Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Somebody, l’étrange série coréenne psychopathe

Des séries coréennes, j’en ai regardées. Beaucoup. Souvent des séries qui mêlaient légèreté grâce à des personnages secondaires un peu extravagants et gravité avec des décès surprise. Pour moi, la quintessence des séries coréennes, ça reste Vincenzo qui te passe du rire aux larmes en quelques instants. Avec des cris et des placements de produits. Je connaissais donc ce type de montagnes russes. Puis avec Queenmaker, j’avais déjà glissé dans la série un peu plus noire, un peu plus sérieuse. Plus de pitres aux cheveux bouclés (?) et moins beaux que les personnages principaux qui viennent mettre un peu de légèreté sur des histoires un peu dramatiques. Et puis je suis tombée sur Somebody. Le pitch ? « Un tueur en série utilise une appli de rencontre pour tuer ». Oh tiens, pourquoi pas ? Et bien… j’étais carrément pas prête à voir ce que j’ai vu.

Un match sur l'appli Somebody

Une appli de rencontre enrichie en IA

L’histoire, donc. Kim Sum est une jeune développeuse talentueuse qui a créé une IA capable de s’adapter à la personnalité des personnes avec qui elle discute et comprendre ses réelles envies ou besoins. Kim Sum étant atteinte du syndrome d’Asperger, elle a assez peu d’amis et utilise Somebody comme son meilleur ami. Repérée par une femme d’affaire, Somebody va devenir une appli de rencontre qui permet aux gens de se connecter selon leurs vrais désirs. Sauf qu’apparemment, quelqu’un utilise cette appli pour tuer. Curieuse, Kim Sum essaie de trouver le coupable parmi les utilisateurs. Elle rencontre Yun-O, un séduisant architecte qui, hé oui, est bien le tueur.

Somebody

Un psychopathe sur l’appli !

Bien que Kim Sum trouve le tueur dès le premier épisode, il va s’en passer des choses. On va découvrir que Yun-O crée de nombreux profils sur Somebody afin de varier les plaisirs. Il va, par exemple, se faire passer pour un handicapé afin d’attirer une femme handicapée dans ses filets. A savoir Gi-Eun, une policière en fauteuil suite à un accident et qui est, hasard incroyable, l’une des meilleures amies de Kim Sum. La série va donc nous proposer plusieurs arcs. L’enquête de Gi-Eun pour retrouver son bourreau puisqu’elle survit à leur date. Elle se fait aider par Mok-Won, une chamane possédée par l’esprit d’un général. Me demandez pas, je ne connais rien en chamanisme. Et Kim Sum elle-même. Kim Sum qui entame en parallèle une relation avec Yun-O alors qu’elle sait parfaitement qui il est et ce qu’il a fait à son amie.

Un rendez-vous amoureux qui tourne mal : Yun-O et Gi-Eun

Du cul sans fausse pudeur

Bon, en voilà une histoire compliquée. Que dire de précis sur Somebody ? Alors déjà, on a des scènes de cul explicites avec des personnages nus. J’avais déjà parlé de (non) sexe dans les séries coréennes en signalant la scène la plus hard jamais croisée dans ce type de séries dans The glory. A savoir une actrice habillée qui sautillait sur les genoux d’un acteur en poussant des gémissements. Je trouvais que c’était déjà beaucoup rapport à ce que nous avons d’ordinaire. Ici, pas de fausse pudeur : quand ça baise, ça baise. Ce n’est cependant pas des scènes de cul gratuites et trop vulgaires pour rien, je les trouve bien dosées et réalisées. A la limite, y a juste une scène qui m’a fait rire : quand une femme accueille Yun-O chez lui, vêtue d’une simple chemise transparente et qui lui parle directement de cul… et qui enfile une culotte. Je… Alors, c’est peut-être un code que j’ai pas mais il est clairement établi que vous allez baiser ensemble. Tu le reçois pour ainsi dire nue chez toi, tu es plus chaude qu’un après-midi de septembre en cette période de pré-effondrement, pourquoi tu remets ta culotte ? Bon, c’est juste un détail mais ça m’a fait rire. A peu près le seul truc qui m’a fait rire dans cette série, d’ailleurs.

Kim-Sum se masturbe dans Somebody

Une autiste Asperger…

Pour le reste, c’est assez tortueux et faut parfois s’accrocher pour comprendre la motivation des personnages. Enfin, la motivation de Kim-Sum et Yun-O, les autres sont assez lisibles et mieux équilibrés. Même la fille possédée par un général. Ah oui, d’ailleurs, à propos de ce personnage, à noter qu’elle est ouvertement lesbienne et sort avec une fille pendant la série. Encore une différence avec les autres séries puisque le seul cas de lesbianisme assumé, Mine, ne nous offrait aucune scène de baiser. Il me semble également que Kim-Sum est attirée par les femmes, même si ce n’est jamais explicité. Au début de la série, Somebody lui parle de Gi-Eun comme la policière la plus sexy du coin et sa relation avec Mok-Won me paraît ambiguë. Après, la difficulté des relations de Kim-Sum, étant atteinte d’Asperger, donc, est régulièrement rappelée et la série ne triche pas là-dessus. Son manque d’empathie est montré à plusieurs reprises. Mais je trouve le dosage subtil. C’est plus léger que certaines séries qui veulent à tout prix intégrer un personnage neuro-atypique mais ne se sont pas trop renseigné sur le sujet. Et les personnages autistes de ce type, tout en cliché, sont légion. Ca ou les HPI.

Kim-Sum, une développeuse autiste dans Somebody

Et un tueur sans limite

Et puis nous avons Yun-O. J’avoue que la série est parfois compliquée à suivre, notamment parce que sa colonne vertébrale est la relation entre Yun-O et Kim-Sum, deux personnages compliqués. Mais compliquééééés. Si on a droit à une sorte d’origin story pour comprendre la psychopathie de Yun-O mais… c’est léger, dirons-nous. Yun-O est un personnage cruel qui aime humilier les gens et parfois les tuer. Certaines scènes sont un peu pénibles à regarder de par la cruauté du personnage, justement, qui n’épargne personne.

Yun-O, le psychopathe de Somebody

Je comprends pas tout

Et c’est là qu’on va avoir un problème selon moi. La série a un côté un peu trip sous acides, notamment une scène de rite chamanique où Mok-Won saute sur des lames de rasoir. Scène qui a généré le plus d’angoisse chez moi. Parce que, normalement, la série devrait me créer beaucoup d’inquiétude pour Kim-Sum et Gi-Eun qui se retrouvent dans de mauvaises postures mais… Gi-Eun, à la base, on ne sait pas grand chose d’elle à part qu’elle est handicapée. Mais comme Yun-O est déjà identifié comme le tueur, lors de leur date, j’étais partie du principe qu’elle allait mourir donc bon… Quant à Kim-Sum, comme je n’ai pas réussi à comprendre son fonctionnement, j’ai eu du mal à créer une empathie pour elle. Elle choisit de coucher avec Yun-O alors qu’elle sait qui il est alors… elle veut peut-être mourir ? En tout cas, je la trouve bien mauvaise amie.

Uns scène de chamanisme dans Somebody

On peut reparler de l’appli ?

En vrai, je ne sais trop que penser de cette série. Quand ça s’est terminé, j’étais partagée. Je n’ai pas compris la motivation des protagonistes principaux et beaucoup de passages m’ont paru confus. Alors, certes, je fais toujours autre chose à côté mais quand même ? Je comprends ce qui a été fait et cette volonté de créer une série qui nous entraîne dans la tête de personnes dénués d’empathie. Une par autisme, l’autre par pure psychopathie. Mais le souci, c’est que, d’abord, je n’y crois pas beaucoup, à cette histoire. Et que je me fiche un peu du sort des deux protagonistes principaux. Par contre, je trouve que la série avait un pitch de départ fort, notamment avec cette IA capable de comprendre les non-dits, garder en mémoire les messages tapés mais non envoyés afin d’exprimer le réel désir de l’utilisateur. Et c’est sur ça que j’aurais aimé avoir une série. Bref, Someone est un ovni intéressant et qui change des séries plus soap avec des gens très beaux et un peu manichéens. Mais y a des moments franchement crispants à mater donc je pense qu’elle peut fortement déplaire.

Nina

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page