Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

L’enjeu, la clé d’un roman réussi ?

Il y a des romans qui vous scotchent. Vous les dévorez avec avidité, profitant de la moindre seconde de liberté pour grignoter une page ou deux. Et puis ceux qui vous tombent des mains. Parfois, vous savez pourquoi. Un héros insupportable, une plume agaçante… mais d’autres fois, ça le fait juste pas mais ce n’est pas si évident. Et puis j’ai identifié un truc intéressant : l’enjeu. Mais qu’est-ce que ?

L'enjeu

Un enjeu pour maintenir le lecteur en haleine

Alors j’invente pas l’eau chaude. Une histoire que l’on vous raconte doit avoir un enjeu. Une histoire qui n’implique rien, on va lâcher fissa. Je sais pas si ça vous est déjà arrivé mais parfois, on lit un roman et on se demande “pourquoi ?”. Pourquoi un écrivain ou une écrivaine a pris sa plus jolie plume pour me raconter ce rien ? Attention, je ne dis pas qu’il faut un enjeu massif, il s’agirait pas de raconter la fin imminente du monde à chaque fois. Mais il faut que la lecture m’offre quelque chose. A minima une envie de savoir si les personnages finissent en bon état. Et si y a pas d’enjeu, ça risque d’être assez compliqué.

Bruce Willis dans Armageddon

Un dénouement qui doit avoir de l’intérêt

En général, un roman, c’est un début, un milieu, une fin. Pour arriver du commencement au dénouement, vous allez insérer quelques rebondissements et tout ira bien. Ca, c’est la théorie. Théorie extrêmement simpliste, on dirait mes cours de collège où on appelait doctement un rebondissement “élément modificateur”. Seulement chaque étape est délicate, un peu comme un layer cake. Si tu te rates sur un passage, ton gâteau sera immangeable et le lecteur abandonnera ton roman dans un coin. Parce qu’en vrai, parfois, on s’en fout un peu que Joséphine arrive à ses fins parce que ce n’est important pour personne. 

Zoey Dechasnel dans New girl

C’est dur de raconter une histoire

C’est difficile de raconter une histoire qui tienne en haleine. Il y a des romans, je les ai lus juste parce que je me disais qu’à la fin, il allait forcément se passer un twist de fou tellement l’histoire était insipide. Alors parfois, c’est bien écrit, comme Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, livre que je suis littéralement incapable de raconter tant on est plus dans la chronique de vie que dans une réelle histoire. Même s’il se passe des trucs. De l’autre côté du spectre, on a En ville de Christian Oster qui est… les atermoiements d’un mâle blanc sexa parisien. Non seulement il se passe rien ou si peu mais c’est tellement mal écrit. Je serais aigrie, je vous aurais écrit un article entier sur ce roman à base de “les gens qui n’ont pas de relation n’arrivent pas à se faire éditer” alors que les mecs qui ont un pied dans le milieu le font sans aucun souci. Enfin, ce qui me rassure, c’est qu’il a dû écrire lui-même sa page Wikipedia mais ça résume bien “dans ses romans, il ne se passe rien”.

S'endormir sur un roman nul

Du fond ou de la forme

En tant que lectrice, je me suis toujours posée la question de l’importance du fond et de la forme des romans. Je peux être sensible au style littéraire, évidemment. La plume de Moravia reste une des plus grandes claques de ma vie de lectrice. Mais je suis de celles qui trouvent qu’une bonne plume ne sauvera pas une intrigue médiocre alors qu’une bonne intrigue peut sauver un style plat. Plat, pas exécrable. Voilà, j’aime les histoires, les périples, qu’une histoire ait un début, un milieu, une fin et surtout un enjeu, un vrai. Que le dénouement me concerne en tant que lectrice. Une fois de plus, ce n’est pas nécessairement qu’à la fin, les personnages sauvent le monde, un enjeu n’a pas à être massif. Il doit juste être cohérent, crédible et justifié.

Fight Club

Une logique nécessaire

Mais c’est quoi un enjeu cohérent, crédible et justifié. Alors je vais être plutôt dans le subjectif pour cette question mais pour moi, il faut que les personnages suivent un but logique par rapport à ce qu’on me dit d’eux. Par exemple, si on me présente un personnage féminin comme une meuf badass et indépendante, je vais pas comprendre si son enjeu, c’est de pécho le beau mec du lycée pour se marier et avoir des enfants en se rêvant un destin à la Bree Van de Kampf. De la même façon, si un personnage se lance dans une aventure quelconque, va pas falloir que ça sorte du chapeau. “Mais pourquoi Joséphine est-elle partie chercher le trésor de Barbe Pouilleuse, le pirate ? Oh bah, on lui en a parlé, elle s’est dit que ce serait une bonne occupation”. Je… Je peux comprendre qu’on parte dans une chasse aux trésors mais un simple “elle s’ennuyait” va être compliqué à justifier tout un roman. Surtout que du coup, c’est quoi la résolution ? Trouver le trésor ou cesser de s’ennuyer ? Enfin, si on désamorce toutes les tensions par un humour lourdingue, je ne vais plus rien prendre au sérieux. Et les éventuelles morts des personnages vont me laisser froide vu que la menace me paraît juste une vanne de plus.

L'ennui d'une histoire sans enjeux

Instant pub !

Bref, mettre sur pied une intrigue qui donne au lecteur d’aller à la dernière page est un sacré défi. Et on va se pencher sur l’empathie prochainement. Mais peut-être pas la prochaine semaine car je vous parlerai peut-être de mon plan comm pour mon roman. Roman que vous pouvez trouver sur Les libraires, la Fnac, Cultura… Format papier (tout doux) ou numérique, faites-vous plaisir. Franchement, moi, je l’ai lu et les questions que ce roman pose ont vraiment trouvé écho en moi. Sans doute parce que je l’ai écrit…

Green par Nina Bartoldi

Nina

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