Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

The Sandman : une série bien prometteuse

J’avais prévu de vous parler de Resident Evil mais j’ai envie d’un peu de positif en ce moment. Nous allons donc parler de choses que j’aime bien. Du moins au moment où j’écris cet article. Samedi soir, après le dernier opus du documentaire Bad vegan, mon mec me propose une nouvelle série dont il a entendu du bien : The sandman. A l’heure où les séries deviennent de plus en plus “mouif” parce qu’on en produit treize à la douzaine donc peu importe, une série qui jouit d’une bonne réputation, de suite, ça tente. Je ne savais à peu près rien de Sandman, que je croyais écrit par Stephen King. Non, c’est Neil Gaiman, que j’avoue ne pas connaître. Sandman m’évoquait surtout une chanson de Metallica reprise par Apocalyptica. Cello forever. Donc c’est en toute méconnaissance que je pénètre dans cet univers.

Sandman, série netflix

Le roi des songes capturé

L’histoire. Le maître des songes, Dream, doit se rendre dans le monde réel car une des créatures de son univers semble décidé à prendre son indépendance. Et, éventuellement, tuer quelques humains. Mais lors de son incursion, Dream est happé par une invocation d’un lord anglais décidé à faire ressusciter son fils. Dream restera prisonnier un siècle entier de ce lord et de son fils. Du premier car il souhaite soutirer un bénéfice à Dream. Le second car il craint à la perspective que Dream puisse se venger. Pendant un siècle, ceux qui rêvaient lors de la capture de Dream resteront prisonnier d’un éternel sommeil. Façon Belle au bois dormant Enfin libéré par un concours de circonstance, Dream rentre dans son royaume. Mais il le découvre trouve en ruine et va devoir reconstruire.

Une esthétique intrigante

Dès les premières images, on s’en prend plein les mirettes. On nous présente le royaume de Dream, une contrée assez fantasmagorique peuplée de dragons, de corbeaux, et de magnifiques architectures. Mon imagination frétille devant tant de beauté. Parce qu’on va le souligner direct : les CGI claquent. Je suis plutôt dans le camp des “je déteste les fonds verts, arrêtez ça maintenant”. Je trouve l’épisode 1 de la prélogie Star Wars difficile à regarder aujourd’hui précisément pour ça. Mais là, j’ai envie d’y croire, j’arrive à me projeter. Mention spéciale pour le portail que je trouve absolument dingo. Ca va direct dans ma (trop longue) liste de PowerPoint Art à réaliser. De façon générale, l’esthétique de la série est superbe. Alors il est possible que je ne sois pas tout à fait objective car on est dans une esthétique purement steampunk et j’adore ça. Le casque de Dream, quel bijou ! Certes, la série est tirée d’un comic donc on peut imaginer que pas mal d’éléments graphiques ont été récupérés. Mais j’achète totalement cet univers.

Le portail de Sandman

La durée des personnages peut être plus courte que prévu

Parlons maintenant des personnages de ce premier épisode. Car il y a quelque chose que je trouve intéressant. Dream est donc capturé par Lord Burgess. Interprété par Charles Dance que l’on connaît pour son rôle de Tiwyn Lannister. Oui et de plein d’autres rôles mais là, on parle séries télés. Donc voir Charles Dance en Lord et père de famille tyrannique envers son fils imparfait, comment dire que ça pouvait avoir un sale goût de déjà-vu ? Mais non, ça passe crème. Le cast est globalement bon mais surtout… Quand tu crois comprendre qui est l’antagoniste principal, voir des relations entre personnages se faire, tu réalises que… non, en fait. Et d’autres personnages qui passent discrètement vont potentiellement prendre plus d’ampleur. Sans entrer dans les détails, dès le premier épisode, la série m’étonne par sa temporalité et le fait que tu ne saisisses pas bien qui est le véritable antagoniste. Parce qu’à part Dream, les personnages vus au premier épisode vont-ils vraiment durer dans le récit ? Et qu’en sera-t-il pour les personnages que nous allons découvrir tout au long de la série. Le fait de terminer le premier épisode sur un flou à base de “qui est le méchant”… mais aussi “qui est le gentil”, finalement, me plaît énormément. Rien n’est évident.

Qui est Lucifer ?

Un univers posé en petites touches

Autre point que je trouve follement intéressant : les règles de l’univers. Comme dirait Karim Debbache, dans un film, tu dois montrer ton histoire. Pas l’écrire sur un long carton ou faire intervenir un personnage qui va tout longuement expliquer, au risque de se montrer anachronique. Ou alors cette espèce de voix désincarnée qui pose un univers au début du film. Même si je l’aime bien dans les saga Snake Plikssen mais essentiellement parce que cette voix a les inflexions des voix futuristes comme on les imaginait dans les années 90. Maintenant, on ferait réciter le texte à la voix Google et c’est vraiment moins bien. L’univers de Sandman nous est expliqué par touche à travers les dialogues ou montré à travers l’action mais de façon subtile. On comprend comment il exerce ses pouvoirs et comment on le maintient prisonnier dans les sous-sols du Manoir Burgess. Mais pas de gros plan caméra abusé ou de longs dialogues inutiles. 

Sandman

Une série qui ne bavarde pas inutilement

Et d’ailleurs, à propos de dialogue. Dans ce premier épisode, toute la tension se concentre dans la captivité de Dream. On voit le père quémander un pouvoir, un cadeau divin, tandis que le fils réclame la clémence. On s’inquiète car on sait que plus Dream reste prisonnier, moins les gens victimes de “la maladie du sommeil” vont pouvoir être libérés. Et pour ma part, je m’inquiétais car Dream est attendue par sa majordome dont j’adore le style. Il fallait que ce soit dit. Les scènes de confrontation sont nombreuses sauf que… à aucun moment Dream ne parle. Face aux pressions des Burgess, il reste mutique et immobile. Les ignorant ou les regardant fixement, c’est selon. Alors que les écritures scénaristiques font souvent passer les tensions par des dialogues, parfois totalement creux, ici, tout passe par le regard et la tension des corps. Pas de bagarre où les protagonistes se tapent et s’expliquent en même temps. Non. Ici, on oppose le mutisme et l’immobilité à la tyrannie ou à l’anxiété. Dream se tient prêt à saisir la moindre occasion de s’échapper, semblant ignorer ses interlocuteurs. Seul la mort de son oiseau de compagnie le fera réagir. 

Lucienne et Dream

On va continuer de regarder !

Bref, après ce pilote réussi, nous avons lancé l’épisode deux qui semble proposer un petit peu plus de fantaisie. Si la quête de Dream semble grave, la série nous offre quelques scènes un peu plus légère avec quelques personnages secondaires assez surprenants. Et dans ces moments-là, je retrouve un peu de la magie de la saison 02 de Dirk Gently. Une série que j’avais adoré. Bref, pour une fois que je tombe sur une série que j’ai vraiment envie de regarder et pas juste en fond en faisant autre chose, je fonce !

Nina

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