Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Choisir un film, c’est politique

Car tout est politique, même si certains ne veulent pas l’admettre. Comprendre une société passe par un faisceau d’éléments. Les votes, certes. Mais on ne va pas voter tous les matins. Les sondages aussi mais là, encore, ce n’est qu’une photographie d’une certaine vérité. Il y a l’ensemble de vos comportements, également. Typiquement la popularité ou non d’un film. J’aime à croire que les films sont le reflet d’une préoccupation de leur époque. Après tout, les réalisateurs ne vivent pas dans l’Ether, ils vivent dans une société et sont influencés par les grands débats ou les grandes tendances qui la traversent. Les films ne sortent pas hors du temps. Mais leur succès ou échec, voire succès tardif, sont également des informations. Et choisir un film, ce n’est pas un geste si individuel que ça.

Aller au cinéma

Mais tu veux pas voir pour te faire un avis ?

En ce moment, ça cause pas mal Astérix. J’ai déjà donné mon avis sur le côté film de guest. Donc, vous vous en doutez, j’irai pas voir. Déjà parce que j’ai mieux à voir et qu’avec le froid et mon état mental actuel, j’ai pas très envie de sortir. Mais surtout, je ne veux donner aucune force à ce film. Pas même par curiosité, non. Pas même “pour me faire un avis”. Je préfère “me faire un avis” sur un truc qui m’intéresse un minimum à la base. C’est comme les bouquins. A une époque, je m’étais dit qu’il faudrait quand même que le lise les Twilight “pour me faire un avis”. Puis j’ai pensé aux quinze tonnes de livres qui existent et qui méritent mon attention et j’ai renoncé. Surtout que mon avis est-il si indispensable, parlant d’une œuvre qui a eu droit à des dizaines de centaines de milliers d’avis ? Je ne crois pas, non. 

Twilight

Et si on profitait de la crise ?

Car on nous fait pleurer dans les chaumières sur le fait que plus personne ne va au cinéma. Alors je ne sais pas. Perso, j’y allais jamais ou presque jusqu’à ce que je m’installe à Bordeaux. Donc j’ai pas notion d’un avant/après mais entre les bandes annonces qui nous présentent toujours les mêmes deux films, les franchises qui ont oublié de se renouveler et commencent à partir dans un grand n’importe quoi, des films mal écrits… J’ai la sensation que les amateurs de cinéma en ont un peu marre de se faire prendre pour des vaches à lait et commencent à passer leur tour. Même si, quand je regarde le box-office des films Marvel, je ne vois pas d’essoufflement. Personnellement, si cette crise du cinéma est réelle, j’y vois une opportunité. Celui de varier un peu le paysage filmique.

Marvel Universe

Prends ton pouvoir de spectateur

Car on a un pouvoir en tant que spectateur, celui d’indiquer ce que l’on veut voir. J’ai un peu envie de croire que le succès surprise de Everything, Everwhere, all at once, va créer une émulation pour des narrations différentes. Pour des acteurices un peu différents, aussi. J’essaie de choisir mes films en fonction de mes envies mais je privilégie ceux qui ont besoin de force. Les dystopies comme Vesper Chronicles ou Le visiteur du Futur. De la même façon, je vais privilégier l’Utopia vs les grandes salles. Déjà parce que la programmation est plus variée mais en plus, à Bordeaux, le cinéma est situé dans une ancienne église, il est magnifique. 

Cinéma L'utopia à Bordeaux

La guerre des chiffres

Choisir un film, c’est politique. Ce n’est pas moi qui le dis. En ce moment, au cinéma, nous avons trois films français qui ont fait un peu parler :  

  • Astérix que tu es prié d’aller voir car le cinéma français a un pistolet sur la tempe et on l’abattra si ça marche pas. Alors moi, je veux bien mais faudrait me proposer un film bien mais les critiques ne sont franchement pas bonnes. Même les plus nuancées ne me donnent pas envie. Même si je dois admettre qu’il y a un tel acharnement que ça me fait presque de la peine. Mais j’ai mieux à faire, quand même. Et je dis ça alors que je suis au chômage.
  • Tirailleurs sorti sur la polémique sur les propos d’Omar Sy. J’avais dit que j’irais voir le film par pur soutien à Sy alors que je déteste les films de guerre. Mais bon, apparemment, il s’en sort bien sans moi, on a dépassé le million d’entrée.
  • Vaincre ou mourir, le film du Puy du Fou. Une réécriture royaliste tranquille de l’Histoire qui a de folles ambitions. Jamais de la vie je ne vais voir ça et je vous mets le récit d’Ecran large sur l’avant-première, histoire qu’on n’ait aucun doute sur qui va voir ça. Et on pense à annuler Hugo Becker. Mais de toute façon, à part dans Au service de la France, je l’ai jamais trouvé fou comme acteur.

Et si, vous, vous considérez que votre choix n’est pas politique mais juste motivé par vos envies, n’oubliez pas que tous ces chiffres seront brandis en arguments. Tirailleurs se serait planté, les droitards auraient brandi le chiffre pour dire que Sy n’a aucune légitimité et n’est pas aimé des Français. 

Omar Sy en pleine polémique

Arrêtez d’aller voir n’importe quoi et chouiner ensuite

Alors je vais continuer à aller au cinéma pour voir les films qui m’intéressent et choisir à qui je donne de la force. Je vais choisir mon film pour essayer de redessiner une offre, plus variée, moins actionner. Même si on peut en avoir aussi, chacun ses goûts. Mais ça m’agace les gens qui pleurent sur la pauvreté des films mais qui vont voir tous les pièges à con “parce que ça détend”, “parce que j’ai une carte et faut que j’y aille sinon je perds de l’argent”. Et si vous voulez rentabiliser votre carte, allez voir La famille Asada, par exemple. Je vous en parle samedi parce qu’il m’a touchée en plein coeur et en pleines glandes lacrymales.

Nina

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