Je suis d’humeur à me moquer des clichés en ce moment. Et il y en a un que je vois pas mal passer en ce moment. Donc je saisis ma plume et c’est parti pour vous raconter ça. Aujourd’hui, nous allons donc causer des clubs interlopes genre ces lieux sulfureux, souvent libertins, où les héros échouent parfois un peu par accident. Et c’est inévitablement la même scène.

Sur la péniche coquine
Parlons de Suspectes, une saga de l’été débiiiiile que j’ai trouvée par hasard sur Youtube. Je dois en faire un truc de cette saga parce qu’elle est à la fois magique… et un peu crispante. Surtout sur sa dimension “on tue des animaux dans des moments comiques”. Heu… non ? Bref, série très clichée, c’est vraiment son ADN. A un moment, Claude, une des suspectes, se rend sur une péniche mystérieuse genre boîte un peu sulfureuse avec lumière rouge et femmes qui se roulent des pelles à l’entrée. Bon, bah, voilà, vous avez le cliché. Les clubs interlopes, c’est lumière rouge et gens, parfois de même sexe, qui se roulent des grosses galoches.

Une scène vue mille fois
J’ai également croisé cette scène dans le film Another End. Un film plutôt original en soi, j’ai été un peu surprise de retrouver un tel cliché. En suivant son lapin blanc, Sal se retrouve devant un club avec une lanterne rouge. Alors pour l’amour de l’anecdote, la lanterne rouge vient des maisons closes qui avaient ça sur leur devanture pour signaler leur activité. Bref, je le vois se diriger vers ce club surmonté d’une lanterne rouge et je soupire. Allez, c’est parti pour la scène vu 10 000 fois d’un mec qui n’est pas familier avec ce genre d’univers, qui va se promener un peu à droite, à gauche. Mi-gêné, mi voyeur. Il y a des gens qui se roulent des pelles, souvent deux femmes. Une strip-teaseuse un peu molle aussi, tout ça est très langoureux. Et la lumière rouge.

Regarder les gens baiser en arborant un air indifférent
Cette scène est partout. Dans Medusa, Barbara se balade dans ce genre de club pour surprendre son oncle en pleine orgie avec un homme. Il y avait un film français qui se voulait très trash aussi, Une affaire privée. En gros : Thierry Lhermitte est un détective privé qui doit retrouver une jeune fille disparue incarnée par Marion Cotillard. Evidemment, la jeune fille a un passé trouble et Lhermitte se retrouve à se promener dans un bar interlope à regarder des gens qui baisent d’un air froid mais un peu excité quand même.

Jeunes filles s’encanaillant
Le grand classique, ce sont vraiment les pelles lesbiennes. Ou juste des hétéros qui s’encanaillent. Typiquement : Megalopolis. Au début du film, l’héroïne, Julia, est montrée comme une jeune fille un peu dévergondée qui sort en club. Elle semble très amie avec Clodia avec laquelle elle joue l’ambiguité, s’amusant par exemple à souffler sa fumée de cigarette dans la bouche de son amie. Waaah, torride… Megalopolis est intéressant comme exemple de l’utilisation du club interlope pour illustrer ses propres fantasmes. Papy Coppola a été plus que cringe sur le tournage de cette scène-là… Pour instaurer l’ambiance, paraît-il.

Un homme s’avance et regarde
Vous voyez maintenant la scène : le héros, car c’est quasiment toujours un homme, entre dans le club. Lumière rouge. Des femmes se roulent des pelles appuyées contre le bar, parfois les seins nus ou quasi nus. L’homme avance et il va voir : quelqu’un qui prend de la coke, une ou plusieurs strip-teaseuses qui se secouent très lentement. Et, potentiellement, un couple qui baise langoureusement un peu en flou, au fond. Souvent à genou, l’un derrière l’autre. Parfois, gros plan sur le visage de celui de devant qui capte le regard du visiteur et s’en fout d’être vu en plein ébat. Voire même, ça l’excite. Cette scène, vous l’avez vu des dizaines, voire des centaines de fois.

Le sexe pour le sexe, c’est sale
Le monde de la nuit fascine. Enfin, surtout les clichés du monde de la nuit. Ca rajoute un peu de soufre à moindre frais dans un film. Souvent, ça salit l’image virginale d’une héroïne qui n’est finalement pas si propre et sage qu’on aurait aimé le croire. Mais surtout, cette passion des clubs interlopes nous donne une image sale du sexe pour le sexe. Il y a un jugement de valeurs, peut-être pas forcément conscient, dans ces scènes qui ont toujours un parfum racoleur.

Est-ce que tu as vraiment besoin de ce cliché ?
Bref, si dans votre fiction, votre personnage va soudain se balader dans un club sulfureux, pensez-y à deux fois. Est-ce vraiment nécessaire ? Ou vous êtes tombés dans le cliché que j’appellerais “Paris Dernière”. Emission disparue depuis 9 ans, déjà… Car oui, ces clubs interlopes existent. La lanterne rouge, y en a une juste à côté de la gare de Bordeaux, par exemple. Mais ils ne sont pas aussi mystérieux et troublants que ce qu’on aime nous raconter. Au pire, écrivez la scène dans votre coin et paluchez-vous dessus si ça vous fait plaisir. On y gagnera tous.