Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Petit clin d’oeil au lecteur

Non, je ne suis pas en train de te faire un clin d’oeil à toi, personne qui lit mon blog. Coucou d’ailleurs ! Ah, si, là, je te fais un clin d’oeil… Mmm. Bon, c’est pas de ça dont je veux parler mais du petit clin d’oeil dissimulé dans une prose ou un livre au spectateur. Parce que je trouve ça sympa même si parfois… attention à ne pas briser le quatrième mur ! C’est pas clair ? Pas de panique, j’ai des exemples.

Clin d'oeil, clin d'oeil !

Un fusil de Tchekhov… au sens littéral

Il y a trois semaines, je vous parlais de Slimane-Baptiste Berhoun et de son roman Les Yeux, que j’écoutais récemment sur Audible. J’en avais dit du bien. Et je vais continuer car il y a une scène qui m’a tant plu que j’ai appuyé sur pause pour partager avec mon mec. Qui connaît Slim’ vu qu’on s’est maté toutes les productions Frenchnerd ensemble. L’histoire se passe dans un asile et, à un moment, un personnage explique que si on remarque un objet ou un élément plus particulièrement, c’est le destin, en gros. Il demande à l’héroïne ce qui l’a frappée en premier en arrivant à l’asile, elle répond “le fusil dans le bureau du directeur”. “Ah bah si vous l’avez remarqué, c’est qu’il vous servira à un moment”. Est-ce que Slimane-Baptiste Berhoun a vraiment écrit un dialogue mettant en scène le principe du fusil de Tchekhov ? Oui. Et c’est génial.

Le fusil de Tchekhov, un procédé narratif

Ne pas perdre le lecteur

Alors vous allez me dire que tout le monde ne connaît pas le fusil de Tchekhov. Alors si vous ne connaissez pas, je vous renvoie soit vers le lien Wikipedia qui va bien soit vers l’épisode de Chroma qui raconte ça très bien aussi. Choisissez votre média de prédilection ! Mais là où l’exemple de Slimane Baptiste Berhoun est intéressant, c’est que ce clin d’oeil aux initiés n’exclut pas les autres. Il y a quelques années, j’avais lu Ada ou l’ardeur de Nabokov, un roman que j’avais trouvé globalement pénible. Nabokov place son histoire dans une sorte d’univers parallèle où la Russie a envahi les Etats-Unis. Il y glisse quelques petites piques envers ses contemporains comme Tolstoï, ou grime quelques faits d’actualité pour en faire des clins d’oeil pour le lecteur. Résultat ? On capte rien. Moi, Tolstoï, c’est juste l’auteur de Guerre et paix et Anna Karénine. Je connais rien à sa vie. Du coup, les petites blagues de Nabokov tombent à plat et ça plombe le récit. Déjà que tu comprends pas trop ce qu’il veut raconter, des élucubrations qui n’ont rien à voir avec le récit n’aident pas. 

Quand l'auteur est le seul à capter ses clins d'oeil au lecteur

Un équilibre subtil

C’est compliqué, le clin d’oeil complice au lecteur ou au spectateur. On barbote souvent en plein fan service tant honni par Karim Debbache. Evidemment que quand on écrit, on a envie de glisser quelques petits cadeaux aux lecteurs, des easter eggs. Quand j’étais ado, j’adorais X-files et j’avais acheté un petit livre qui expliquait les dizaines de petits clins d’oeil émaillés dans la série. Le personnage de réveille à 2:15 ? Oui, parce que le réalisateur est né le 15 février ! Ca a énormément influencé ma volonté d’écrire en glissant ça et là des clins d’oeil partout. Genre mon truc, c’est Athena, que je glisse un peu partout. Soit via une statue, soit éventuellement par le prénom Athenais que l’on va croiser à droite, à gauche. Mais c’est subtil et pas très intéressant. 

Athena dans Saint Seyia
On va pas se mentir, ma passion pour Athena vient de là. Même si Saori me paraît trop sexuée pour une Athena… Et oui, je sais qu’elle est censée n’avoir que 14 ans mais comment dire…

Une fantaisie d’auteur

Là, on a quand même un écrivain qui a réalisé plusieurs séries et longs-métrages et qui a fait une école d’audiovisuel qui prend une des règles de base de mise en scène pour en faire un élément scénaristique de son roman. C’est comme si, moi, j’utilisais le calcul du ROI d’un canal d’acquisition pour… non, rien. Je ne ferai vraiment rien de ça. Bref, cette petite fantaisie d’auteur m’a fait sourire. Parce que je connais le fusil de Tchekhov donc ça m’a amusée. Mais je n’aurais pas connu ce principe, je n’aurais pas été perdue dans le récit parce que c’est bien intégré Parce que s’il y a bien deux trucs que je supporte pas dans une fiction c’est :

  • Comprendre qu’il y a une vanne à un endroit mais ne pas la saisir car je n’ai pas la référence.
  • Devoir me palucher les oeuvres précédentes d’un auteur ou son univers pour remettre toutes les pièces du puzzle à leur place alors que chaque oeuvre est censée être indépendante.
Marvel cinematic universe

Et pour Noël, lisez ou écoutez Slimane-Baptiste Berhoun

Et comme on arrive à Noël et que vous allez peut-être être en vacances, si vous aimez les livres audio, je vous recommande vraiment Les yeux de Slimane-Baptiste Berhoun. Qui est aussi très bien en livre papier. Mais là, je crois que de tous les romans audio que j’ai écouté, c’était vraiment mon préféré grâce au travail d’interprétation de Slim. Ca change des voix monocordes qui cassent parfois l’entrée dans un récit. Celui que j’ai entamé depuis souffre terriblement de la comparaison…

Nina

5 réflexions sur « Petit clin d’oeil au lecteur »

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