Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Sabrina ou le deus ex machina

Cette semaine, mon adoré et moi avons regardé la partie trois de Sabrina sur Netflix et… la série abuse de ma suspension consentie de l’incrédulité. Je ne suis pas une acharnée du réalisme, je ne traque pas les illogismes, tant qu’ils ne m’explosent pas au visage. Mais là, Sabrina, c’est allé trop loin. Et alors que je commençais à m’agacer sur mon canapé, j’ai saisi mon clavier bluetooth pour taper un petit article. Parlons donc deus ex machina.

Sabrina, série netflix

Une sorcière version dark ou à peu près

Parlons rapidement de Sabrina pour commencer. On est dans le pur esprit de Riverdale, les deux séries étant issues des “Archibald comics ». Et si Riverdale m’exaspère, j’avais un peu de sympathie pour Sabrina. Essentiellement pour l’esthétique, j’aime vraiment l’univers assez gothique. Et je ne regardais pas tellement “Sabrina l’apprentie sorcière” avec Melissa Joan Hart donc je ne suis pas traumatisée par l’écart très important entre ces deux versions d’une même histoire. Après, je bloque pas mal sur l’actrice principale. Enfin pas tellement sur elle mais sur le fait qu’elle fait très jeune… ce qui est bien. Pour une fois qu’une actrice qui joue une ado ressemble à une ado, je vais pas me plaindre en soi. Et j’aime bien Kiernan Shipka dans l’absolu Sauf qu’elle a des interactions amoureuses, parfois érotiques, avec des acteurs qui ont VISIBLEMENT la trentaine et… je trouve toujours ça un peu gênant. J’ai un peu le même souci avec Emma Watson. Mais c’est juste périphérique.

Sabrina et Nicholas

Une écriture un peu tirée par les cheveux

Mais il y a un vrai souci d’écriture. Bon je ne vais pas m’arrêter sur la soupe ésotérique qu’on nous sert en permanence. Même si je ne comprends rien à leur culte satanique qui n’est qu’un miroir irréfléchi du culte chrétien. Mais à la limite, je veux bien accepter la théologie un peu pétée de nos amies sorcières. Je veux bien admettre le fait que certains personnages sont effroyables (Zelda…). Même certains rebondissements qui n’ont pas vraiment de sens, ça passe puisque ça sert à atteindre un nouveau stade de l’histoire. Par contre, je ne peux pas accepter un rebondissement qui sort du cul. Littéralement. 

Sabrina & Lilith

Sortir de l’impasse scénaristique à coup de bulldozer

Je vais donc évoquer les deux derniers épisodes de la partie trois, rendez-vous au paragraphe suivant pour la suite de l’article sans spoiler. Donc dans l’avant-dernier épisode, tous les personnages meurent ou à peu près. Assez connement pour la plupart, certains de façon totalement forcée (Zelda…). Dès la fin de cet épisode, je fais la moue “non mais ils ont tué trop de monde, j’y crois pas du tout”. Eeeeeet… j’avais raison, évidemment. L’avant-dernier épisode se termine sur une impasse : les méchants vont gagner et il n’y a plus personne pour retourner la situation. Notre amie Sabrina est enfermée dans un rocher, tous ses alliés sont morts. Episode suivant : une Sabrina du futur débarque et libère la Sabrina du rocher. Non. Ca ne fonctionne pas. Franchement, j’ai regardé plusieurs fois et l’explication ne fonctionne pas. Je me doutais bien qu’il y aurait un deus ex machina mais jusqu’où l’exploiter pour rester dans la crédibilité ?

Sabrina aux enfers

Deus ex machina ou comment sortir d’une impasse

 Le deus ex machina est un formidable outil quand tu crées une fiction. Ca aide à se sortir d’une impasse. Et après tout, pourquoi pas ? Je suis sûre que si on écrivait chacun l’histoire de notre vie, le hasard jouerait un certain rôle. Surtout que je ne crois pas au destin (mais j’aime les signes, héhé), je me régale de relever les hasards de la vie. Le deus ex machina fait partie de la vie. Pourtant dans les fictions, j’ai toujours un petit soupir, un réflexe “Ah ben ça, ça tombe bien alors !”. 

Jeu de hasard

Alors, c’est quoi l’équilibre ? Par exemple, dans Crossed, il est question du Deus es machina du T-rex à la fin de Jurassic Park. Franchement, je trouve que ça marche. On sait qu’il est dans la pampa, le parc ne paraît pas si grand et on sait qu’il est rapide. Je l’accepte. Alors que dans Batman vs Superman, que ce soit le “Martha” tellement mal écrit que ça en est risible ou Wonder Woman qui vient faire la bagarre parce que… ? Batman vs Superman est intéressant cependant car j’ai l’impression qu’ils nous enfouissent les coups incroyables du destin sous un rythme effréné… et une bande-annonce qui nous spoilait complètement Wonder Woman donc le manque de surprise a peut-être évité qu’on se demande ce qu’elle foutait là, tout à coup. Mouais… Pourtant, elle nous a été présenté, Diana, on savait qu’elle existait, un peu comme le T-Rex. Elle débarque à point nommé comme le T-Rex… pourquoi l’un marche et l’autre non ? 

Wonder woman, Gal Gadot, deus ex machina du Batman vs Superman

Une question de concentration ?

En fait, je crois que la réponse est : “pourquoi je me pose des questions ?”. Prenons un autre exemple : Indiana Jones. Dans le premier opus, l’arche d’alliance fait le ménage chez les nazis en épargnant notre valeureux héros parce qu’ils ne regardent pas. Ah bah s’il suffit de fermer les yeux pour éviter une colère divine… Et pourtant, à l’époque, je l’ai accepté… plus que le frigo d’Indiana Jones 4. Peut-être que ça arrive sur la fin et que je ne me pose pas la question car je suis à fond dans l’histoire. Alors que quand ça me cueille à froid, comme dans Sabrina ou Indiana Jones 4… Par contre Batman vs Superman, ça ne prend pas même quand ça tombe à la fin. Sans doute parce que le film a tellement peu créé d’enjeu et d’empathie pour les personnages que j’ai pas réussi à entrer dans le film.

Nina

6 réflexions sur « Sabrina ou le deus ex machina »

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