Chacun sa technique d’écriture. Comme j’ai déjà dû le dire cent fois, quand je débute un roman, j’ai en gros le début, la fin. Et quelques scènes éparses à recoller dans le récit. Une sorte de squelette avec la tête, les pieds, la colonne vertébrale et quelques côtes de ci de là. Au fur et à mesure de l’écriture, je donne chair à mon squelette. Sauf que tout à coup, j’arrive à un « organe » depuis longtemps… et j’arrive pas à la coller au puzzle. La maudite scène que tu n’arrives pas à écrire.
Quand tu voulais arriver à une scène mais que tu bloques
Il ne s’agit pas de la différence entre ce que tu as dans la tête et ce que tu produis effectivement. Non, c’est autre chose. Cette scène, ce rebondissement, tu l’as en tête depuis le départ. Tu écris ton histoire pour en arriver à ce point là et… Stupeur et tremblements, ça ne marche pas. C’est précisément ce qu’il m’arrive actuellement dans Green !, à tel point que j’ai mis quelques jours à reprendre ma plume, officiellement parce que je voulais finir un incroyable polar dans le RER plutôt que d’écrire. Rage de Zygmunt Miloszewski dont je vous ai déjà parlé pour ses précédents romans Les impliqués et Un fond de vérité. Mais surtout parce que les personnages tournaient en rond dans des dialogues sans fond pour expliquer un comportement… inexplicable. Merde, je suis tombée dans le travers de toute comédie romantique ou romantic litt malsaine à la Beautiful Bastard ou After : ils se haïssent tellement qu’en fait, à la fin, ils s’aiment.
Ce déroulé n’a aucun sens
J’ai écrit la scène une première fois, me rendant compte du moisi du truc. Je me suis dit que la réécriture allait nettoyer tout ça. Du coup, j’ai réécrit. Deux fois. Et y a un truc pas net. Et ça me saoule un peu car c’est un arc narratif important pour la fin. Mais même moi, quand j’écris les justifications des personnages, je lève les yeux au ciel. “Non mais arrêtez vos conneries, ça n’a pas de sens”. Tiens, d’ailleurs, y a un personnage qui va le sortir ça, que ça n’a pas de sens. Ce sera clair, au moins. Limite, je suis à CA d’écrire “oh ben parce que l’autrice voulait intégrer cet élément modificateur dans l’histoire mais elle savait pas trop comment l’amener. Alors elle l’a posé là. Merci, bisous”. Ce serait pas pire…
Quand la touche finale menace de tout faire s’écrouler
Et ce blocage est agaçant. J’essaie d’avancer en me disant que de toute façon, j’ai l’ultime relecture derrière qui me permettra peut-être de dénouer le noeud car je touche bientôt au but. Mais j’ai comme la sensation que j’ai construit une maison plutôt pas trop mal mais que j’ai soudain eu l’ambition de rajouter dessus une tour avec un observatoire en haut qui est en train de menacer tout l’équilibre et risque de faire s’effondrer le tout, vous voyez ?
Et avancer vers la lumière
Mais bon, je dois passer outre et poursuivre car au bout du chemin, je vois la lumière. Et oui, je ne suis plus trop loin de la fin à présent. Et les derniers mètres sont les plus durs.
