Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Mask girl, la série coréenne qui cache bien son jeu

Beaucoup trop, même. Quand j’ai commencé les séries coréennes, je suis tombée sur un prototype assez classique de « drame humoristique ». A savoir des histoires sérieuses et tristes ponctuées de moments particulièrement drôles où des personnages bouffons allègent l’atmosphère. C’est particulièrement le cas dans la saison 2 de Demon catchers, que je suis en train de regarder. Sachez d’ailleurs que ça s’appelle Entre nouilles et démons au Québec et je suis dég’ qu’on n’ait pas le droit au même titre. Et puis y a des séries qui détonent et qui te désarçonnent. J’avais déjà parlé de Somebody, une série assez glauque et dérangeante. Et puis y a Mask girl, une série que tu penses un peu goofy, un peu humoristique… et qui se révèle noire et violente. Surtout que tu l’avais vraiment pas vu venir.

Mask girl

Moche le jour, pop idol la nuit

L’histoire. Mo-mi a toujours rêvé d’être une pop idol. Petite fille, elle se produisait sur scène en chantant et dansant. Mais en grandissant, son visage ingrat l’a éloignée de son rêve. Devenue une employée de lambda, elle fantasme le jour sur son chef, le beau Gi-Hoon. Le soir, elle réalise son rêve de pop idol en streamant ses performances, masquée. Elle se fait donc appeler mask girl. Mais un jour, Mo-mi découvre que Gi-Hoon a une liaison avec la belle A-Reum. Désespérée, Mo-mi s’enivre et fait une danse nue sur son stream, se faisant bannir de la plateforme. C’est le début d’une déchéance sans fin pour Mo-mi. 

Mo-Mi, version moche de mask girl

J’ai cru à une série magical girl

On commence donc Mask girl en pensant à quelque chose d’un peu innocent. On est à la limite de la magical girl qui change de visage pour réaliser son rêve. C’est mignon, c’est doux. Elle dit des choses un peu niaises genre « quand on tombe amoureux, on se demande comment était notre vie avant de rencontrer la personne ». Un truc du genre. Puis on va descendre un petit peu dans le glauque avec Oh Nam, collègue de Mo-mi dans le genre incel, qui passe un temps infini à se masturber sur des hentaïs, baiser avec sa poupée sexuelle ou utiliser des tas de jouets pour combler un manque. Evidemment se branler sur mask girl dont il va découvrir la véritable identité. Ensuite, on découvre que Gi-Hoon n’est pas le doux prince que Mo-mi imagine… Bon ok, j’ai totalement perdu de vue la magical girl et la fin de l’épisode 02 avec une scène de viol et de meurtre très graphique. Pom-pi-li-lu… je suis en train de regarder quoi, là ?

Mask girl, une streameuse intrigante`

En quête de revanche

Mask girl est en fait une série de vengeance. Une vengeance à multiple niveaux puisqu’il y a celle de Mo-mi sur une société qui la rejette juste parce qu’elle est moche. Celle d’autres personnages comme Kyung-Ja, une dame d’un certain âge interprêtée par Yeom Hye Ran qu’on a déjà croisé dans Demon Catchers (Shu) et The glory. J’ai l’impression que dès qu’on a besoin d’une actrice quinqua pour incarner une femme du peuple voire classe moyenne au max, c’est elle qu’on appelle. J’avais lancé la série car c’était elle sur la cap netflix et que je l’aime bien mais elle est aux antipodes de son rôle dans Demon Catchers. Ici, elle est d’une cruauté sans nom… Un peu comme l’univers de la série, finalement. A l’arrivée, il est très difficile d’avoir de l’empathie pour qui que ce soit de part la nuance apportée à chaque personnages. Même Mo-Mi, qui peut être perçue comme victime, a ses moments de cruauté et de violence. Vraiment au tout début de la série, quand je cherchais à comprendre où la série essayait de m’amener, j’étais en mode « non mais si elle finit avec lui, c’est cringe quand même ». 

La mère vengeresse dans Mask girl

La vie est difficile quand on est moins beau

Mais le vrai thème de la série, c’est la beauté. Comme un critère indispensable pour réussir dans la vie. Dans les séries coréennes, tu as une répartition selon tes richesses mais aussi selon ta beauté. Très concrètement, dans toutes les séries avec des ingrédients humoristiques, tu as inévitablement des personnages un peu décaléS, un peu too much. Et ces gens sont irrémédiablement de beauté inférieure vs les protagonistes principaux. Comme si les personnes moins bien dotés physiquement parlant ne pouvaient pas être autre chose que des bouffons ou des personnes beaucoup trop intenses au niveau des émotions. Dans Mask girl, l’obsession de la beauté est telle que Mo-Mi envisage de se faire opérer. Opération qui n’a pas l’air particulièrement rare puisqu’elle en parle de façon parfaitement anodine. La beauté conditionne la réussite. Comme on le voit avec le personnage de A-Reum. Ce n’est pas sans rappeler la trajectoire d’In-Ju dans Little Women qui va passer d’employée peu considérée à employée mieux considérée à partir du moment où elle va mettre des chaussures de valeurs. Idem pour Yoon-Hee qui devient de plus en plus belle et considérée au fur et à mesure que sa fortune s’améliore. Grâce notamment à son vibreur de visage dans une scène placement de produits particulièrement gênante. Bref, dans la société coréenne et dans ses fiction, l’apparence compte et pas qu’un peu. 

Oh Nam dans mask girl

Une série dérangeante

Mask girl est ce genre de série qui marque. Je l’ai vue fin août et j’en ai un souvenir précis. Contrairement à d’autres vu au même moment dont je vous parlerai quand j’aurai un peu plus de temps. Je ne suis pas certaine de la conseiller dans l’absolu car il y a quand même une dose de violence qu’il faut accepter. Dont la fameuse scène de viol et meurtre citée un peu plus haut, j’étais vraiment mal à l’aise. Mais après, le fait qu’on ne sache pas où la série va nous amener est plutôt plaisant. Passer d’une magical girl à une histoire de revanche qui s’étend sur des années, avec des rebondissements plutôt bien vus. Et une sensation de vie gâchée très forte. Donc oui, Mask girl est une série surprenante mais souvent malaisante. Un autre visage de la Corée. 

Nina

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