Raconte moi des histoires

Pour bien raconter les histoires, il faut aussi savoir les écouter

Puis une sirène de police déchire le silence

La fin de saison approche. C’est le combat final entre le héros et son antagoniste. Un combat long, éprouvant, on ne sait pas s’il s’en sortira vivant. Plusieurs fois d’ailleurs, il manque d’y passer. Mais alors que tout semble perdu, il parvient finalement à prendre le dessus et met son ennemi hors d’état de nuire. Epuisé, il se laisse choir sur le sol pour reprendre son souffle et là, au loin une sirène de police retentit. Et je sors ma carte cliché ! Sur la sirène, oui.

Une sirène de police dans la nuit

Un cliché ultra répandu

La scène que je vous ai décrite précédemment, je l’ai vue dans des milliers de séries et téléfilms, voire même films. La scène qui m’a inspiré cet article, c’est la fin de la saison 01 du Punisher. Mais je l’ai croisée récemment dans le téléfilm Coaching mortel. Et quand un cliché me passe sous le nez, je dois en faire un article, c’est ma règle. Je suis la punisheuse des clichés. Cependant, le souligner, c’est bien. Le comprendre, c’est mieux.

Le punisher après le combat

Une sirène qui a un sens narratif

Car ce cliché n’est pas une simple fioriture auditive. Oui, attention, la sirène de police peut servir de petit son d’ambiance dans des scènes de ville. Souvent nocturnes pour montrer que, quand même, le quartier où se balade le héros ou l’héroïne est pas super sûr. Ou juste pour nous rappeler qu’on est en ville. Le bruit des sirènes, ça fait partie de notre quotidien. Mais là, non, il y a un sens, un vrai. Celui de la justice qui va prendre le relais.

Jessica Jones de nuit
Ma vigilante préférée

Se battre ou mourir

Souvent, notre héros ou notre héroïne badass va donc se retrouver directement aux prises avec le méchant ou la méchante de l’histoire et y a plus le choix. C’est se battre ou mourir. Parfois, on sait que la police a été prévenue et elle va arriver. Notamment dans Coaching mortel, l’héroïne a appelé la police. Elle n’a cependant pas eu le temps de communiquer l’adresse. Mais ça va, elle a passé le téléfilm à s’entraîner donc on sait qu’elle va s’en sortir. La sirène de police post grosse bagarre indique en gros deux éléments. Le héros ou l’héroïne s’est démerdé tout.e seul.e, merci pour lui ou elle, et là, la police arrive. La police n’a servi à rien pendant le climax final mais maintenant, elle va prendre le relais. Et pour cause : si la police était arrivée à temps, on n’aurait pas eu la fameuse scène de confrontation où l’antagoniste va raconter sa vie expliquant toutes les zones d’ombre du téléfilm. Ce qui permettra à notre personnage principal de se trouver une arme improvisée, au passage. Et puis si la police arrive à temps, on en fait quoi du suspense, hein ?

Twinsanity

Un outil à ellipses

Mais cette sirène au loin nous renseigne l’air de rien sur ce qui va suivre. A présent que notre protagoniste a réglé la question, la justice va prendre le relais. Et ça, ça n’intéresse personne. Au mieux, on aura droit à l’antagoniste très énervé.e qui va vociférer tandis qu’on le plaque sur un capot de voiture ou contre un mur pour lui passer des menottes. Cette sirène est un formidable outil à ellipse. De là, on peut sauter quelques mois plus tard pour nous raconter la happy end. Ca, c’est surtout dans les téléfilms. L’héroïne finit dans un état piteux, épuisée, sirène eeeeeeeeet… trois à six mois plus tard, elle est au top de la félicité, accroché au bas du joli garçon avec une carrière qui s’est envolée de façon remarquable.

Happy end

Une balance à trouver

En fait, l’administration, dont sa partie maintien de l’ordre, elle est souvent gênante dans une fiction. Si la police fait son travail sans que les protagonistes soient particulièrement impliqués, on n’a pas d’histoire. Mais on ne peut pas écarter totalement la justice. C’est tout le drame des scénaristes. Les histoires de justiciers et justicières qui vont botter le cul des êtres peu estimables, c’est sympa mais ce n’est pas légal. D’ailleurs, on a régulièrement le droit à des scènes de discussion tendue entre le protagoniste qui veut régler les injustices en 2*2 et un.e commissaire random qui lui explique que la justice, ça marche pas comme ça. Alors passe pour cette fois mais la sirène nous rappelle que faudra pas recommencer.

Jessica Jones et la police

Pas si idiot…

Je me moque souvent de clichés, surtout quand ils sont jetés en plein récit sans une once de réflexion. Mais pour le coup, celui-ci fait sens. C’est un raccourci scénaristique accepté et facilement compréhensible par tous. Pensez-y, la prochaine fois que vous entendrez une sirène de police.

(Chute un peu malaisante au vu de l’actualité, sorry) 

Nina

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