J’adore parler écriture mais on ne va pas se mentir : je joue à l’écrivaine. Même si ça m’amuse de dire qu’à partir de maintenant, je vais me présenter ainsi aux nouvelles personnes que je vais rencontrer. Sauf que, déjà, je rencontre assez peu de gens hors de la sphère pro et surtout… Bah, j’assume moyen. Déjà parce que je ne suis pas tant investie, je prends tout ça au jeu. Et puis régulièrement, je traverse une crise. Je me demande pourquoi j’irais me faire publier alors que le secteur est en crise ?

Des auteurices inconnu·es au bataillon
Promenons-nous dans une librairie, n’importe laquelle. Plutôt celle de votre quartier, à choisir. Rendez-vous dans la partie roman et qu’allez-vous découvrir ? Des auteurices dont vous n’avez jamais entendu parler. Pour ma part, j’avoue être assez peu au fait des sorties littéraires mais… Quand même je vois régulièrement des noms, dans ma librairie ou à la bibliothèque, de gens dont je n’ai jamais entendu parler. Certains ont pourtant sorti plusieurs romans.

Trop de livres, plus assez de places
L’autre jour, sur un réseau social ou un autre, une libraire expliquait ne plus accepter les nouveaux livres car elle n’avait plus la place de tout stocker. Parce que oui, si j’aime l’univers du livre, il faut quand même se rappeler que c’est une industrie. Une industrie qui va publier de très belles choses comme des livres assez discutables voire des trucs carrément honteux compilant des contenus pillés sur le net. Genre les compils des pires “VDM” ou les perles du Boncoin. Chacun joue sa partie en espérant décrocher le gros lot, multipliant les sorties en exploitant le modes, les figures populaires. Des livres dépassés en quelques semaines voire quelques mois. Non mais y a Barnier qui a sorti un livre pour raconter ses trois jours au poste de Premier Ministre. Schiappa a publié des livres effroyables. Je vous renvoie aux vidéos de Qu’est-ce qu’on lit ? sur le sujet.

Je ne signerai sans doute jamais un best seller
Et moi là-dedans ? Bon, déjà, sauf rebondissement incroyable que je n’aurais pas vu venir, je ne serai pas bankable juste sur mon nom. Donc un pari potentiellement risqué pour une maison d’édition même avec un bon roman. Oui, au cas où, je précise ici : il faut séparer la qualité du roman de son succès. Il y a de bons romans qui bident, des mauvais qui marchent. Et des bons qui marchent aussi. Si j’arrive à me faire publier demain, je ne me leurre pas trop sur les résultats : modestes. Ce qui ne me poserait pas de soucis en soi mais je comprends les libraires lassés d’empiler des livres dont personne n’entendra jamais parler, la catastrophe du pilon…

Je veux être ton roman de vacances
Je serais ravie d’un résultat modeste ? Oui parce que j’ai un objectif précis en tête. Pas celui de vivre de ma plume car je n’y crois pas une seconde. Mais celui de plaire à quelqu’un. Pas quelqu’un en particulier. J’ai juste envie que mon livre soit le livre de poche un peu abîmé qui sent la crème solaire et qui grince aux jointures parce qu’il y a du sable qui s’est glissé entre les pages. J’ai envie d’être l’autrice d’un livre lu dans un moment heureux, genre des vacances. Parce que moi, j’adore avoir un livre qui me passionne à lire pendant mes vacances. Celui que je lis à la plage ou sur ma chaise longue.

Avoir une petite place dans vos vies
J’ai envie qu’un jour, quelqu’un lise ma prose et que ça lui apporte quelque chose. Pas une grosse révélation ou je ne sais quoi mais une légèreté, une bonne humeur. L’envie de voyager dans une ville dont je parlerais, pourquoi pas ? Découvrir une musique, avoir une idée. Se lancer dans l’écriture parce que ça lui a donné envie. Ce genre de choses. Et c’est là tout le principe de l’écriture, finalement. Pourquoi on raconte une histoire. Oui, ok, dans mon cas, c’est avant tout pour accoucher d’une histoire qui traîne dans ma tête depuis des années. Le projet Audrey, je le traîne depuis bien 12 ans. Là, je l’écris. 281 pages, pas loin de 170 000 mots. Un bordel, t’as peur. Mais peut-être qu’un jour, ce roman sera publié après un travail colossal de réécriture et quelqu’un le lira en appréciant les aventures de ces pré-trentenaires gentils mais un peu paumés. Qu’ils s’y reconnaîtront, pourquoi pas.

Se faire publier pour apporter du plaisir
Quand j’envisage le biais du plaisir offert au lecteur, en espérant que le roman plaise à ce dernier et ne l’énerve pas, forcément que la publication prend son sens. Ou l’auto-publication si je finis par me lancer sur Amazon comme j’ai eu l’idée de faire. Mais l’auto-promo est un enfer, je déteste ça. Et en plus, à un moment, faut réaliser que tout faire seule, c’est l’assurance de se planter à un moment. D’ailleurs, j’ai parfois la tentation de me faire aider même si… à suivre.