Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Mon film a peu de scénario mais plein de guests !

Cette semaine est sorti Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu de Guillaume Canet. Vous vous en foutez ? Je vous avoue que moi aussi. J’ai assez peu suivi la promotion, absence de télé oblige. Vous devriez abandonner le petit écran, vous aussi, regardez comme on vit mieux. J’ai cependant eu droit à quelques éléments sur les réseaux sociaux, notamment des commentaires sur la bande-annonce et quelques affiches. Oui, j’ai pas regardé la bande-annonce mais j’ai lu les commentaires des gens. Et se dessine un truc qui commence à vraiment m’horripiler : les films à guests.

Asterix et l'empire du milieu un film à guests
Astérix

Déjà, j’aimais pas les films choraux

Les modes au cinéma vont et viennent. A une époque, on avait droit à toute une flopée de films choraux dans la droite ligne de Love actually. Je ne sais pas si ce fut le premier mais ce fut certainement le plus rentable. On s’est habitués à ces films à cast à rallonge où tu cales tout le monde comme tu peux sur l’affiche. Fini les huis clos étouffants et intimistes, y a du people et un peu plus à chaque film. Évidemment, comme on aime aussi les suites, le cast s’étoffe à chaque opus. Cf les Avengers, oui. Et ça aurait été la même sur Justice League s’ils avaient poursuivi le massa… la franchise. Les films choraux, j’ai toujours trouvé ça relou parce que tu n’as pas le temps de creuser tes personnages vu qu’il y en a plein. Même si ça laisse le temps de dire que Natasha Romanoff se sent monstrueuse car stérile… 

Natasha Romanoff est triste

T’as la ref ?

Et puis t’as le film à guest. Alors très clairement, moi, ça me saoule car neuf fois sur 10, ça place une réf extradiégétique souvent lourde. Et qui sera périmée environ 2 ans après la sortie du film dans le meilleur des cas. Genre le Astérix de Chabat et ses refs très « Canal plus ». Le meilleur de tous les Astérix, paraît-il. Le seul que j’ai vu pour ma part donc j’ai pas d’avis. Ah hors les versions animées d’Astier, j’ai vu celui avec le chaudron et bof. Si je montrais Astérix et Cléopâtre à mes neveux, nièces, ils ne pineraient pas la moitié des vannes, facile. Alors certes, il y a des blagues datées comme celles d’Itineris. Qui était quand même bien drôle à l’époque. Mais le côté « hé, regarde, j’insiste un peu sur cet·te acteurice, c’est pas pour rien, c’est un guest ! » Alors que ce fut une personne au succès éphémère, erf. Meeea a bien souligné le point dans sa vidéo sur Astérix aux Jeux Olympiques

Astérix et les jeux Olympiques, un film à guests tout nul

On cale tous les potes dans le film

Et nous voici avec Canet et sa bande. Donc voilà comment on procède. Un rôle par pote et je vais faire venir un ou deux guests bien populaires en ce moment pour rajouter une lichette de buzz. C’est pas un film, ce sont les restons du cœur. Mais si, l’époque où ils faisaient venir un peu n’importe qui qui avait vendu trois disques ou gagné une coupe du monde. Genre dans le film de Canet, ils ont calé Orelsan. Qui en a quelque chose à foutre ? Pas d’Orelsan mais si tu aimes Orelsan en tant qu’acteur, il a quand même deux ou trois trucs à son actif et qui durent un peu plus d’une scène. Dans le meilleur des cas. Car cette folie des guests transforme un film en espèce de patchwork comique. Un film à sketch survitaminé. J’ai rien contre les films à sketch. J’ai revu les 2 hot shot récemment et ça a bien vieilli. La différence, c’est qu’il y avait beaucoup de sketchs mais concentrés sur peu de personnages. Et ça joue sur la situation, pas sur la personne qui passe une tête devant la caméra. 

Les guests d'Asterix & Obelix

En Corée aussi, y a des guests

Une situation très concrète. Traversons l’Asie, direction Corée du Sud. Il y a dix jours, mon mec et moi regardons Jung_E, un film d’anticipation dystopique pas ouf. A un moment apparaît une femme genre business woman qui sort une réplique ou deux et se tape dans les mains avec un rire chelou. C’est quoi ce personnage qui sert à rien ? C’était une guest. Que je connaissais car elle jouait le même rôle dans Little Women. Exactement le même. Je sais même pas pourquoi ils se sont emmerdés à lui trouver un autre nom. Dans Little Women, on avait aussi l’acteur de Vincenzo en guest pour une scène un peu utile quand même. Mais comme je ne connais pas toutes les séries coréennes, je suis loin de connaître tou·te·s les acteurices. Mais je sais qu’une personne est une guest star car les scènes de guest sont toujours un peu étranges, tu sens qu’il y a une réf, un « waouh, c’est machin » mais si tu connais pas… En plus, c’est jamais subtil, c’est limite si t’as pas la tête du real qui apparaît pour te faire un gros clin d’œil en te pointant le guest du doigt, comme dans les pires heures des réels Instagram. 

Je déteste les Reels sur Instagram

Les caméos et guests sont très souvent pétés

J’ai toujours trouvé ça chiant les caméos ou guests quand c’est forcé. Genre dans les séries 80 où le guest arrive et on a droit à deux minutes d’applaudissements non stop. Et si la star guest joue son propre rôle, tous les personnages seront trop fans, ohlala. Vous savez quel est l’épisode de Friends que je déteste le plus ? Alors oui, celui de la rupture entre Ross et Rachel alors le 2e que je déteste le plus ? Celui avec Brad Pitt. Déjà, je suis peu fan de leurs épisodes de Thanksgiving en général mais celui-là… Parce que le ressort humoristique est extradiégétique. Encore une fois. « Ah, c’est drôle parce que Will hait Rachel alors que dans la vraie vie, les deux sont mariés, hihi. » Si tu n’as pas cette info là, tu te retrouves avec un épisode où un joli random guy insulte Rachel tout l’épisode avec une vanne transphobe en prime. Et Joey, Chandler et Phoebe qui doivent bien se faire chier dans ce come-back d’années lycée qu’ils n’ont pas vécues. 

Brad Pitt dans Friends
D’ailleurs, si vous cherchez « Brad Pitt Friends », toutes les photos le mettent en corrélation avec Jennifer Aniston

La blague ne doit pas faire sortir du film

En vrai, j’aime le concept des cameos, guests ou ce que tu veux quand ça ne crée pas un décalage dans le récit ou impose de savoir qui est la personne dans la vraie vie pour comprendre une blague. Genre l’acteur de Vincenzo, si tu savais pas qui c’était, ça te perdait pas dans l’histoire car il avait un vrai rôle. Tout petit certes mais un vrai rôle. Là dans Astérix, ils sont allés nous chercher Zlatan. Mais qui se souvient encore de ce gars-là ? Tout ça pour nous pondre un film que je pressens sans réel scénario vu tous les guests à caser dans des scènes nulles. D’ailleurs les critiques ne sont pas fameuses… Bref, si vous avez une envie de ciné, n’allez pas voir ça. Parce qu’un autre cinéma français est possible. Enfin, j’espère.

Nina

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