Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Suis-je en train de me faire dépasser par mon oeuvre ?

Titre hautement prétentieux, I know, I know. Mais je suis en pleine crise existentielle de l’écrivaine, une crise massive. Alors non, je ne parle pas d’un succès foudroyant de Green ! J’en ai vendu très précisément zéro en juillet, ahah. Mais je suis en train de faire un joli marque-page qui me servira… à rien mais ça m’amuse. Non, aujourd’hui, je parle du monstre que je suis en train de créer. 340 pages et j’en suis à peine à la moitié, je crois. Et les personnages vivent leur propre vie, c’est ouf. Je crois que je suis en train de me faire dépasser par mon oeuvre… aka la réécriture de Technopolis.

Mon oeuvre titanesque

La réécriture de la maturitad

Technopolis, donc. J’avais écrit une première mouture en 2001-2002, réécrit sur la forme en 2006. Mais c’était un peu naïf et immature donc j’ai entrepris de le réécrire entièrement. Cependant, si vous voulez lire la version naïve et immature, elle est disponible ici et elle est quand même bien sympa, idéale pour une lecture sur la plage ou dans le métro. Je me suis donc lancée dans cette V2 en 2018. D’abord à la mano puis directement sur clavier. Une version 2 avait été débutée, s’intéressant au début de la guerre puis je l’ai jetée pour la version 3 qui démarre direct dans Technopolis. Oceany, mon lapin blanc, nous expliquera la ville au fur et à mesure et je ne m’apesantis plus du tout sur la guerre. L’idée que j’ai eu sur le basculement fera l’objet d’un roman à part entière qui ne sera pas forcément relié à l’univers de Technopolis. Je n’y ai pas pensé, en tout cas. Bref, je l’ai déjà dit, Technopolis, c’est l’oeuvre de ma vie… dans la mesure où depuis mes 19 ans, il vit dans un recoin de ma tête. 

Ce roman qui squatte ma tête

Ce roman qui vit sa vie

Et c’est un monstre évolutif. Il grossit, dispose de tentacules qui semblent se multiplier à l’infini et vivre leur propre vie. Et interdit de faire un parallèle avec un hentaï. C’est plutôt le kraken mais en version ultra souple. Technopolis, c’est un poulpe facétieux qui se coule dans toutes les formes, jette ses tentacules à droite, à gauche. Un poulpe que j’aime d’amour mais qui est totalement indiscipliné. Cet article vire vraiment weird, quand même… J’ai donc commencé à écrire ce que j’appelle la V3. On a toujours notre paquet de personnages de base : Oceany et sa famille, Ethan et la sienne, la famille dirigeante, les rebelles. Je n’ai pour ainsi dire rajouté personne. Quelques personnages fonction comme la meilleure amie d’Oceany qui a hérité d’un prénom, qui fait quelques apparitions mais qui ne me sert qu’à illustrer ce que devrait être Oceany si elle s’épanouissait au coeur de cette ville. Mais je sais pas pourquoi, mes personnages secondaires commencent à avoir leur propre vie et jeter des intrigues secondaires à droite, à gauche, tels une série coréenne. J’ai pas le temps de vous gérer les gars, j’ai déjà écrit 340 pages et on n’en est pas encore au coeur de la partie 2. 

Anarchie piétonne

A la limite de l’écriture automatique

Je suis une écrivaine instinctive. On est à la limite de l’écriture automatique. Quand j’écris, j’ai à peu près le début, la colonne vertébrale, et la fin. Et je mets de la chair un peu partout comme ça vient. Du coup, il m’arrive d’être surprise par ce que je suis en train de taper parce que même moi, je m’y attendais pas. On parle pas forcément de plot twist majeur. Sortir un rebondissement du néant, c’est tricher. Mais parfois, un de mes personnages se trouve soudain une quête voire une relation amoureuse que je n’avais absolument pas prévue. Demerden sie sich avec ça, maintenant. Dans Technopolis V3, chaque personnage secondaire est en train de partir faire sa propre vie. Et sur le coup, je tape ça, je suis contente, je me dis que j’offre un virage sympa à mon personnage. Genre Bryan, le mec sexy qui n’était défini que par sa sexyness. En vrai, le voilà profond et malin. Qu’est-ce que tu fous Bryan ? T’étais juste censé lutiner la femme du Maire et enregistrer des cours de fitness avec des androïdes (long story). D’où tu chopes une intrigue ?

Jon Kortajarena
Salut, je suis beau

Je me perds dans les méandres

Alors évidemment, la cause de ce grand foutoir tentaculaire est évidente : je suis pas rigoureuse. J’avais un super powerpoint des intrigues, je ne le tiens plus. Ce qui me met un peu dans la mouise pour mes autres romans. Je suis dans un passage très important de Et la Terre s’ouvrit en deux qui va m’amener au dénouement… et j’ai aucune idée de ce que dois y raconter. Idem pour Taylor Rent, je suis dans une scène qui va me conduire à la dernière partie mais je sais pas trop comment la conduire. Le feeling, ça marche au global mais ça m’amène dans un défaut un peu pénible : les méandres. D’une part, mon récit n’est pas linéaire puisqu’on va se perdre dans quelques réflexions de personnages, quelques intrigues secondaires qui n’ont pas grand intérêt mais surtout… y a des moments, j’écris pour écrire et ça se sent un peu. Quand j’étais ado, j’avais écrit un roman pour un cours de français. J’avais chopé un 16. Je le précise juste pour faire ma maline. Mais un passage avait été biffé de partout par ma prof car le style était nase, le verbe être ayant été exploité jusqu’à épuisement ce jour-là. Parce que je devais être régulière dans mon écriture pour rendre mon devoir à temps. Parce que y a des jours où je suis inspirée et d’autres moins. Et oui, y a des jours, j’ai la patate et d’autres, je suis fatiguéeeeeeee. Et en ce moment, c’est plutôt l’option deux, ce qui explique en partie le foutoir de Technopolis V3.

Dépassée par mon oeuvre

Alors, certes, la réécriture va m’aider à réarranger un peu tout ça à quelques nuances près. Mais va falloir que je me rediscipline un peu.

Nina

2 réflexions sur « Suis-je en train de me faire dépasser par mon oeuvre ? »

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