Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Ménager le suspense tout en donnant quelques indices ?

Pourquoi je regarde autant les téléfilms ? Parce qu’ils pillent tellement les codes de la narration sans y penser qu’ils m’inspirent mille et uns articles. Dommage que j’ai moins le temps d’en regarder. Mais s’il y a un truc qui ne rate jamais, c’est le zoom qui te spoile le suspense… Elément qu’on ne trouve pas que dans les téléfilms. Alors question qui m’interroge : comment on parvient à ménager le suspense tout en plaçant un petit fusil de Tchekhov en toute discrétion ?

Comment ménager son suspense tout en donant quelques indices sans tout révéler ?

Un petit fusil de Tchekhov l’air de rien

Alors vous allez me demander qu’est-ce qu’un fusil de Tchekhov. Non, en vrai, il est peu probable que vous demandiez car vous êtes des gens de goût donc vous regardez Chroma. Ou vous avez lu mon article sur le sujet. Mais si vous avez un petit trou de mémoire, voici une anti-sèche. C’est un procédé narratif qui stipule que chaque détail précisé dans le récit doit être indispensable. “Si vous placez un fusil sur la scène dans l’acte I, il devra être utilisé dans l’acte II ou III”. Sinon c’est faire une fausse joie aux spectateurs. Dans les séries, films ou romans, ça s’incarne souvent par la marotte du héros ou de l’héroïne. Au début, ça semble lae caractériser mais ce talent particulier va servir plus loin dans l’intrigue.

Lex et les ordinateurs dans Jurassic Park

Un peu de subtilité pour ne pas s’auto divulgâcher ?

Et c’est terrible de connaître cette règle car ça frelate beaucoup, beaucoup d’intrigues. Surtout quand c’est fait avec peu de subtilité. Dans le fusil de Tchekhov, on parle de détails. Le fusil accroché du mur peut ne pas être remarqué par un spectateur peu attentif. Un décor est un décor. J’ai envie de vous citer “les faux british”, pièce qui se joue depuis une éternité au théâtre St Georges. Pendant que le public s’installe, un élément du décor commence à tomber. Une régisseuse vient le ressouder mais ça ne tient pas. C’est au bout de la troisième fois que l’on comprend que cet “incident” fait partie de la pièce et que tous les éléments incongrus du décor ont une raison d’être là. Mais si on vous montre un élément du décor du doigt en vous faisant de gros clins d’oeil, comment dire…

Pikachu détective

Le gros plan qui n’a rien à faire là

Et c’est le souci de nombreuses oeuvres. c’est que c’est appuyééééééééé. Genre le gros zoom ou le plan qui n’a rien à faire là. Dans les téléfilms, c’est le personnage qui va jeter un papier à la poubelle. Si on insiste en glissant un plan sans intérêt du papier qui échoue dans la corbeille, c’est que c’est important. Dans 3%, un personnage marche dans une flaque, on a droit à un plan du pied qui tape dan la boue sans raison, ça va être important. “Hé, hé, regarde, regarde, elle laisse des empreintes !”. Ah bah du coup, que ne suis je pas surprise de voir que la saleté sur ses pieds va la trahir trois scènes plus loin. Si tu rajoutes à ça le fait qu’une scène coûte bien trop chère à tourner pour être purement gratuite, il devient difficile de ménager le suspense.

Trace de pieds qui trahit

Quand on brode une histoire carrément mieux

Alors peut-être qu’ils jouent un peu sur l’inattention d’un public de plus en plus sollicités par le multi écran. L’histoire du pied de 3%, je l’avais pas vu pour ma part car j’étais en train d’écrire… ou de jouer à Mario Origami, je sais pas. Du coup, on n’a pas tant besoin de ménager nos effets. Tant pis pour ceux qui suivent de trop près et démêlent les fils. Même si parfois, on démêle pas les bons et on détricote notre pull plutôt que de sauver notre pelote. Mmm… Ca veut rien dire mais poursuivons. Genre dans Murder, sur la dernière saison, j’avais donné trop de sens à une scène qui, sans être inutile, n’était pas si signifiante. Du coup, j’étais partie sur une fausse piste, très alambiquée. Et peut-être mieux que la vraie intrigue… mais comme il a dû s’écouler deux mois entre le début de la rédaction de cet article et sa publication, je ne me souviens absolument pas de quoi il retournait.

Murder, une série au suspense pété

Le coupable sorti du chapeau

Alors le plus simple serait encore de ne rien faire. Ne rien montrer pour ne pas mettre le spectateur sur la voie. Et ça, je déteste. Je suis une lectrice très passive de thrillers and co, je ne cherche pas forcément qui est le tueur. Cependant, quand tu découvres qu’en fait, le tueur, c’était le passant de la page 57 qui a dit « bonjour » avant de disparaître le reste du roman, comment dire… Faut trouver un juste milieu. Et c’est pour ça que je n’écris pas des policiers parce que l’identité du coupable me paraît évident à chaque ligne et que j’ai l’impression que chaque phrase est une gesticulation de type « ne regardez pas là ! », ce qui attire immanquablement l’attention.

Nina

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