Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Ecrire une utopie : la confrontation

Je poursuis ma suite d’articles sur le bonheur. Et sur mon blog de narratologie et d’écriture, je vais encore me pencher sur les utopies mais d’un point de vue scribouilleuse ! Car, je l’ai déjà dit, j’ai souvent l’envie d’écrire une utopie. Une vraie, pas une fausse utopie, hein. Mais comment faire ? Un pur récit descriptif n’aurait aucun intérêt. Sauf que… ça y est, j’ai l’idée !

Ecrire une utopie verte

Une journaliste un peu niaise

J’avais commencé une petite utopie. J’imaginais l’histoire d’une journaliste qui irait interviewer un historien qui lui expliquerait que c’est la vraie fin de l’Histoire et que c’est un problème. Qu’il ne se passera plus jamais rien. Au secours ! J’avais pas poussé la réflexion très loin sur le sujet. Surtout que j’arrêtais pas de comparer la vie du futur avec celle d’aujourd’hui. Genre “Notre héroïne est une passionnée de l’Histoire du XXe siècle, ça l’obsède même. Du coup, pendant qu’elle prend son tram ou son vélo, elle pense à l’évolution entre ce XXe siècle, début XXIe et aujourd’hui. Ahlala, que d’évolutions, hihi”. Perso, j’ai étudié l’Histoire, je suis pas en train de m’émerveiller dès que j’appuie sur un interrupteur pour avoir de la lumière ou que j’envoie un mail à quelqu’un qui vivrait à l’autre bout du monde. Même si j’ai pas de correspondants à l’autre bout du monde, c’est triste. Ca fait partie de mon quotidien, je n’y pense même pas, en réalité. 

Epatée par un ordinateur

Quelle époque !

Du coup, compliqué cette histoire de journaliste qui peut difficilement s’étonner de son propre quotidien. C’est un truc que je souligne dans les différentes dystopies que je chronique, ce côté “quelle époque” par des personnages qui s’étonnent d’un truc totalement ancré dans leur quotidien. Expliquer un univers inédit dans un roman, c’est toujours un peu complexe. Mais les personnages qui s’épatent que le ciel est bleu, bof. Alors le plus simple, c’est encore de prendre un personnage et de le faire découvrir cet univers en même temps que nous, que son étonnement soit le nôtre. Le fameux lapin blanc.

Mignon lapin blanc

Tu peux pas t’étonner de ton quotidien

Du coup, mon héroïne journaliste de son temps, ça ne marche pas tel quel. Ca marche si elle ne connaît pas l’Utopie concernée et qu’elle la découvre. Comme dans Ecotopia ou Optima 2121 dont j’ai parlé dans mon article de mercredi. En plus, le côté journalistique marche bien avec la dynamique descriptive. Notre lapin blanc se balade avec son petit carnet et nous raconte l’utopie tel un reportage.

Un lapin journaliste

Mes personnages aiment se battre pour un idéal

Mais moi, quand j’écris, je veux de l’action, bim boum. Des gens, surtout des femmes, qui se battent pour un idéal. Et se lever contre une utopie, c’est compliqué. C’est l’énorme problème que j’ai rencontré avec Augura. L’héroïne avait de relatives raisons de se rebeller, tout comme ses amis mais c’est extrêmement léger. J’ai pour projet de switcher la relecture corrective en réécriture caaaar… je ne trouve pas qu’Augura soit fondamentalement une société mauvaise. Pas tout à fait une fausse utopie. Ce que je reproche à Happycratie sur le manque de réelle motivation des “résistants” locaux, je peux dire exactement la même chose d’Augura. Mais puisque j’ai bien révisé le libéralisme du développement personnel et du bonheur forcé, je pense voir comment rectifier le tir.

Une société heureuse

Défendre ses valeurs face à l’agression

Et si… la solution n’était pas dans une dissension interne mais dans une confrontation extérieure. Une utopie attaquée et qui doit se défendre  pour protéger ses valeurs. Voilà qui est intéressant. C’est peu ou prou le résumé de Les dépossédés de Ursula Le Guin. Que j’ai pas (encore) lu donc je ne vais pas donner mon avis mais j’aime l’idée. Là, j’ai tous mes éléments. Je peux décrire l’Utopie à travers les yeux de l’Ennemi mais aussi à travers ceux de guerriers décidés à défendre leur havre de paix, par exemple. Genre “ah oui, les Fondateurices, ils ont créé cette communauté dans une volonté de solidarité et d’équité, on doit protéger ça”. Ou “Quand Machin·e a créé notre communauté, c’est parce qu’iel avait vécu un drame et iel ne voulait pas que d’autres puissent subir son malheur”. Ah oui, j’ai envie d’écrire cette utopie avec cette confrontation mais j’ai pas du tout réfléchi plus que ça au sujet, excusez ces idées fort lambda. 

Une guerrière de l'utopie

Dessiner notre société de rêve

Pourquoi écrire une utopie ? Un peu comme une dystopie : écrire une prospective qui exagère certains traits. Ou veut montrer la voie. La dystopie raconte des histoires de sociétés qui ont pris la mauvaise voie. L’utopie imagine que les bons choix ont été pris. Selon l’auteurice, certes. Et j’ai plein de jolies idées de société parfaite selon moi. Mais pas forcément celles de mon utopie initiale sur la Fin de l’Histoire, là. Parce que je ne vois pas trop qui voudrait attaquer une société où le revenu universel fait travailler tout le monde à mi-temps. Certes, j’y imagine la disparition de la voiture individuelle mais comment écrire un univers futuriste où Renault serait devenu une puissance hostile ? Ce serait rigolo. Franchement peu cohérent et assez débile mais rigolo. Et puis surtout, comment on “découvrirait” cette société ? Oui, quand on part dans un autre pays, on a des chocs culturels mais tu en connais les grandes lignes. Tu t’étonnes plus de petits trucs. Genre des habitudes alimentaires, le fait que les gens font la queue pour monter dans le bus au lieu de se battre pour monter dans le véhicule indépendamment de l’ordre d’arrivée. Du coup, mon utopie, elle ne peut pas être “la France si vous arrêtez de voter pour des ultra-libéraux narcissiques”. Mais je suis sûre qu’en posant quelques éléments un peu fondamentaux, y a moyen.

Ecrire une utopie
La ville dans After Yang, un si beau film

Un, je vais écrire une utopie. Mais pas de suite

Enfin, de toute façon, là, c’est pas le sujet caaaaaar j’ai déjà trop de romans entamés et j’écris plus beaucoup en ce moment. Peut-être parce que j’ai un nouveau boulot, sans doute parce que j’étais branchée Powerpoint art cette semaine. Chaque chose en son temps. Mais ça pré-clôture bien ma semaine du bonheur. Et demain, sur Dystopie, on va finir avec une autre fausse utopie sur le bien qui amène le bien. 

Nina

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