Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

La famille Asada, une flèche en plein coeur

C’est compliqué, les films lacrymaux. Personnellement, je déteste ça. Les films que je sais être volontairement tire-larmes, j’ai tendance à fuir. Déjà parce que j’ai pas la passion de pleurer et puis il y a souvent un côté un peu racoleur. Et puis il y a la famille Asada que je ne savais pas si émotionnellement intense et qui m’a totalement roulée dessus mais… il fait du bien ce film. Un film Feel good qui fait pleurer ? Oui. Une pépite XXL.

La famille Asada, une pépite

Une famille doucement atypique et joyeuse

L’histoire. La famille Asada est une famille assez peu traditionnelle du Japon puisque le père ne travaille pas, s’occupant du foyer. Le fils aîné Yukihiro est plutôt du genre sérieux et investi dans sa mission de bon fils tandis que Masashi, le cadet, est plus dilettant. Pour son anniversaire, son père lui offre l’appareil photo familial et Masashi va se lancer dans la photo. Devenu adulte, Masashi se perd régulièrement dans son processus créatif jusqu’à ce qu’il ait l’idée de créer des portraits de famille déjantés où la famille Asada jouent aux pompiers, aux mafieux, aux voleurs, à des ivrognes… Un travail qui va marquer la destinée de Masashi et de son entourage.

La famille Asada : les pompiers

L’art comme vecteur d’émotion

Alors premier thème évident, l’art. Mais pas juste l’art comme quelque chose d’artistique. Car les photos de Masashi se sont pas tant belles que fortes en émotion. Masashi veut saisir l’essence de ses modèles, ils veut créer une sincérité, saisir un moment spécifique. Les photos de Masashi séduisent non par leur formalisme mais parce qu’elles suscitent le rire et tout le monde veut faire partie de la famille Asada.

Tout le monde veut faire partie de la famille Asada

Le souvenir de ceux qui sont peut-être partis

Les photos, c’est aussi le souvenir. Une partie importante du film va parler du drame de Fukushima. Ayant photographié une famille dans une ville touchée par le tsunami, Masashi part vérifier s’ils vont bien. En se rendant au centre d’accueil des victimes, il va rencontrer Ono, un étudiant qui nettoie les photos qu’il trouve dans les décombres, bribes de souvenirs de ceux qui ont tout perdu. Masashi va donc mettre sa vie entre parenthèse pour aider Ono. Evidemment, il y a des scènes très intenses à ce moment-là puisque on a quand même eu 16 000 morts. Et forcément… 

Les vestiges du séisme au Japon dans La famille Asada

Une famille très unie

L’autre thème évident de ce film est la famille. La famille Asada, évidemment, avec un premier fils très sérieux et l’autre, plus artiste, plus dilettant, qui se laisse vivre plutôt que de prendre sa vie en main. Une famille belle et sympathique avec qui on passe d’excellents moments. Beaucoup de moments du film mettent en scène des repas de la famille et nous intègrent totalement dans ce cercle, jusqu’au coeur du drame puisque le film commence par les funérailles du père. Le relatif antagonisme entre les deux frères permet aussi un peu de questionner le fonctionnement de la famille. D’autant que le père de famille ne travaillant pas, Yukihiro a du mal à justifier à son frère pourquoi il doit “faire quelque chose de sa vie”. Yukihiro qui est souvent un peu ridiculisé mais qui partage avec son frère un amour fraternel discret mais réel. Le père apparaît comme un pilier bienveillant. Celui qui offre à Masashi son premier appareil photo, celui qui est à l’origine, malgré lui, de la première photo mise en scène de la famille Asada.

Portrait de famille sous un arbre en fleurs

Un film qui bouleverse mais un indispensable

Bref, même si je suis un peu sensible en ce moment, ce film m’a déclenché un tsunami d’émotions, entre rire et larmes tout le film. C’est intense mais ça ne triche pas, c’est sincère. Et c’est précisément ce que je recherche dans une histoire, quelque chose qui me touche au coeur sans artifices moisis. Sans en faire trop. Même les ressorts les plus tire-larmes, ça passe parce que ça se justifie. Ca passe parce que tu n’as pas l’impression qu’on te pose ça là pour que tu pleures en mode “t’as vu, c’est triste”. Non, ça fait logiquement partie du récit, ça marche. Quand je dis qu’il faut choisir ses films pour avoir de belles histoires, je veux dire « allez voir la famille Asada ». Je vous jure que vous avez besoin de cette parcelle d’humanité.

Nina

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