoureuse avant tout et les petits moment de bonheur amoureux. Cette semaine, je me suis promenée au jardin du Luxembourg et j’ai croisé plusieurs petits couples, allongés dans l’herbe. Quel tableau charmant. Ils ne faisaient rien mais de les voir, ça me rappelle mes propres moments de félicité, ça fait du bien. Mais si je vois de la romance partout, je m’interroge : est-ce réellement un ingrédient essentiel dans une fiction ?
L’amour parce que… parce que.
Peu d’histoires sont exemptes de toute romance. Parfois, c’est juste la récompense du héros qui, après avoir sauvé une demoiselle en détresse ou le monde pendant le film, repart avec la jolie fille. Même si on ne sait pas vraiment pourquoi tant, parfois, l’alchimie entre les deux est totalement forcée et artificielle. Mais pourquoi vous me collez cette histoire d’amour qui sert à rien et sort vraiment de nulle part. Prenez Le cinquième élément. A la fin, le héros qui a sauvé le monde obtient la fille. Mais d’où ? Déjà, pardon, c’est quand même elle qui a un peu tout fait et d’où un espèce d’artefact divin tombe amoureux d’un mec à muscle ? Alors oui, c’est joli l’amour qui sauve le monde mais de quel amour parle-t-on ? Ca sort de nulle part. Si on prend la relation entre les deux personnages, autant lui ne cache pas ses élans pour elle (plus sexuels qu’amoureux mais passons) mais elle, rien… J’ai trouvé une chouette critique sur ce film et le syndrome Trinity, je vous le partage.
L’amour comme élément modificateur
D’autre fois, le sentiment amoureux est un élément indispensable. Notamment dans les dystopies où le jeune héros ou la jeune héroïne entre en résistance par amour. Pourquoi pas, après tout. C’est Lea dans Nous, la vague, Egor dans better than us. Ca peut justifier des comportements comme Jaime dans Game of thrones… même si parfois, je trouve le trait un peu… Toujours dans Game of thrones, dans la série, la décision de Robb Stark de rompre son engagement vis-à-vis d’une fille Fey pour épouser une obscure infirmière parce qu’il l’aiiiiiime, ça marche pas. Pas du tout. On est dans un univers où on nous explique en long, large et travers que tout n’est qu’alliance entre famille, t’as pas un seul couple d’amour légitime mais lui, non. Il mène une guerre où chaque alliance peut faire basculer le conflit d’un côté ou de l’autre mais lui, il décide qu’il s’en fout. On est dans un univers où les infidélités sont parfaitement tolérées et même institutionnalisées puisque les bâtards ont des noms de famille particuliers. Eddard Stark trouve plus safe de faire passer son neveu pour son fils bâtard que d’afficher sa réelle ascendance et c’est à peine un sujet…
Rien de naturel
En fait, le problème de la romance, c’est le forceps. Dans beaucoup de récits, elle peut tout à fait se justifier mais quand elle est forcée parce que “le héros doit finir avec l’héroïne” (et je ne décline pas en version LGBT volontairement parce que dans 90 ou 95% des fictions, on reste sur un couple hétéro), je me demande pourquoi on fait ça ? Ca n’apporte rien au récit, tout le monde sait que ça va arriver mais personne ne l’attendait avec impatience. Même, quand le baiser attendu arrive, c’est limite si on soupire pas en mode “ouais, super, ok. On passe à la suite ?” C’est déjà pour ça que je m’obsède sur l’étincelle amoureuse, pour que si amourette il y a, elle soit évidente.
Mais dans toute fiction, il y a aussi ceux qui la reçoivent. Et j’en viens au bout de mille paragraphes à la vraie question. On met de la romance dans nos oeuvres parce qu’on pense que c’est ce que les gens attendent mais… est-ce si vrai ? Je parle pas des comédies romantiques dont c’est l’essence même. Les spectateurs ou lecteurs consomment cette fiction-là pour son frisson amoureux et c’est parfaitement ok. Mais sur d’autres aventures… Par exemple, Blade Runner. Dans le roman, la relation entre Deckard et Rachael se limite à un rapport sexuel légèrement contraint alors que dans le film… on a également la contrainte (classe) MAIS on enchaîne ensuite sur une relation amoureuse qui n’a ni utilité ni sens. Le pire ayant été V for vendetta, je crois, où la relation amoureuse m’a limite fait sortir du film tellement tu sais pas d’où ça sort. A part d’un syndrome de Stockholm…
Du coup, est-ce que c’est grave si on met pas d’histoire d’amour dans une fiction ? Est-ce que ça manquerait vraiment ? Surtout que souvent, pour allonger la sauce, on nous saoule avec les quiproquos amoureux et on verra ça semaine prochaine
Hello ! Merci pour le partage : )
Il y a beaucoup de vrai dans ton article, c’est très intéressant.
C’est toujours utile de réfléchir aux histoires qu’on raconte et pourquoi.
Marine
Oh merci ! J’avais trouvé ton article parfait pour aller plus loin que mon petit paragraphe et m’a fait découvrir le syndrome Trinity. Effectivement, j’ai longtemps consommé les fictions « sans réfléchir », on va dire. Mais dès que tu commences à décortiquer, surtout les rôles féminins, tu découvres tout un système de représentations pas mal problématiques.