Je me plains régulièrement de ça dans les comédies romantiques mais c’est vraiment un trope que je ne supporte pas. J’ai déjà parlé de l’héroïne gourdasse qui ne sait pas marcher sans tomber. Là,, j’ai découvert un nouveau stade de ridicule puisque l’héroïne ne se contente pas d’être maladroite, hihi. C’est toute sa vie qui est pitoyable et je… vraiment ? Est-ce qu’on peut avoir un peu de subtilité, please ?

Un personnage ridiculisé en permanence
Critique de “Je peux très bien me passer de toi” de Marie Vareille, épisode 4. Pour rappel : se moquer d’un cliché ne légitime pas son utilisation. Episode 2 : Jeunes filles en fleur et littérature anglaise. Volume trois : le personnage qui est soudain amoureux alors que ça n’a aucun sens. Ah et puis j’en parlais dans l’écrivaine face à la page blanche aussi. Mais les clichés ne sont pas terminés, non, non. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur Constance. La loseuse de la bande. La petite grosse très maladroite et ridicule mais Marie Vareille n’arrête pas de nous dire que Constance est quand même très jolie, dynamique et intelligente. Et je pense que cette version positive de Constance que l’on ne voit qu’à travers les yeux de son amie Chloé, cette version n’est là que pour essayer de doser la kilotonne de clichés qui la rendent ridicule.

Cheffe de produits pour produits d’hygiène intime, huhu
Déjà, Constance est chef de produit ou un truc du genre pour des serviettes hygiéniques et tampons. Ohlala, pfff, la honte. Y a pas pire à part le PQ, ahahah. Alors déjà, au vu du type de boîte dans laquelle Constance est censée bosser, elle doit palper un peu. Elle a d’ailleurs des compétences intéressantes, notamment celle de parler couramment anglais. Au point d’ailleurs qu’elle se retrouve en position pour choper un poste dans une filiale à Londres. Déjà, je sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de mesurer le niveau d’anglais de pas mal de Français, c’est précieux. Et je m’intègre dans le lot des “pas ouf en anglais”. Mais vu que les autres sont encore plus nuls, je fais totalement illusion. Bref, on a une héroïne qui a une carrière mais il faut qu’elle déteste ça. Certes pour enclencher ses péripéties à Londres mais bon sang, était-il obligatoire de pousser le curseur du ridicule aussi loin ? Et croyez pas que c’est moi qui juge les serviettes hygiéniques et tampons. En tant que personne menstruée, j’en ai acheté des tonnes. Avant de passer aux culottes de règles qui ont changé ma vie. C’est le roman qui rend ça ridicule. “Non mais tu vas pas bosser dans les serviettes hygiéniques et tampons toute ta vie, huhuhu”.

Smartbox pour une personne
En parallèle, Constance vit seule et Marie Vareille va appuyer là-dessus avec force. Déjà, pour notre première rencontre avec Constance, nous la découvrons à un cours d’oenologie. Seule. Alors qu’elle avait un bon pour deux mais vu qu’elle est célibataire, tu comprends… Alors déjà, point un, si tu dois attendre d’être en couple pour vivre et faire des trucs, c’est que tu n’as pas la bonne mentalité. Point deux, tout au cours du roman, on a vu que Constance avait des amis. Pas uniquement Chloé qui est certes fort égocentrique. Je pense qu’il ne sera pas trop dur de trouver quelqu’un pour t’accompagner pour un cours d’oenologie. Point trois : qui offre ça à une meuf née dans le Bordelais et qui a grandi à Langon au milieu des vignes ? Encore une smartbox à la con, le pire cadeau. Et pas juste parce que ça file de l’argent à un milliardaire d’extrême-droite.

Je vis seule avec mes biscuits
Bref, Constance se sent loseuse. Le soir, elle rentre dans son minuscule appart pour se gaver de biscuits ou de chocolat en lisant du Jane Austen et en soupirant après un amour impossible. Oui, notez qu’ici, la fameuse Häagen-Dasz est troquée pour des aliments moins froids mais sinon… D’ailleurs, fun fact, le poste qu’elle brigue à Londres, c’est pour être cheffe de produit biscuits. Ouah, toutes ces passions réunies : Londres, Jane Austen, les biscuits, hihi. Bon après, je dis ça, moi, j’adorerais être cheffe de produits glace ou thé. Dans un univers où je n’ai pas une haine viscérale de tout ce qui touche de près ou de loin au marketing. Donc en résumé, Constance vit dans une cage à lapins à rêver d’une vie qu’elle n’aura jamais en cultivant son embonpoint à grand coup de biscuit ou chocolat. Là encore, le jugement de valeur ne vient pas de moi. Déjà parce que j’ai trop connu ce petit plaisir de rentrer chez moi pour glander en grignotant un truc bon pour le palais et pas pour la ligne. C’est la façon dont tout ceci est décrit parce qu’à un moment, il faut un point de rupture. Un moment où Constance se dit “enough is enough”.

Une fille totalement transparente
Comme si ça ne suffisait pas, Constance est transparente. On va voir Constance dans plusieurs circonstances de drague. On pourrait résumer ça à “le mec qu’elle drague s’intéresse plus à sa copine qu’à elle”. Deux fois. Et quand elle chope un mec, à Londres, il est totalement torché et y a tout une scène de dispute qui se déclenche car, hey, c’est le mec de sa logeuse. Oupsie. Je rappelle que Chloé n’arrête de pas de dire que sa pote est trop jolie, intelligente… alors que le roman ne semble pas nous raconter ça du tout. Intelligente, oui, malgré une certaine immaturité. Mais jolie alors que les mecs ne la voient même pas ? Ca ne semble pas être le point de vue de l’autrice en tout cas.

Une meuf qui ne gère rien
Sur ce dernier point, je ne vais pas m’avancer sur les intentions de Marie Vareille parce que ce n’est pas clair. Elle a créé Chloé et Constance sur le modèle Carrie Bradshaw et Bridget Jones. La version Carrie dans la maison de campagne d’Aidan, voyez ? Et si on n’avait pas compris pour Bridget Jones, il me semble que la conquête anglaise de Constance ressemble à Hugh Grant. Sauf que si Bridget était souvent ridicule, elle concluait quand même avec deux beaux garçons. “Ronde mais jolie”, validé… Quoi que pardon mais dans le roman, elle pète un câble quand elle pèse 59 kg. Mais à moins de mesurer 1m03, aucune femme n’est grosse à 59 kg. Constance n’est jamais la femme de la situation. Transparente aux yeux des hommes, toujours les yeux fermés sur les photos. Et quand elle gère bien, comme l’entretien à Londres, elle panique et gâche tout.

Quand tu abuses sur le ridicule, tu perds en crédibilité
Alors peut-être que Marie Vareille a voulu atténuer la superbe de Chloé. Peut-être qu’elle a voulu raconter que les filles grosses peuvent finir avec un simili prince charmant. Là aussi, la version “d’abord, je l’aimais pas” mais en plus, le personnage est absolument inexistant. Ce qui ne m’a pas empêché de capter que ce serait lui, le prince de Constance, et ce dès les premières pages. Qu’un personnage se retrouve dans une situation ridicule, ok. Que celui ou celle qui n’a pas vécu de grands moments de gêne lève la main… Personne, voilà. Mais il faut doser. A ridiculiser ton personnage en permanence, ça fait juste perdre en crédibilté. Et ça m’interroge vraiment sur les intentions de l’autrice sur ce personnage.

Fin de l’analyse des clichés
Bref, j’ai terminé la liste des clichés dont je me souviens. Même s’il faudra que j’écrive un jour un article sur le délire “L’amour est dans le pré” présent dans beaucoup, beaucoup de comédies romantiques. La mue, certes, mais tu peux la faire en ville, ta mue. J’ai cependant encore deux articles dans ma besace. Et après, on parlera telenovela.